mercredi 22 mai 2013

[Post Scriptum n°17] Quelle est la différence entre un cochon et François Hollande ?



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Comme le cinéma ce n’est pas forcément toujours
que de la fiction, il s’agit parfois de se pencher sur la production documentaire exploitée en salles pour dénicher des films tout à fait dignes d’intérêt… En ce moment par exemple, on peut
passer d’une usine où l’on découpe les cochons et les poulets vue depuis l’« Entrée du personnel » à l’exercice du « Pouvoir » par le Président de la République actuellement en fonction : le «
pépère » François Hollande…

On évitera de faire des rapprochements douteux entre un cochon mené à l’abattoir et un Président sommé de satisfaire tous ses cons de citoyens, mais les deux films proposent néanmoins chacun à
leur manière une véritable démarche politique… Si « Entrée du personnel » possède une sincère compassion à l’égard de la classe ouvrière détruite – à la fois psychologiquement et dans sa chair –
par les cadences infernales du travail à la chaîne ou la manipulation incessante et indécente de ces carcasses animales à donner la nausée (et l’envie de plus en plus pressante de devenir
végétarien !), « Le pouvoir » semble dresser en filigrane le récit d’une imposture, celle d’une « gauche » n’existant au fond que dans l’illusion des
la conquete
discours et d’une communication s’étant définitivement
suppléée à toute action réelle…

Probablement frustré de n’avoir pu que scénariser sous la forme d’une fiction le mandat présidentiel de Sarkozy (dans "La conquête" de Xavier Durringer), Patrick Rotman réalise avec « Le Pouvoir » un exploit
tout à fait inédit dans l’histoire politique française : filmer au plus près l’exercice du pouvoir, au sein même de l’Elysée et des réunions de com’ du Président en personne ! Mais si un tel
documentaire aurait marqué sous le ‘règne’ de Sarkozy (en présentant un président méprisable et expéditif, dérapant en permanence et insultant avec fracas tout son entourage professionnel), il
n’est plus que vision molle et peu glorieuse de la présidence « normale » avec Hollande… Trop de blabla, trop de mollesse, trop de politesse, un manque de personnalité évident (le ‘Flamby’ dit
bonjour aux gens à peu près avec autant de charisme que moi, que généralement on n’entend pas, c’est dire !), le film de Rotman, en-dehors d’une ou deux petites piques qui font rire un peu jaune
sous l’éclairage de l’actualité (Hollande et un conseiller qui se gargarisent d’un discours de Jérôme Cahuzac, par exemple), dessine finalement la sorte de « politique du vide » instaurée depuis
environ un an en France…


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Outre son discours sans
concession contre des méthodes de travail monstrueuses, « Entrée du personnel » saura de son côté parler aux cinéphiles à travers de belles idées de mise en scène… Certaines séquences du film,
par la répétition incessante du découpage de la chair, confinent notamment au cinéma d’horreur. La terreur s’amplifie à travers les parallélismes établis entre la souffrance animale et celle des
employés des usines présentées… L’emploi de voix d’acteurs, pour protéger les véritables travailleurs ayant accepté de témoigner pour le documentaire, participe aussi à la déréalisation de la
violence ordinaire présentée par le film. Et puis il y a cette très belle idée de la réalisatrice Manuela Fresil, celle de faire mimer dans le vide par les employés les gestes mécaniques qu’ils
réalisent sans interruption sur la chaîne de travail, à laquelle ils demeurent justement pieds et poings « enchaînés »… édifiant !



Perspectives :



- La conquête, de Xavier Durringer



- L’exercice de l’Etat, de Pierre Schoeller



- Le candidat, de Niels Arestrup



- Le président, d’Yves Jeuland



- DSK, Hollande, etc. (v. 1), de Julien Brygo,
Pierre Carles, Aurore Van Opstal































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