dimanche 10 février 2013

[Critique] Bad Taste, de Peter Jackson



bad taste
(Nouvelle-Zélande, 1987)



Le Jour du Saigneur # 102




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Hallucinant film que ce « Bad Taste », tout premier long métrage de Peter Jackson, réalisé avec des bouts de ficelle et surtout une audace folle, autant dire à mille années lumières de la
rutilance toute académique de ses dernières réalisations, telles que « Le Seigneur des anneaux » ou « Le Hobbit ». On ne peux évoquer ce petit chef-d’œuvre de la série Z sans
commencer par dire quelques mots des circonstances de sa production complètement délirante et décalée : tourné sur quatre ans et uniquement les week-ends (pour arranger toute l’équipe qui
travaillait pendant la semaine), bricolé sans argent et presque sans script, « Bad Taste » devait être à l’origine un simple court-métrage pour délirer entre potes (ceux de Peter Jackson, donc…),
avant de prendre de l’ampleur au fil des semaines et des années et de devenir le long que l’on sait…

Rien que le synopsis font de « Bad taste » une bande éminemment « tripante », au propre comme au figuré d’ailleurs… Une bande d’amis découvre que jour_du_saigneur_bis.jpgdes extraterrestres – déguisés en êtres humains – ont fait disparaître les habitants d’une petite ville de Nouvelle-Zélande et décide de
les prendre en chasse pour les exterminer. Tout devient plus déviant encore lorsque l’on apprend que les aliens récupèrent les humains pour alimenter leur chaîne de restauration spatiale en
viande ! Il est donc bien question de « goût » (« taste » en anglais) dans ce film, même si le « mauvais goût » annoncé par le titre, bien plus que dans son histoire improbable, explose dans une
mise en scène bien dégueulasse, des effets spéciaux bien cradingues et un humour potache de cour de récré…

Si le rythme trépidant du film n’est pas toujours soutenu d’un bout à l’autre, il se révèle tout de même bien communicatif, tant les acteurs et le réalisateur (qui est en outre lui-même acteur !)
se démènent avec conviction sous nos yeux souvent incrédules… Course poursuite à la « Benny Hill », mitraillage absurde et ludique, dégustation de vomis extraterrestre (contre toute attente très
bon, apparemment…), maison qui s’envole comme une soucoupe volante, aliens à la tête de cul : l’équipe de tournage ne recule devant aucune limite, même celle du bon goût ou de la vraisemblance,
pour livrer une histoire rendue irrésistible grâce à un non-sens définitivement culte ! L’esthétique aléatoire et carrément fauchée de l’image ajoute autant à l’amateurisme guilleret qu’à la
bienveillance que l’on a à regarder cette pochade potache qui ne prétend être rien d’autre qu’un divertissement improvisé mais communicatif et réellement appréciable… Peter Jackson multiplie les
astuces bon marché et les trouvailles diverses, entre humour pipi-caca et gore qui tâche, qui dessine déjà les contours de ses films suivants, notamment le chef-d’œuvre de l’horreur parodique
qu’est « Braindead », mais qui laisse aussi songeur sur la suite de la carrière du
cinéaste : comment un esprit aussi inventif a pu être à ce point corrompu par le pouvoir de l’argent pour ne devenir qu’un faiseur de « blockbusters » sans imagination ?



Autres films de Peter Jackson :



Braindead (1992)



Créatures célestes (1995)



Lovely bones (2010)































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