mardi 30 septembre 2014

[Fil ciné] Les films de septembre 2014

Semaine après semaine, suivez le fil des sorties ciné et des films vus par Phil Siné. Les liens renvoient aux critiques des films présentes sur le blog...

Semaine du 3 septembre 2014

- Hippocrate, de Thomas Lilti (France, 2014)
- Métamorphoses, de Christophe Honoré (France, 2014)
- Obvious Child,de Gillian Robespierre(Etats-Unis, 2014)
- Boys like us, de Patric Chiha (France, Autriche, 2014)

Semaine du 10 septembre 2014

- Gemma Bovery, de Anne Fontaine (France, 2014)
- Near Death Experience, de Benoît Delépine et Gustave Kervern(France, 2013)
- L'institutrice, de Nadav Lapid (Israël, France, 2014)
- Les gens du Monde, de Yves Jeuland (France, 2014)

Semaine du 17 septembre 2014

- 3 coeurs, de Benoît Jacquot (France, 2014)
- Pride, de Matthew Warchus (Grande-Bretagne, 2014)

Semaine du 24 septembre 2014

- Elle l'adore, de Jeanne Herry (France, 2013)
- Brèves de comptoir, de Jean-Michel Ribes (France, 2013) ☝☹
- Saint Laurent, de Bertrand Bonello (France, 2014)
- Léviathan, de Andreï Zviaguintsev (Russie, 2014) ☝☹

lundi 29 septembre 2014

[Cinéma] Saint Laurent, de Bertrand Bonello

Saint Laurent
de Bertrand Bonello
(France, 2014)

Sortie le 24 septembre 2014


★★

Deuxième long métrage consacré au célèbre couturier Yves Saint Laurent cette année, on peut dire que ce « Saint Laurent » impose une vision radicalement autre par rapport à son prédécesseur. Là où le film de Jalil Lespert suivait plus ou moins les clous d’un biopic assez classique, embrassant l’ensemble de la vie de son sujet en la ponctuant de ses moments les plus marquants, celui de Bonello ose une trajectoire bien différente et pour le moins audacieuse. D’une part, il se concentre sur une seule décennie de la vie d’YSL (1967 à 1976), tout en n’hésitant pas à faire exploser la chronologie, mélangeant les années pour mieux nous perdre (et perdre son personnage dans le temps) ou laissant parfois la place au regard du couturier dans la dernière partie de sa vie, sous les traits d’Helmut Berger…  D’autre part, il ne raconte pas vraiment une vie, mais se concentre plutôt sur l’intériorité du personnage, son état d’esprit, ses rapports aux autres… le film gagne alors en romanesque, quitte à interpréter une réalité dont on ne captera de toute façon jamais la « vérité vraie » !

On reste fasciné par la mise en scène quasi hypnotique du cinéaste, qui nous présente un personnage éminemment mélancolique et détaché, abandonnant bientôt son être derrière la « marque » qui porte son nom… Il est étonnant de le voir d’ailleurs peu à peu délaisser sa passion, cédant quasiment son ultime défilé aux mains de ceux qui l’assistent… Bonello multiplie les moments de vide, quasi contemplatifs et métaphysiques, laissant son personnage se détacher du monde… Même l’abandon dans les drogues ou le sexe (offert à Saint Laurent par l’exubérant Jacques de Bascher, l’emmenant du côté du carrousel du Louvre ou dans les boîtes à cul parisiennes des 70’s) semble finir par l’ennuyer…

Etrange film, au fond, sur un personnage évanescent, monstre sacré pour le public mais errant dans son monde comme un fantôme… On ne sait plus où est le vrai, le faux, le fantasme, mais tout ce trouble finalement assez excitant est formidablement incarné par des acteurs au talent largement confirmé : Gaspard Ulliel, Jérémie Renier et Louis Garrel… Outre des séquences surprenantes qui ressemblent à un jeu (le parallélisme parfois perturbant entre les défilés du couturier et les évènements historiques sur toute la décennie, le vieux Saint Laurent feuilletant un article sur Mylène Farmer dans un tabloïd…), Bertrand Bonello réalise également l’un des fantasmes les plus funs et les plus absolus du cinéma gay contemporain : Gaspard Ulliel et Louis Garrel se galochant plein écran pendant un long et bon moment !

