jeudi 12 juillet 2012

[Critique] Holy Motors, de Leos Carax



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(France, 2012)



Sortie le 4 juillet 2012




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« Il n’y a jamais aucune idée au départ d’un projet, aucune intention. Mais deux trois images et sentiments, que je monte ensemble ». Cette déclaration de Leos Carax pourrait résumer à elle seule
tout son cinéma… Chacun de ses films est comme une invitation au voyage et à la poésie, une exaltation permanente des sens et de l’imagination ! Avec « Holy Motors », Leos Carax semble arriver à
une forme de synthèse, voire d’aboutissement, de ses « non intentions »…

Si l’on peut être profondément déconcerté à la vision d’« Holy Motors », c’est parce qu’il ne ressemble à aucun autre film connu. Il appartient à ces films qu’il s’agit de vivre comme des
expériences, en se laissant porter par leur originalité et leur personnalité unique… En un peu moins de deux heures, le film de Carax nous fait traverser par le biais de son acteur principal une
multitude d’histoires enchâssées les unes dans les autres avec pour seul fil conducteur le trajet d’une limousine sur la route… Denis Lavant, acteur fétiche du cinéaste, passe ainsi de rôle en
rôle, de transformation en composition sidérante, sous nos yeux ébahis : Monsieur Oscar (conduit par la formidable Edith Scob dans sa limo), un banquier, une mendiante, un père, Monsieur Merde
(un être qui dévore tout sur son passage, déjà vu dans le film à sketchs « Tokyo »), un tueur et le tué… L’acteur peut tout jouer et affirme par là même l’essence même du film : le cinéma et ses
multiples avatars !

« Holy Motors » apparaît ainsi comme un « film monde » capable de contenir tous les cinémas possibles, tous les rôles, toutes les émotions et tous les sentiments… Leos Carax mène son film à toute
allure avec un désir de création constant et acharné, un peu comme si celui qui a toujours eu un mal atroce et douloureux à monter ses films (seulement cinq long-métrages en trente ans !) avait
une nouvelle fois peur de ne plus pouvoir faire de cinéma avant longtemps… Faire son film comme si c’était le dernier : acte pur et absolu de l’artiste maudit !

En cinéaste poète, Carax ponctue également son œuvre de fulgurances incroyables, qui se révèlent souvent des métaphores de la création et de sa place dans le monde… Le film s’ouvre par une
séquence où l’on voit le cinéaste lui-même passer dans un même plan d’une chambre à une salle de cinéma, dans laquelle les spectateurs paraissent fermer les yeux : incarnation de la peur de ne
pas être vu pour celui qui fait des films ? ou de ne pas être compris ? « La beauté est dans l’œil de celui qui regarde, alors si plus personne ne regarde ! », entend-t-on dans le flux d’images
et de sons… Le héros aux multiples rôles incarne à un moment un acteur qui joue avec des capteurs pour les besoins d’un film numérique : le passage du réel au virtuel, mais aussi de la pellicule
à la projection numérique (la disparition du « holy motor », justement, ce doux ronronnement de la cabine de projection), semble hanter les errances du metteur en scène… Un peu plus loin, Kylie
Minogue regarde le Pont-Neuf depuis le toit de la Samaritaine : écho mélancolique à une carrière de cinéaste foudroyée en plein vol pour Leos Carax, à l’époque des « Amants du Pont-Neuf »… Une
vision pleine d’humour de la vie, enfin, lorsque les limousines rentrent au garage et discutent entre elles après le départ de leurs chauffeurs, avec l’angoisse de bientôt être remisée pour
toujours… A l’instar de « Cosmopolis » de David Cronenberg, l’habitacle de la
limousine semble être le lieu de l’intimité pour l’individu, lieu de l’être soi, en dehors duquel il est condamné à incarner des rôles : métaphore de l’acteur, certes, mais aussi de chacun de
nous, n’étant jamais tout à fait lui-même et pouvant être autant de personnes possibles en fonction de l’endroit où il se trouve ou des êtres qui l’entourent… « Holy Motors » comme un « film
monde » en effet, métaphore du cinéma tout autant que métaphore de la vie !































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6 commentaires:

  1. C'est surprenant que ton avis soit  " posé " car de tout ce qu'ai pu lire ailleurs, Holy Motors divise, de chef d'oeuvre à absurdité.


    Moi je reste pour l'instant sur Pola X avec Guillaume, qui m'a tellement fait souffrir au visionnage, mais dont je garde un souvenir intact.

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  2. Un film assez ennuyeux pour ma part qui ne correspond pas du tout à l'idée que j'aime me faire du cinéma. Fort heureusement, dans sa grande diversité il en faut pour tout les goûts. C'est pas ma
    came voila tout la prochaine fois j'aurais qu'à passer mon chemin ;-)

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  3. Juste "très bien" ? Meuh non, c'est "brillant", voire même presque un "chef d'oeuvre", même si le mot est galvaudé ^^

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  4. Non je n'crois pas. C'est lié à Guillaume et non pas au film. Mais maintenant c'est pour tout ses films, donc je vais m'abstenir.


    Et pis Carax n'est pas le genre à protéger ses acteurs d'eux mêmes.

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  5. Les méandres de l'art vu par Carax a de quoi envouté mais ça reste un film trop froid et aseptisé pour créer l'émotion... 1/4

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