mardi 27 avril 2010

Kick-Ass, de Matthew Vaughn (Grande-Bretagne, Etats-Unis, 2010)



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Note :
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Voici enfin un film hollywoodien « Kick-Ass » la baraque ! Car non content de se présenter comme une parodie potache des films de super héros, « Kick-Ass » s’avère également un exemple parfait et
redoutablement efficace du genre de film qu’il pastiche… Ainsi, les degrés de lectures du film se multiplient pour le plus grand plaisir des spectateurs, qui pourront voir dans l’œuvre de Matthew
Vaughn à la fois la thèse et l’antithèse de ce qu’elle énonce. Phénomène intéressant également lorsque l’on se place du côté du personnage principal, qui incarne tout à la fois ce qu’il veut être
et ce qu’il est en réalité, aussi contradictoire que cela puisse paraître. En effet, si Dave Lizewski, gentil ado geek abreuvé de culture comics, n’est d’abord qu’un « anti-super héros » un peu
pathétique en décidant de se mettre dans la peau d’un héros justicier masqué alors qu’il n’a aucun super pouvoir ou super gadget pour le justifier, il finira pourtant au fur et à mesure que
l’intrigue progresse par vivre et réaliser tout ce qui fait généralement un « vrai » super héros : il va faire peur (bien que malgré lui) à de méchants criminels, il va se faire un ennemi mortel,
il va rencontrer d’autres super héros… et il ira même jusqu’à « voler » comme Superman à la fin du film !

Bien sûr, il y a à chaque fois de belles astuces de scénario, mais il n’empêche qu’en même temps qu’il se joue des codes du genre, « Kick-Ass » les applique aussi à la perfection, révélant une
culture « comics » ou « marvelesque » irréprochable. Versant ainsi aussi bien dans la parodie que dans l’hommage, on voit alors défiler les allusions à « Spiderman » (l’intrigue s’en inspire
beaucoup), « Batman » (le beau costume de Nicolas Cage !) et autres « Superman », voire « Rocketeer » (le survol de la ville à la fin, avec cette étrange machine à réaction). La mise en scène
transforme parfois littéralement le film en bande dessinée, par le biais d’incrustations de bulles narratives, voire de toute une séquence montrée case par case… Cultivé, archi-référencé, le
cinéaste se paie même le luxe de déborder vers d’autres cinéphilies : une allusion à John Woo au cours d’un dialogue, des débordements qui ne sont pas sans rappeler un certain cinéma de genre
japonais ultra-violent (qui avait déjà osé aux Etats-Unis transformer une petite fille de 12 ans en machine de guerre super entraînée capable de tuer de sang froid en un clin d’œil ?), ou encore
des scènes d’action superbement chorégraphiées et débordantes de trouvailles visuelles que l’on jureraient sorties d’un film de Tarantino (on pense d’ailleurs beaucoup à Kill Bill en admirant
Hitgirl à l’œuvre !)

Mais les citations savent s’effacer devant le plaisir du spectateur, qui pourra suivre « Kick-Ass » comme un pur film d’action héroïque à la fois très drôle et jouissif ! Dynamique et truffé de
gags, on assiste assurément à une vraie tranche de cinéma, drôle certes, mais dont le côté sombre et violent demeure également très prégnant. Le film nous entraîne ainsi parfois vers des abîmes
insoupçonnés, sur la difficulté d’être adolescent dans un monde corrompu par l’image et la nécessité d’être « vu » et remarqué à tout prix. Internet semble désormais le seul vecteur où tout se
passe, mais accélère également les tendances voyeuristes et bestiales de l’homme : si une bagarre éclate dans le rue, les jeunes d’aujourd’hui préfèrent filmer la scène pour la balancer ensuite
sur Youtube plutôt que d’intervenir ou appeler la police… Quand la télévision juge des images trop violentes pour être diffusées, le public peut alors se précipiter sur le net, là où les limites
de la décence, du respect d’autrui ou de la cruauté n’existent visiblement plus ! Le réalisateur décrit finalement un monde des plus atroces, mais le tout est évoqué de façon si subliminal et
avec une mise en scène si esthétisée qu’un public lambda n’y sera probablement pas très sensible… Si l’on y ajoute une fin peut-être un peu trop orientée en vue d’une suite (tout le côté agaçant
des « franchises cinématographiques »), il n’y a cependant pas de quoi gâcher le plaisir que l’on prend devant ce spectacle original et astucieux !



