dimanche 30 octobre 2011

[Critique] Street Trash, de Jim Muro


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Street Trash, de Jim Muro (Etats-Unis, 1987)



Note :
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On peut dire que « Street Trash » adhère parfaitement à son titre : ça se passe dans les rues les plus crasses et sordides de New York, dans des bas fonds où évoluent la faune perverse et destroy
des clochards… C’est donc à la fois « Street » et complètement « trash » ! Unique film de Jim Muro, celui-ci le renia avant d’entamer une brillante carrière de steady-camer à Hollywood (il a
notamment travaillé avec Scorsese et Cameron !), ce qui n’empêcha pourtant pas à « Street Trash » d’accéder au statut très prisé de film culte !

Le décor du film se situe quelque part entre le cinéma fangeux de John Waters et la littérature de Samuel Beckett : les clochards y sont montrés comme des rebus d’humanité qui vivent
littéralement dans une décharge… En gros, ils croupissent dans leur merde, et tout le film procède par une accumulation de séquences « trash », dans un mélange hallucinant de pipi, de pet et de
vomi. « Street Trash » décrit un « univers sale », où règne la méchanceté gratuite et le mauvais goût. Les coups bas et les menus larcins se multiplient à l’écran, voire même des meurtres, dans
cette jungle urbaine où domine la loi du plus fort ! Au milieu de tout ça, un commerçant va mettre en vente pour de l’alcool à bas prix toute une caisse de bouteilles mystérieuses qu’il a
retrouvé au fond de sa cave, en faisant son « ménage de printemps » si l’on peut dire (mais on sait plus de quelle année datait son dernier printemps exactement) : bien sûr, c’est une aubaine
pour tous les clodos du quartier… sauf qu’une seule gorgée de ce breuvage vous liquéfie instantanément et littéralement tout le corps ! C’est là que de charmants effets spéciaux entre en jeu,
plutôt soignés pour l’époque, que l’on pourrait qualifié de « gore arc-en-ciel », tant le sang est remplacé par du liquide bleu ou jaune, donnant un cachet presque « multicolore hippie » à
l’image. Par ce procédé, le réalisateur cherchait avant tout à contourner la censure afin d’éviter un classement trop sévère à son film, qui l’aurait condamné à une exploitation trop
confidentielle…

Mais « Street Trash » n’est pas seulement sale, glauque et violent, il reste également traversé par un humour hilarant et salvateur, qui imprime à l’écran la patte de son metteur en scène. Si les
clochards sont des gros dégueulasses, il faut ainsi observer avant tout qu’ils ne manquent pas d’être de sérieux boute-en-train, toujours à essayer de s’amuser… à leur façon bien sûr ! En
témoigne notamment une séquence ahurissante, au cours de laquelle un pauvre hère se fait trancher le sexe alors qu’il est en train d’uriner. Ses petits camarades se mettent alors à se lancer le
pénis coupé de main en main, et son propriétaire de courir pour le rattraper, un peu à la façon des enfants dans les cours de récré, quand ils s’envoient le sac d’un de leur copain pour le
charrier un peu… La scène s’achève d’ailleurs avec l’homme son pénis à la main, s’accrochant à un bus scolaire plein d’enfants dégoûtés pour essayer de se rendre à l’hôpital. Ca pourrait être
carrément glauque et c’est pourtant filmer joyeusement, tous les personnages riant de bon cœur ! On se marre aussi pas mal lors des liquéfactions, les corps s’aplatissant sur le sol et les têtes
détachées du corps continuant mystérieusement de parler ou de brailler…

Citons encore une autre scène emblématique, lorsqu’une bourgeoise alcoolique sort d’une boîte de nuit pour vomir dans la rue, tellement partie qu’elle croit que son mari la ramène chez elle alors
qu’il s’agit d’un clochard qui va finalement tranquillement abuser d’elle… avant que ses confrères participent aussi, le tout virant au viol collectif primaire et bestial, et à la mort de la
bonne femme. Mais ce n’est pas fini pour elle, puisque celui qui trouvera son corps se la tapera une dernière fois lui aussi, c’est vrai que la nécrophilie manquait un peu à ce délicieux tableau
!

« Street Trash », c’est donc à la fois fun et extrême, un pur délire improbable qui brille comme une pépite puante pour tous les amateurs de série Z frappadingue ! Le plus drôle, c’est que
certains spectateurs ont même cru voir dans le film un sous-texte social et politique pas si idiot que ça : l’alcool qui liquéfie les clochards serait alors le symbole de la bonne conscience de
l’Amérique qui préfèrerait voir la misère fondre et disparaître plutôt que de la regarder en face… Cachez moi donc ces pauvres que je ne saurai voir !



 



Lors des précédents jours du Saigneur...































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4 commentaires:

  1. Nettement moins amateur de ce déballage cradingue (même Muro a renié son film), je dois reconnaître que la seule lecture de ce commentaire m'invite à le revoir sous un autre oeil.

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  2. Je me souviens y être allé seul, j'avais planté ma famille qui se promenait en ville et j'avais passé un excellent moment au ciné. Jamais revu depuis, mais certains épisodes sont inoubliables.

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  3. c'est clair, les liquéfactions humaines multicolores, si c'est pas du grand art ça ? ;)


    tu avais quel age ?

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