dimanche 28 septembre 2014

[Anti-cinéma] Barb Wire, de David Hogan

Barb Wire
de David Hogan
(Etats-Unis, 1996)

Le Jour du Saigneur # 147

 

Il est probable que lors de sa sortie en salle, « Barb Wire » était déjà un film ringard… Eh ben on peut sans doute dire que le temps n’a rien arrangé à l’affaire ! A vrai dire, le long métrage de David Hogan est une grosse série B de luxe, avec un scénario post-apo sans grand intérêt mais un budget plus conséquent que la première bisserie venue… Il faut dire que la présence de Pamela Anderson au casting, fantasme adolescent par excellence en ce temps-là (les maillots de bain d’« Alerte à Malibu » et la chirurgie plastique avaient
déjà amplement joué leurs rôles), n’y est bien sûr pas pour rien : toute de cuir vêtue, incarnant une héroïne de « comics » assez butch à la carrosserie de rêve, elle semble d’ailleurs plutôt à l’aise pour incarner une sorte de super héroïne toujours bien armée, rentre-dedans et carrément « bitchy » ! Le casting se révèle par ailleurs mystérieusement qualifié (on retrouve notamment Udo Kier en bras droit discret de Barb Wire) pour illustrer un récit d’action futuriste pas vraiment honteux, mais tout de même bien paresseux… La mise en scène demeure assez plate, les scènes d’action ne déchirent probablement pas assez, et surtout le film ne s’aventure jamais vraiment sur le terrain du nanar pur, au grand regret de ses spectateurs éventuels d’aujourd’hui… Alors mis à part la mythologie qu’il brode tout autour de son principal atout (à savoir Pamela Anderson), « Barb Wire » se regarde sans vraiment enthousiasmer. Seuls les fans de l’actrice devraient y trouver leur compte, que ce soit avec la séquence d’ouverture du film purement gratuite, dans laquelle on la voit exécuter une danse dans son bar toute mouillée et toute poitrine dehors, ou dans les situations hyper sexy où elle est mise en scène (Pamela Anderson dans ses tenues sexy, Pamela Anderson sur sa grosse moto, Pamela Anderson dans son bain à remous plein de mousse, Pamela Anderson sortant du bain avec son gros flingue, etc., etc.)

mercredi 24 septembre 2014

[Cinéma] Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant, de Peter Greenaway

Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant
de Peter Greenaway
(Pays-Bas, Grande-Bretagne, France, 1989)

★★

Il y a quelque chose de très théâtral et opératique dans cet étrange objet filmique comme aime à en confectionner Peter Greenaway… Quasiment en huis clos dans un restaurant, les mouvements de caméra, amples et proches parfois du plan séquence, semblent rythmer le film en passant - presque en valsant - de l’immense cuisine à la salle à manger, de la cuisine aux toilettes ou encore de la cuisine à l’extérieur, où les camions frigorifiques livrent les victuailles… Chaque lieu semble en outre avoir une couleur bien définie, comme un jeu esthétique pour le spectateur. La cuisine (tout comme son « chef », le « cuisinier ») tient lieu de pièce centrale dans cette œuvre au titre à rallonge, témoignant une nouvelle fois du style extrêmement ludique du cinéaste anglais… La caméra danse, mais les acteurs aussi (tous excellents, Helen Mirren et Richard Bohringer en tête !), et le scénario nous plonge bientôt dans une forme de bouffonnerie inquiétante… Entre les excès colériques du « voleur » (en réalité le patron malfrat et violent du restaurant) et la liaison de sa femme avec un client discret, on se perd avec délices dans ce spectacle cruel et sadique où le petit mirliton chante avec lyrisme pour mieux être maltraité… Le dénouement, aussi inattendu que perturbant, est filmé avec la démesure que Greenaway sait placer dans l’œuvre fascinante (et dévorante !) qu’il a su construire !

