samedi 9 février 2013

[Critique] Alps, de Yorgos Lanthimos


alps.jpg(Grèce, 2011)



Sortie le 27 mars 2013




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Pour le cinéaste Yorgos Lanthimos, « l’idéal [pour le public d’« Alps » avant de voir le film] serait de ne rien savoir, [car] la plupart du temps, si l’on est incapable de faire abstraction de
tout ce que l’on croit savoir d’un film, de le découvrir seconde par seconde et d’oublier que l’on est dans une salle de cinéma, l’expérience est fichue. « Alps » est construit de manière à se
révéler très progressivement. Le mieux est de tout y découvrir par soi-même, quitte à se rendre compte de certaines choses bien après la fin de la projection. » Si vous souhaitez respecter sa
volonté, alors ne lisez pas plus avant ces lignes, qui voudraient qui plus est vous suggérer exactement le contraire… Car il paraît bien difficile de se présenter vierge devant un film comme «
Alps », tant celui-ci peut paraître hermétique au point de laisser le spectateur parfaitement hébété et dubitatif en fin de bobine ! Et même en sachant deux ou trois choses sur le long métrage
avant, il se peut que de sérieux doutes subsistent sur le sens de tout ce que l’on a pu voir…

En parcourant un peu l’entretien de Lanthimos présent dans le dossier de presse, on peut s’apercevoir que ses méthodes de travail sont très particulières et inhabituelles, et que tout peut par
exemple changer entre l’écriture du scénario et le moment du tournage… S’il prétend que le scénario « doit être le plus complet possible », on est néanmoins en droit de se poser quelques
questions à la vue du résultat, plutôt abscons et obscurément écrit ! Si l’on comprend grosso modo que « Alps » est le nom d’un groupuscule d’individus proposant de se substituer à des personnes
mortes, le reste apparaît comme un grand flou artistique dans lequel on a vite fait de se noyer… A propos de flou d’ailleurs, cette manie du réalisateur de laisser de façon récurrente des scènes
entières illisibles, en faisant le point sur un élément mineur de l’avant plan et en nous empêchant finalement de voir nettement ce qui se passe à l’écran, est plutôt dérangeante et décourageante
pour le spectateur, bien qu’elle fasse certes parfaitement sens…

Tout est un peu à cette image dans « Alps » : une mise en scène prouvant sans équivoque l’extrême talent d’un grand auteur, qui a pensé et mûrement réfléchi ses images, mais offrant en pâture au
spectateur un spectacle déconcertant et imbitable, quand il n’est pas tout simplement pénible et chiant… Si les acteurs sont remarquables dans des compositions tout en étrangeté, si un certain
humour décalé peut nous réveiller ici et là (un membre du groupe s’entraînant à imiter le chanteur Prince, jusqu’à ce qu’on lui dise que celui-ci n’est en fait pas mort…), on reste cependant
partagé entre une esthétique passionnante et un résultat plutôt vain au final… Le tout finit par sentir un peu la pure fumisterie, ce que la note d’intention du long métrage, qui prend la forme
des « 15 règles du groupe Alps » écrites bien après le tournage du film, tendrait finalement à confirmer ! S’il n’avait pas autant théorisé et conceptualisé son art, le cinéaste grec nous aurait
pourtant certainement passionné, tant il avait là matière à le faire… C’est d’autant plus regrettable que « Canine », son précédent film, s’était montré si furieusement intelligent et si subversivement
captivant !



Perspective :



- Canine, de Yorgos Lanthimos































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