vendredi 2 avril 2010

Tête de Turc, de Pascal Elbé (France, 2010)



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Note :
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Pascal Elbé a une tête d’Arménien, Roschdy Zem a une tête d’Arabe, certains ont des têtes d’Africains… Quant à la « tête de Turc », c’est le fils du personnage de la toujours merveilleuse Ronit
Elkabetz, qui elle a une tête d’Israélienne ! Un film donc très métissé, à l’image des banlieues françaises, cible majeure de ce « polar social » plutôt bien fichu…

A vrai dire, tout le monde est un peu la tête de Turc de tout le monde dans ce film, où l’adolescent au cœur du dispositif fictionnel (interprété par le jeune Samir Makhlouf) est certes la cible
des jeunes de la « cité » parce qu’il a sauvé la vie d’un médecin extérieur aux barres HLM, mais il a lui aussi sa « tête de Turc » au début du film, dans la mesure où c’est lui-même qui enflamme
la voiture du médecin, mettant ainsi sa vie en danger avant de la lui sauver… Cette dualité victime / bourreau est à vrai dire prégnante en chacun des nombreux personnages qui circulent avec
habileté dans ce réseau narratif plutôt bien construit et agréable à suivre, au sein duquel chacun est lié à tous les autres directement ou par l’intermédiaire d’un autre individu… Le réalisateur
construit finalement une fiction tout en cercles et en circonvolutions, ménageant ses effets et ses rebondissements, qui, même si elle est parfois un peu téléphonée ou forcée (notamment avec
l’histoire du type qui voit mourir sa femme parce que le médecin qui devait venir la soigner est attaqué en cours de route), parvient quand même à nous intéresser et à nous plonger au cœur de ses
multiples ramifications…

La perspective sociologique de « Tête de Turc » n’est également pas dénuée d’intérêt. Même si le débat demeure assez simple, il a le mérité d’éviter pas mal de clichés souvent médiatisés sur les
banlieues. Ici, on nous présente une situation rendue catastrophique à cause d’un nombre infime de jeunes cons qui pourrissent la vie de plusieurs centaines de personnes… Le dilemme dans la tête
du jeune Bora, coincé entre l’Etat qui veut le récompenser pour son courage et sa culpabilité à l’égard du médecin, est assez bien rendu, et les échanges entre les deux frères, le médecin à
tendance idéaliste et le flic qui aimerait bien nettoyer tout ça au « karcher », sont loin d’être aussi caricaturaux que l’on pourrait s’y attendre… Chaque personnage ne reste pas sur ses
positions et cherche bien souvent à comprendre l’autre, même si cela reste parfois vain… Un film qui n’apporte pas de réponse, mais qui sait cependant aller au-delà d’un point de vue arrêté et
rétrograde sur un univers qui reste à penser, plus que jamais !































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4 commentaires:

  1. J'entends que du bien de ce film. J'ai vraiment de plus en plus envie de le voir. Surtout si il est moins caricatural qu'il en a l'air.

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  2. ça a l'air intéressant mais je n'irai pas le voir au ciné: j'attendrai la sortie dvd

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  3. Ce Pascal Elbé, je suis sûre qu'il a du talent, même s'il le cache bien parfois, son choix de films en tant que comédien est souvent...désarmant. Je suis allée voir, il y a quelques années, une
    pièce de théâtre mise en scène par lui, Ceux qui restent, une histoire de deuil et d'amitié et ben c'était pas mal du tout ! Ben voilà sinon j'ai pas vu le film...

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  4. en même temps ce n'est pas "le" film à voir en ce moment... je te recommande par contre le film dont je parlerai demain soir... (hihi surprise !)


    aujourd'hui, j'ai vu un nouveau "chef d'oeuvre" mais c'est hyper glauque, donc je ne te le recommanderai pas... ;) un indice : c'est mexicain !

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