dimanche 17 octobre 2010

Illégal, d’Olivier Masset-Depasse (Belgique, 2010)



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Note :
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Nous étions tous conscients que notre « justice » peut parfois condamner par erreur des innocents à la prison, mais savons-nous suffisamment qu’elle enferme aujourd’hui sciemment autant
d’innocents, dont le seul crime est de ne pas avoir de papier ? « Illégal » décrit le sort d’une femme russe, qui vit et travaille clandestinement en Belgique depuis 8 ans, avec son fils, et qui
a la malchance de se faire contrôler et « emprisonner » dans un centre de rétention. Ce que montre alors le film, le cinéaste le dit très bien lui-même : "Beaucoup de films ont montré ce que ces
gens pouvaient endurer pour arriver ou pour rester chez nous. J’ai voulu montrer ce que NOUS leur faisons endurer pour qu’ils rentrent chez eux." On assiste ainsi au calvaire de cette femme et de
quelques-uns de ses « compagnons » de cellule dans le centre. Dans une vision très documentée et réaliste, « Illégal » dénonce avec force et sécheresse tous les « crimes » que commettent nos
gouvernements sur des pauvres gens qui n’ont pas eu la chance de naître au bon endroit : parqués dans des chambres comme des bêtes, où la promiscuité peut devenir intenable, torturés et
violentés, parfois drogués pour les pousser à parler et à donner leur véritable identité… Des pratiques immondes pour « casser » des vies, faire « craquer » des esprits à bout, contraints alors à
l’expulsion ou à la mort… Mais quelle différence, au fond, dans certains cas ?

Le titre du film, « Illégal », s’applique d’ailleurs probablement plus aux pratiques de la police et des institutions qui cautionnent ce genre de centre de rétention, qu’à la pauvre mère de
famille, superbement interprétée par Anne Coesens, qui vivait déjà la peur au ventre avant son arrestation, au point de se brûler le bout des doigts avec un fer à repasser, pour empêcher son
identification ! Malgré une atmosphère très réaliste, le réalisateur garde cependant le cap de la fiction, sans jamais tomber dans la caricature ou le film à thèse trop appuyé. Il sait notamment
ménager quelques moments de respiration bienvenus à son récit, comme une bataille de nourriture bon enfant à la cantine ou une partie de foot improvisée dans la cour grillagée… Il sait également
redonner un peu d’espoir, à travers cette scène où les passagers d’un avion s’insurgent contre la police pour les empêcher d’accomplir leur abominable travail d’expulsion forcée. Il montre aussi
assez subtilement le doute intérieur chez les gardiens de ces centres, à travers un beau personnage de matonne, qui essaie de faire ce qu’elle peut aider les détenus, ne serait-ce qu’avec une
forme de bienveillance… Au fond, la véritable question devrait s’imposer à tous ces gens qui emprisonnent et qui expulsent des innocents : pourquoi font-ils ce travail ? Pourquoi agissent-ils en
parfaits petits soldats devant des ordres dignes d’un pur régime fasciste et protectionniste ? Sauf que ce fascisme malheureusement « ordinaire » demeure sans doute encore trop « invisible » aux
yeux des populations civiles… Ce film est justement là pour nous remuer, pour nous faire réagir et nous mettre en colère… et c’est déjà beaucoup !



 



Mise en perspective :



- Les mains en l’air, de Romain Goupil (France, 2010)































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4 commentaires:

  1. Ah diable ! je viens de me rendre compte que nous utilisons la même expression "Naître au bon endroit". Quelle angoisse ! Ça me fait souvenir que j'ai des papiers à refaire :/

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  2. Je ne répondrai qu'en présence de mon avocat

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  3. Sujet intéressant,  mais b$&£§§ !!, quand est-ce que ces cinéastes vont enfin arrêter de bouger leur caméra dans tous les sens comme s'ils tournaient un reportage de cinquante
    minutes inside ?!

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  4. ah tiens ça ne m'a pas trop gêné sur ce film... mais bon, ils voulaient lui donner un côté documentaire, bouger la caméra est un bon moyen... ;)

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