mardi 12 octobre 2010

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, de Woody Allen (Etats-Unis, Grande-Bretagne, 2010)



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Note :
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C’est un étrange paradoxe : on s’amuse vraiment bien dans le dernier film de Woody Allen, même si tout y est au fond très cruel, cynique et atrocement désabusé… Jamais le cynisme n’aura
d’ailleurs été aussi joyeux que depuis que Woody le place au cœur de ses films (surtout depuis « Match point »), tout conscient qu’il est sans doute que chaque nouveau long métrage qu’il réalise
n’est qu’un nouveau sursis avant sa propre fin… Le combat contre la mort est impossible, et sa pleine conscience de cela donne au réalisateur une force et une liberté de ton incroyablement
tranchante !

Dans « Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu », le cinéaste dépeint ainsi la vie telle qu’elle est véritablement, sans masque et sans illusion : c’est à dire complètement dérisoire ! Le
film se définit d’ailleurs en voix off dès son ouverture avec une citation de William Shakespeare : « c’est une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien
». Malgré les apparences et l’agitation qui parcourent tout le film, l’histoire qu’il décrit ne veut donc finalement rien dire ! Quelle meilleure définition pourrait-on faire de la désespérante
condition humaine ?

A travers un scénario comme toujours très écrit, riche en emboîtements narratifs, en multiples digressions et en aléas chronologiques, Woody Allen dresse ici les portraits de nombreux personnages
qui gravitent les uns autour des autres, qui commencent le film dans des situations plutôt inconfortables et qui le terminent pour la plupart avec une position encore plus désastreuse !
Mensonges, adultères, trahisons, littérature et spiritisme seront au programme de ce récit mouvementé aux allures de vaudeville bavard et réjouissant. A travers ses multiples créatures, le
réalisateur décrit avec une acuité sans faille la vanité de l’être humain et les illusions de la vie… Que pensez par exemple de ce vieillard qui se croit en quelque sorte immortel et qui croit
pouvoir reprendre toute sa vie de zéro en se remariant avec une jeune « comédienne », prostituée à temps partiel ? Et de tous ces couples installés qui se mettent tout à coup à vaciller,
véritables révélateurs de l’instabilité des choses et du mirage de croire que l’on peut faire confiance aux autres ? Sous le vernis de l’humour constant et l’aspect rocambolesque des situations,
le film interroge et explore en fin de compte les affres les plus sombres des comportements humains : comment savoir si la personne avec qui l’on partage sa vie est sincère ? Comment connaître
les véritables motivations des individus qui nous entourent ? Tout cela aboutit à une vision atroce et sinistre, mais tellement consciente de l’absurdité de toute chose en ce monde qu’elle
demeure intensément hilarante : d’une drôlerie grinçante et noire, certes, mais d’une drôlerie éclairée, viscéralement vivante et humaine, surtout !































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5 commentaires:

  1. Anthony Hopkins trouve ici son meilleur rôle depuis des lustres et une Naomi Watts charmeuse et enfantine. Pas un chef d'oeuvre c'est clair mais un film toujours aussi intelligent qui se place
    parfaitement dans la mosaïque filmographique du maitre. 3/4

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  2. Et moi qui ai failli m'endormir pendant la projection, la honte...


    Il est bien amer le bonbon Woody Allen cette année !

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  3. Oui enfin il décrit surtout le dérisoire de ceux qui ont les moyens de se prendre la tête avec des aneries... Parce que certains ont beau vivre aux crochets de leur vieille maman, ils ne se
    morfondent pas dans une chambre de bonne hein. Donc, Woddy décrit SA réalité... et honnêtement je ne veux surtout rien savoir des détails de sa vie intime avec sa petite Soon-Yi, quinze fois plus
    jeunes que lui. Non, n'insiste pas ;)

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  4. Particulièrement aigre cette comédie allennienne annuelle ! Contrairement à beaucoup d'autres, je m'étais réjoui de son retour à New York pour "Whatever works", drôle comme au bon vieux temps
    (normal puisque c'était un scénar du bon vieux temps). A Londres, Woody revient à des choses plus graves en effet, mais très sur un ton très sarcastique, histoire de se payer la tête de ses
    congénères (certes de milieu social plutôt favorisé, encore que la bimbo Charmaine ne viennent assurément pas d'un cocon très reluisant). Sa manière sans doute d'exorciser sa peur du "bel et
    sombre inconnu" qu'il finira bien par rencontrer comme nous tous.

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  5. en effet, en se moquant de ses congénères, je crois que woody se moque aussi (et surtout) de lui-même et de sa mort à venir...


    j'avoue moi aussi préféré les comédies façon "whatever works"... ;)

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