mercredi 18 janvier 2012

[Critique] J. Edgar, de Clint Eastwood



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J. Edgar, de Clint Eastwood



(Etats-Unis, 2011)



Sortie le 11 janvier 2012



Note :
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L’utilisation du prénom d’un personnage historique en guise de titre à son « biopic » n’a bien évidemment rien d’innocent : même s’il retrace une large partie de la vie publique de Hoover à
travers l’histoire des Etats-Unis, en particulier dans son acharnement à transformer le FBI en agence fédérale incontournable pour son pays, le film de Clint Eastwood semble pourtant surtout
insister sur l’intimité du personnage, sa part d’ombre et ses secrets les mieux gardés, qui d’habitude ne sont guère mentionnés dans les livres d’Histoire… Il est amusant de voir ainsi décrit «
J. Edgar » comme un fouineur acharné pour déterrer les secrets des grands noms du siècle qu’il traverse (et de les consigner dans des « dossiers secrets »), alors même qu’il cache au fond de lui
une homosexualité latente, élément peu glorieux en ce temps-là qui aurait pu ruiner sa vie et sa carrière si quelqu’un en avait eu connaissance…

En le présentant presque comme un enfant extrêmement lié à sa mère (bonjour la psychanalyse primaire, notamment quand Hoover enfile la robe de maman après le décès de celle-ci…), Eastwood prend
le risque de rendre émouvant et sensible un homme qui a pourtant œuvré à brider l’opinion publique (sa lutte acharnée contre le communisme) et à durcir la sécurité de sa nation avec des lois en
partie liberticide… En humanisant ainsi un véritable monstre politique, le cinéaste joue la carte de la manipulation idéologique envers son spectateur ! Mais il fait ça avec un tel talent et une
telle virtuosité que l’on se laisse berner avec plaisir, car après tout cela reste du cinéma... Le film traverse notamment l’Histoire en multipliant les allers-retours temporels avec une maestria
qui ne nous laisse aucun répit, et l’on se laisse prendre alors dans une intrigue romancée et romantique qui dresse le portrait d’un homme qui comprendra au final que rien ne compte plus que
l’amour en ce monde, bien plus que celui d’une figure majeure de l’Amérique !

Les traits – tantôt juvéniles, tantôt vieillis par des prothèses un peu gadget – de Leonardo DiCaprio, plus talentueux que jamais, capable de faire oublier le masque pour sauver une
interprétation excellente de bout en bout, nous aide à aimer cet homme, dont la fidélité en amitié ou en amour (la même secrétaire et le même amant / bras droit toute une vie durant) rend tout
bonnement son destin admirable et enviable ! La mégalomanie grandissante et la fâcheuse tendance à déformer la vérité du personnage pour toujours se donner le beau rôle finissent au fond par
faire illusion et par rendre la manipulation imposée par Clint Eastwood acceptable : le cinéaste et le personnage ne font alors plus qu’un, tous deux imposant une même constance, qu’il s’agisse
d’ailleurs d’amour ou de cinéma…



 



Autres films de Clint Eastwood :



- Au-delà (2011)



- Gran Torino (2009)



- Invictus (2010)































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11 commentaires:

  1. Critique intéressante, moi sur les deux heures, j'en ai quand même eu un peu marre du côté trop intimiste du film. Surtout qu'on repprochait selon un livre d'histoire dont je ne sais plus le
    titre, à J, Edgar Hoover de recruter seulement de "bon catholique" dans les membres du FBI. Ce qui était plutôt étrange si on se laisser bercer par le film.
    Je ne sais toujours pas s'il était vraiment homosexuel (cinéma oblige), mais, ça en serait intéressant avec les paradoxes de ce personnage.


    Pour la scène avec la robe, j'ai pensé à Psycho... C'était plutôt grossier comme parallèle et c'est sans doute ça qui m'a déçu dans l'intimité. Peut-être qu'on en faisait trop sur
    l'homosexualité. Peut-être aussi qu'on insistait pas suffisament sur la dangerosité de diriger une agence pendant 48 ans. Les côtés qui n'ont pas été exploités : la durée du mandat, les chantages
    éventuels des mafias, sa sexualité trouble pour l'opinion publique, etc.


    Mais ça reste un bon film pour moi, un peu long quand même sur la fin... Parfois trop cliché. On est habitué à mieux de la part de Clint, ce film ne sera sans doute pas son plus grand chef
    d'oeuvre.

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  2. Un sacré portrait de personnage. J'ai vraiment aimé. Je ne vois pas de manipulation de la part d'Eastwood. Au contraire, il conserve sa pudeur légendaire.

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  3. Tout est dit oui !


    Je trouve que le passage "s'habille comme sa mère" était de trop, mais comme d'habitude chez Clint Eastwood, la sobriété et le jeu d'acteur donne à ces facilités une couleur authentique (presque
    agaçante dans ce cas là ^^).


    Beaucoup aimé cette fin (même si attendue), sur la manipulation du personnage etc, et la fluidité de l'ensemble comme tu le dis bien au niveau des flash back.

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  4. Presque hagiographique, oubliant parfois un peu trop la part sombre et publique du personnage. Je n'ai pas par conre trouvé les aller et retour dans l'histoire toujours très réussit (les
    transitions tout du moins).


    Pour le reste, c'est mieux que Au Delà, plus intérèssant mais franchment, ça manque franchement de peps.

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  5. papa tango charlie22 janvier 2012 à 01:23

    j'ai bien aimé malgré la longueur du film: 2h et quart sans sexe ni violence, que du narratif! la seule chose ratée sont peut être les masques de vieillesse (surtout celui de Clyde, ça me faisait
    penser au grand père dans le massacre à la tronçonneuse d'Hooper). J'ai aussi beaucoup ri avec l'histoire de chouchou, avec sa robe à cerceau et son bonnet à fleur ^^ 

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  6. Je constate que tout le monde, comme moi, souligne la lenteur et la longueur bavarde d'un film qui n'arrive pas à se positionner. Comment rendre sympathique un névrosé détesté de tous. Il me
    semble en effet que l'angle de l'homosexualité refoulée aurait pu être mieux exploité, autrement qu'à vouloir adoucir le portrait à tout crin. Pas encore le chef d'oeuvre d'Eastwood tant
    espéré. Ca commence à faire long.

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  7. Après son râté complet "Au-delà" Eastwood déçoit encore malgré une qualité bien supérieur. La forme est excellente mais le fond est mou du genou ; l'homosexualité de Hovver on s'en moque bien !
    Où est passé le fond avec les vraies zones d'ombres et les dossiers historiquement plus intéressants ?! Les acteurs sont impeccables mais ça reste un peu vide... 2/4

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  8. Je trouve ta critik juste, Clint dresse le portrait d'un homme dans toutes ses dimensions sans le sublimer. Mais j'attendais + de context historik ke d'intime. Le film ne m'a pas déplu, mais ne
    me markera pas. ( il me mank une lettre sur mon clavier, devine lakelle ..! ^^)

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  9. Il faut faire attention avec des films sur des personnages historiques. Ce ne sont pas des documentaires, mais des oeuvres dans lesquelles le réalisateur met son affect. Un cinéaste n'est donc
    pas un historien.

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