 



Mise en perspective :



- Spider-Man, de Sam Raimi (Etats-Unis, 2002)



- Bad Lieutenant : escale à la Nouvelle-Orléans, de Werner
Herzog (Etats-Unis, 2010)































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9 commentaires:

  1. En effet, billet tout frais du jour!
    J'ai eu la même impression pour Kill Bill à la fin, sans réussir à déterminer si c'était moi ou si c'était volontaire, du coup je suppose que c'est volontaire si tu l'as relevé aussi ^_^


    Tu as vu la projection de "The spirit 3" au cinéma? Vaughn se moque des suites mais prépare le terrain pour la sienne! Encore un bel exemple d'adoption des principes des films pastichés! ;-p

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  2. Bien content que tu ai aimé Kick-Ass mon grand!! Agacé par le "Regardez bien car y aura une suite?"...ça t'étonne?


    "Blog sympa je reviendrais!!"????? Mais bon sang de bois ça manque de vie ce commentaire bordel!!! Dis plutôt:"Blog super sympa quand je ne saurais pas quoi foutre je viendrais
    dessus!!Lol!!"....ça, ça a de la pêche au moins, ça en veut dire long sur ton potentiel déconne!! Le Phil Siné se fait chier à pondre de sacrées chroniques et il a le droit à un simple:"Blog
    sympa je reviendrais!!".....Putain elle est où la jeunesse reconnaissante? Tu verras le jour où les chemises grises viendront pour fermer ce blog!!! Ce n'est pas ton "Blog sympa je reviendrais!!"
    qui sauvera les fesses de notre Phil!!!


     


    PS: Je viens de sortir du boulot et je voulais me déchaîner sur un blog...c'est fait!!

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  3. Ce film récolte énormément de critique favorable. Peut-être une des meilleurs surprises de ce début d'année ?

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  4. une comédie d'action qui tout pr devenir un véritable film culte: très sympa et vraiment réussi !

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  5. Le machin à réaction s'appelle un jet-pack ;)


    Sinon, je suis tombé sous le charme de ce film. Cage, aprés l'excellent Bad Lieutenant, fait des étincelles, et j'ai adoré le fait que le film montre la culture de notre époque sans pour autant
    critiquer.

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  6. Très bonne surprise pour ce film, un bel hommage au comics et à nos rêves de gosse. Partant d'un postulat pas si bête que ça, comment ça se fait que personne n'a jamais voulu tenter sa chance en
    tant que super-héro ?! Un ado se lance dans l'aventure... Evidemment on a droit aux clichés habituels sur l'ado puceau et effacé, et le scénario est très classique (on aurait aimé un scénario
    plus innovant pour coller plus à l'idée de départ). Autre déception pour Nicolas Cage qui n'est pas toujours juste (son râle après avoir été immolé est ridicule), à quand un vrai revival de sa
    carrière ?! Cependant le film tient ses promesses du côté délire. Fun et jouissif le film n'a pas de baisse de régime avec une violence assumée et un capital politiquement incorrect a saluer... 2
    étoiles chez moi !

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  7. Les chemises noires!! Me suis trompé oups!!!

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  8. Justement, il ne fait que montrer, mais jamais il ne pointe du doigt les gens. Par exemple, lors de la sèquence d'execution en directe à la TV, tous le monde regarde, mais il n'y a pas une
    personne qui dit "poua c'est pas bien" ou "super". Si critique il y a, c'est notre regard sur l'évènement qui le produit.


    Mais ce n'est que mon avis.

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