lundi 18 octobre 2010

The social network, de David Fincher (Etats-Unis, 2010)



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Note :
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David Fincher est un cinéaste brillant et virtuose, qui a malheureusement bien souvent raté le coche à cause de sujets ou de scénarios mal fichus ou carrément vains… Ici, il porte avec une
énergie et une efficacité éclatante un récit en or ! Librement adapté de la vie de Mark Zuckerberg, le créateur du réseau social mondialement connu Facebook, « The social network » remonte aux
origines du réseau, alors que Zuckerberg était étudiant à l’université. Parallèlement à cet univers potache du « campus movie », tout en tongs ou en aviron, on assiste aux affrontements
juridiques de Monsieur Facebook avec ceux qui l’accusent de leur avoir volé leurs idées ou de les avoir méchamment arnaqués… Malgré une histoire qui aurait pu se réduire à un monde de pixels et
d’écrans interposés, à quelque chose de finalement plutôt statique, Fincher parvient à passionner son spectateur en dépassant les clichés trop attendus et en donnant une vraie dimension humaine à
son film. Servi par une mise en scène habile et souvent glaçante, il multiplie les scènes de dialogues « in the real life », sans gadgets électroniques pour faire l’interface, nourris de
répliques piquantes et même souvent drôles ! La distribution du film est un vecteur supplémentaire d’émerveillement, avec en tête un beau trio de la jeunesse hollywoodienne montante : Jesse
Eisenberg, Andrew Garfield et Justin Timberlake…

Mais bien au-delà d’offrir un simple spectacle classieux et divertissant ou une hagiographie du plus jeune milliardaire de notre planète, « The social network » dresse un état des lieux cinglant
et sans concession des modes de vie contemporains… Pour l’hagiographie de Mark Zuckerberg, il faudra d’ailleurs repasser : ni célébration ni portrait à charge, le film propose avant tout de
présenter un jeune homme pétri d’ambiguïtés. Peu enclin aux expressions démonstratives, Zuckerberg semble avant tout un être très seul et difficile à cerner. Sa façon de se comporter avec les
autres relève presque de la pathologie : inadapté social, au cœur glacé, il ne montre quasiment aucune empathie envers ceux qui l’entourent, et le fait de perdre son seul ami ne paraît ni le
choquer, ni le peiner plus que ça… On lui voit seulement un regard parfois vide et lointain, comme happé par un ailleurs que l’on n’imagine pas et qu’il n’arrive probablement pas à saisir
lui-même. Et pourtant, il demeure impossible de le trouver antipathique, ce qui rend le film bien plus fort et fascinant encore ! Plus préoccupé par les « lignes de code » de ses programmes
informatiques que par son humanité, il est peut-être le prochain maillon de l’évolution de notre espèce, pour qui la réussite ou la notoriété (le but ultime de son ambition semble concentré dans
les cartes de visites narquoises qu’il finit par se faire fabriquer) passent avant toute autre chose, y compris un sentimentalisme trop engageant avec son prochain. Les rêves de gloire
individuelle, dépourvus d’autre sens, façon télé-réalité, ça ne vous rappelle rien ? Avec « The social network », David Fincher dresse au fond le portrait d’une époque, celle dans laquelle nous
vivons, où les gens croient avoir des centaines d’amis en étant simplement « connectés » virtuellement, mais sont pourtant tous d’un naturel hagard et apathique, incapables de créer une véritable
intimité, profonde et marquante, avec qui que ce soit d’autre qu’eux-mêmes…































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8 commentaires:

  1. C'est Dexter mais derriére un ordi. Et c'est curieux de voir que le film, comme tu le précise dans ta critque, traite du monde virtuel sous un dimension humaine alors que les humains (en
    particulier Zuckerberg) n'on plus rien d'humain.

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  2. ah ouais, c'est marrant moi j'ai trouvé ça possible de le trouver antipathique.... !!! quel gros con ! en fait, c'est tous des gros cons globalement.... (edwardo (ortho ?) est vaguement sauvé par
    son côté gentil-con (mais con quand même), et les jumeaux par leur côté cons-de-dessin-animé, mais à part ça.... ?)


    bon, j'ai pas trouvé que c'était un mauvais film, hein ! juste un film sur un univers de sacrés connards...


    et WOUAOUH le sexisme bien crasse, ignoble et violent de cet univers-là.... pour moi d'ailleurs, le premier atout de ce film est là : montrer le sexisme de ce monde de petits blancs friqués upper
    class de chez Harvard - un beau film à montrer à E. Badinter et tous ceux et celles qui pensent que le sexisme, c'est que chez les autres - chez les pauvres, dans les banlieues, chez les noirs et
    les musulmans....


     

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  3. Surfant sur la vague Facebook Fincher livre un biopic réellement prenant grâce à un scénario dense mais jamais redondant. Bon choix pour le casting où il y a eu clairement un soucis de réalisme
    encore pour les ressemblances physiques. Le personnage de Zuckerberg est fascinant notamment grâce à son côté volain petit canard mais finalement humain. Un très bon film donc. 3-4

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  4. Superbe texte. Une question me taraude : y aura-t-il un jour une suite au ciné ? Facebook n'a pas fini de faire parler de lui, ce n'est qu'un début !

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  5. (PS : par rapport à ta question à Selenie ; je travaille actuellement dans l'informatique, donc, je suis assis derrière un pc toute la journée, je prends deux petits déjeuners, un déjeuner, un
    goûter, un diner, et parfois, un encas quand la nuit est longue et je n'ai jamais passé le cap des 66 kg.... Tout est question de morphologie, je suppose)

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  6. Plutôt d'accord avec ta critique, le film est avant tout le portrait d'une personnalité pleine de paradoxe et non un jugement délibéré.

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  7. Biopic de haute définition à inscrire de toute urgence parmi les plus belles réussites de la filmo Fincherienne.

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  8. eh bien quel enthousiasme ! :)

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