mardi 11 octobre 2011

[Critique] Au seuil de la vie, d’Ingmar Bergman



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Au seuil de la vie, d’Ingmar Bergman (Suède, 1958)



Note :
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A l’époque de sa sortie, « Au seuil de la vie » a provoqué de nombreux évanouissements dans les salles où il était projeté… Il faut dire que Bergman transforme parfois son film en véritable petit
thriller horrifique, ce qui nous laisse encore mieux comprendre aujourd’hui l’influence majeure de cet immense cinéaste sur un maître de l’horreur comme Wes Craven (qui s’inspira notamment de «
La source » pour faire sa « Dernière maison sur la gauche »). Même si la réaction du public n’est bien entendu plus la même aujourd’hui, certains plans et certaines séquences d’« Au seuil de la
vie » demeurent particulièrement marquants en matière d’épouvante : gros plan sur une seringue sur le point d’être plantée dans un corps, draps souillés du sang d’une fausse couche, accouchement
particulièrement douloureux et insoutenable… Du grand art de mise en scène, avec toujours une subtilité infinie et un regard particulièrement pertinent sur les choses de la vie !

« Au seuil de la vie » confronte trois femmes et leurs rapports à la maternité dans une chambre d’hôpital. L’une vient de faire une fausse couche et remet en cause l’amour au sein de son couple,
l’autre se remet d’un avortement raté et n’en finit pas de ne pas vouloir de l’enfant qu’elle porte encore, la dernière enfin est une femme enceinte heureuse et épanouie, dont l’accouchement se
présente à merveille… La vie ne manquera pas, bien sûr, de la mettre à l’épreuve elle aussi. C’est en nous parlant de maternité et de l’origine de la vie qu’elle suppose, que Bergman nous dresse
les portraits magnifiques de trois femmes, véritables incarnations d’autant de rapports humains au monde. Avec une intensité remarquable, par le biais de dialogues sublimes, le maître suédois
nous emporte dans une réflexion ontologique et métaphysique sur le bien, le mal, la vie, la mort… comme il en a pris l’habitude tout au long de sa monumentale filmographie ! On suit avec passion
le cheminement intérieur de ces personnages, auxquels on pourra à tour de rôle s’identifier, et on ressent avec elle cette terrible douleur de vivre, puis cette résignation au monde tel qu’il
est, c’est à dire irrémédiablement absurde et décevant… La vision bergmanienne confine alors au sublime !

Bien qu’il s’agisse d’un film relativement méconnu d’Ingmar Bergman, « Au seuil de la vie » n’en avait pourtant pas moins en son temps remporté deux prix au Festival de Cannes : un Prix
d’interprétation collectif pour les actrices (Bibi Andersson, Eva Dahlbeck, Ingrid Thulin et Barbro Hiort-Af-Ornas) et un Prix de la mise en scène pour le réalisateur. Malgré tout, ce dernier
n’en restait curieusement pas moins sceptique quant aux qualités de son œuvre dans ses déclarations : "Une histoire bien racontée, un peu longuette. Tout est honnête, chaleureux et sage, en gros
fort bien joué, trop de maquillage, une perruque lamentable sur la tête d'Eva Dahlbeck, une photo par moments misérable et quelques accents un peu trop littéraires, un gentil film, bien brave, un
peu naïf." Comme quoi, le plus beau des génies est toujours celui qui s’ignore…



 



Mise en perspective :



- En présence d’un clown, d’Ingmar Bergman (Suède, 1997-2010)































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2 commentaires:

  1. Vu aujourd'hui, mon billet suivra. Une oeuvre superbe, très forte comme nombreux films de Bergman. Et quelles actrices !

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