mardi 22 juin 2010

Les moissons du ciel, de Terrence Malick (Etats-Unis, 1979)



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Note :
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Souvent classé parmi les meilleurs films par les critiques du monde entier, « Les moissons du ciel » est ce que l’on peut qualifier d’œuvre majeure et mythique ! « Mythique » d’abord par ses
conditions de tournage : deuxième film de Terrence Malick, le dernier précédant un silence de vingt ans pour le cinéaste (il ne tournera plus rien jusqu’à « La ligne rouge » en 1999), il est le
résultat de bien des passions entre acteurs et réalisateur, mais surtout entre Malick et ses producteurs, puisque le budget est très vite allègrement dépassé ! Alors que Nestor Almendros, le
directeur de la photographie, est en train de perdre la vue au moment du tournage (un comble !), il faut dire que certaines exigences paraissent de prime abord démesurées : pour obtenir une
lumière très particulière, le cinéaste ne souhaite notamment tourner que pendant « l’heure bleue », cette petite demi-heure quotidienne pendant laquelle il continue de faire jour alors que le
soleil est déjà couché…

Pourtant, il faut bien avouer, à la vue des « Moissons du ciel », que le résultat est sacrément payant d’un point de vue purement artistique ! La lumière est en effet magnifique, d’une douceur et
d’une beauté infinie, se rapprochant bien souvent de pures visions de Dieu… Le titre original, « Days of Heaven », est d’ailleurs bien plus explicite que son pendant français pour expliquer
l’aspect divin, paradisiaque, des images du film. Mais Malick se situe plus du côté de l’animisme que de la religion à proprement parler : il trouve sa croyance et plus encore ses « révélations »
dans l’omniprésence de la nature, qui nous entoure de toutes parts… Le vent dans les vastes champs de blé, les animaux domestiques ou sauvages, le feu dévastateur, l’eau des rivières : tous les
éléments cernent parfaitement les personnages dans le film et la puissance de la nature est révélée dans presque tous les plans ! L’homme essaie de dominer la nature, en cultivant les champs ou
en essayant de dompter les flammes, mais au fond c’est les règnes végétal et animal qui le gouverne… Cela apparaît avec encore plus d’évidence lors de l’invasion des sauterelles, qui s’abat sur
les champs comme les plaies d’Egypte dans la Bible : la symbolique demeure très forte !

Mais bien au-delà des images de végétation luxuriante, de castors ou de canards sauvages, « Les moissons du ciel » raconte une histoire puissante et universelle, un mélodrame flamboyant et
passionné, exaltant toutes les émotions humaines, et traité avec une force et une grandeur inégalée ! L’histoire de Bill, qui tue par accident son chef dans une fonderie de Chicago, contraint de
prendre la fuite avec sa jeune sœur (la narratrice du film) et son amie qu’il fait passer pour son autre sœur, se poursuit au Texas où, engagés pour faire les moissons chez un riche
propriétaires, ils vont élaborer un plan qui ne tournera pas du tout comme prévu : apprenant la mort prochaine du fermier, Bill pousse son amie à répondre à ses avances pour récupérer ses
propriétés… sauf que la jeune femme finira par tomber amoureuse de l’autre homme ! Ce tendre drame est filmé comme une tragédie universelle digne des catharsis antiques. Le « style » de Terrence
Malick imprègne chaque plan et chaque image avec une fougue insensée : tout passe par le pouvoir évocateur de l’image, des plans sur les corps et les visages, des couleurs, des regards… Il y a
dans « Les moissons du ciel » une telle économie de mots pour raconter une histoire, que chaque seconde de chaque scène force le respect ! Le pouvoir du cinématographe semble ici élevé à un
niveau rarement atteint chez d’autres auteurs… C’est assez incroyable, presque « magique » et, au milieu de cet univers supra-poétique dans lequel on se laisse embarquer sans rechigner un
instant, se promènent encore les figures sublimes de Richard Gere et de Sam Shepard, dont la jeunesse demeure ici à tout jamais gravée et magnifiée dans le celluloïd !































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3 commentaires:

  1. Je n'ai vu aucun film de Malick pourtant j'ai très envie d'ne voir un. Ta critique est magnifique.

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  2. Pas le meilleur Malick à mon gout mais ça reste un chef d'oeuvre lol


    c'est dire le niveau du bonhomme !


    J'adore ça et en effet "2flics", c'est absolument magique ce cinéma là !


    A voir absolument!!!


     


    Mon préféré: Le Nouveau Monde !!! j'y ai pleuré toutes les larmes de mon corps !


     


    J'espère que tu as vu ces moissons là au cinoche plutôt qu'en dividi...

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  3. Je répondais au commentaire de  "2flicsàmiami"...

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