samedi 6 février 2010

Brothers, de Jim Sheridan (Etats-Unis, 2010)

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Note :
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Avec "Brothers", Jim Sheridan réussit une nouvelle tragédie émotionnelle, avec tout ce qu'il faut d'intensité mélodramatique et d'agitations psychologiques : c'est un pur émerveillement des sens !
L'histoire peut paraître un brin déjà vue ou stéréotypée, mais elle réserve son lot de surprises et de rebondissements, sachant de toute façon que ce qui compte le plus ici demeure son traitement,
que l'on pourrait d'ailleurs d'emblée qualifier de magistral !

Sam et Grace, mariés avec enfants, forment le couple et la famille idéale, alors que Tommy, le frère de Sam, demeure un élément marginal, tout juste sorti de prison et plus porté sur la boisson que
sur la recherche d’un emploi… Quand Sam, militaire envoyé en Afghanistan, est déclaré mort, Tommy se rapproche de sa famille en deuil, jusqu’à devenir comme un père de substitution pour les filles
de son frère… Mais Sam va bientôt revenir de l’enfer, rendu à moitié fou par une expérience de prisonnier insurmontable, au cours de laquelle il aura du accomplir un acte impossible et abominable
pour sa propre survie…

Dans son film, Sheridan parvient à montrer des situations familiales d’un réalisme et d’une universalité formidable : autour de repas de famille, il sait faire apparaître les multiples tensions et
les frustrations de chacun… Il transcende les schémas déjà vu du père détesté ou du fils préféré, au point de les rendre profondément poignant ! Il s’amuse même à construire tout son film sur une
forme d’inversion entre les deux frères. Si au début du film, Tommy est celui que le père rejette et maudit, il essaie vainement de s’en rapprocher une fois qu’il comprend que son autre fils, le
seul qui comptait pour lui et celui qui marchait dans ses pas de vétéran du Vietnam, est mort. Alors que Sam, bon mari et père exemplaire, revient de la guerre comme un sous-homme traumatisé et
diminué, son frère Tommy effectue le chemin inverse : d’abord paumé, le départ de Sam le rendra responsable d’une famille… Les rapports familiaux, en particulier entre parents et enfants, sont
montrés avec une rare subtilité. Si tout peut sembler convenu au début du film, on se laisse très vite surprendre par une débauche de sentiments vrais et de fine psychologie, qui finira par nous
achever et nous laisser sortir du cinéma complètement retourné et bouleversé, si ce n’est avec des rivières coulant de nos yeux…

Il y a aussi un très fort symbolisme dans « Brothers ». Il peut s’agir d’une alliance que l’on retire difficilement de son doigt avant de partir au front, mais que l’on ne peut plus garder
tellement on a maigri à son retour… Ca peut être ce terrible choix que l’on doit prendre au bout du monde : tuer son ami pour ne pas être tué, tuer un père pour éviter que nos propres enfants
soient orphelins… Dilemme impossible, à devenir fou ! Jusqu’à parvenir à s’en libérer par la parole peut-être, la confidence à celle qu’on aime fonctionnant comme une thérapie capable de peut-être
libérer un homme et même d’achever un film ! « Je n’aime pas papa » finira par avouer les filles de Sam à leur mère, lorsque celui-ci sera revenu d’Afghanistan, violent et fuyant. L’une d’elle dit
même qu’elle aurait préféré ne jamais le voir revenir ! La violence des mots dépassent parfois celle des évènements. L’entente entre parents et enfants sera toujours sinueuse et recouverte d’un
très grand mystère, semble nous scander régulièrement ce film, décrivant un monde où les frères évoluent et s’opposent toujours dans une parfaite symétrie… Le lien le plus fort entre les êtres
viendraient-ils alors de ce qui les oppose ?

Enfin, il faut bien avouer que le casting en forme de "triolisme" sentimental ressemble quand même à un fantasme pur : Tobey Maguire est impressionnant, Jake Gyllenhaal est plutôt attachant et
Nathalie Portman est comme toujours très jolie... Un sans faute pour ces trois merveilleux acteurs et pour un grand cinéaste du cœur !






























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7 commentaires:

  1. Hello!

    J'ai aussi beaucoup aimé ce film, même si je ne serais pas aussi enthousiaste. Il a certes beaucoup de qualités et pose des questions "coup de poing" avec une pudeur et un recul qui leur donnent
    une sorte d'urgence, mais parfois, le film se perd dans quelques longueurs indigestes tant le film est "lourd à porter".

    Un grand bravo pour les interprétations des 3 personnages principaux toutefois, qui sont brillants de justesse.

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  2. Je vais le voir ce soir, j'ai hate !!

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  3. Encore une bonne critique, je vais commencer à penser que Ben, de Laterna Magica, était de mauvais poil le jour où il l'a vu !

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  4. je suis d'accord avec se que tu en dis. ton explication sur l'inversion de la place des enfants est très juste. Et l'attachement que l'on éprouve pour eux s'accentue dès lors, comme moi que l'on a
    un frère de qui on se sent proche.
    la violence psychologique des mots qui peuvent parfois dépasser la pensée est aussi très juste; D'ailleurs, en imaginant se mettre à la place du personnage de Maguire, ça doit être d'une violence
    inouie de sentir sa femme ne plus l'aimer comme avant.

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  5. Haha ! Suspense ! Je posterai surement une critique sur mon blog ;)

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  6. En fait il faut lire tes critiques APRES avoir vu le film sinon pouf tu dévoiles tout le suspense .
    Mais je suis peut-être trop attachée au maintien du secret autour de l'intrigue. Et la bande-annonce avait déjà tout gâché. Je pense que j'aurais + aimé et profité du film, même si bon, Jim
    Sheridan quoi !!!
    Tu devrais parler d'In America. Injustement méconnu...

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  7. attends tu exégères, je n'ai même pas parlé des extraterrestres qui débarquent en afghanistan au trois quart de l'histoire... et la relation tumultueuse de tommy avec la reine des aliens !
    eh bien la prochaine fois que je vois "in america" je le chroniquerai bien volontier !

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