lundi 22 septembre 2014

[DVD] Juste un peu de réconfort, de Armand Lameloise

Juste un peu de réconfort
de Armand Lameloise
(France, 2004)

Disponible en DVD chez Outplay


★★

Les éditions vidéos Outplay nous gratifient parfois de petites pépites sorties ou ressorties d’on ne sait où, et c’est bien le cas de « Juste un peu de réconfort », un moyen métrage signé Armand Lameloise… Réalisé en 2004, il décrit l’amour d’un adolescent pour l’un de ses camarades de classes, visiblement plus porté sur la gente féminine… L’histoire n’a l’air de rien, comme ça, et le scénario semblera certes très conventionnel et attendu au bout du compte. Mais la mise en scène du réalisateur, et surtout sa façon de montrer les corps, vivants et brûlants, des adolescents, reste assez impressionnante ! Les corps se touchent, se cherchent, se frôlent… et le film décrit avec une acuité passionnante les affres du désir naissant, la sensualité de la chair gonflée à bloc par les hormones qui démangent. La caméra capte la langueur de corps en attente, puis la fougue de l’action et la réalisation du désir, même si tout n’est encore que fantasme, lors notamment d’une scène de masturbation des plus intenses et fortes que nous aura donné le cinéma sur l’adolescence !

samedi 20 septembre 2014

[Cinéma] Pride, de Matthew Warchus

Pride
de Matthew Warchus
(Grande-Bretagne, 2014)

Sortie le 17 septembre 2014


★★

« Pride » a le mérite d’évoquer une page assez méconnue de la lutte LGBT en Grande-Bretagne, qui malgré sa modestie et sa confidentialité n’est largement pas qu’un « point de détail » de l’histoire du militantisme… au contraire, tant elle rappelle l’essence même de la solidarité et la nécessité d’unir les forces face à un ennemi commun ! Nous voilà donc plongé en 1984, années noires en politique (Margaret Thatcher est au pouvoir) et premières années Sida, dévastatrices pour la communauté gay : pourtant, lors de la Gay Pride, des militants décident de soutenir les mineurs grévistes en récoltant des fonds, contre l’avis d’autres voix, plus soucieuses de se concentrer sur les problèmes propres aux homosexuels… A partir de là, le projet va prendre d’étonnantes proportions, depuis le contact difficile avec les syndicats de mineurs pour leur remettre l’argent à une union insoupçonnée possible entre des êtres très différents (quoique, pas toujours…) pour combattre les mêmes injustices… Il y a une ferveur et une euphorie incroyable dans le film de Matthew Warchus, qui s’inspire autant de la veine sociale du cinéma britannique que de l’histoire des luttes pour les avancées sociétales : « Pride », c’est un peu la rencontre de Ken Loach et de Gus Van Sant, si l’on peut dire… Les acteurs sont à peu près tous parfaits et leurs personnages ne se résument jamais aux archétypes et aux préjugés qu’ils semblent incarner au premier abord, d’où une réelle évolution dans un film généreux, qui nous emporte et nous émeut devant des portraits attachants… Peu importe par ailleurs si la réalité de l’Histoire a très probablement été romancée, l’essentiel est qu’on y croit et qu’un film comme « Pride » nous redonne espoir en la lutte… En ces temps socialement moribonds, on pourra trouver en « Pride » un parfum de nécessité !

vendredi 19 septembre 2014

[Jeu] Le Ciné-rébus # 38


Réponse : Cube
(cube)

Trouvé par Martin

Jouez et gagnez plein de cadeaux avec Phil Siné : guettez la publication des jeux sur le blog, soyez le premier à donner la bonne réponse en commentaire et accumulez un maximum de points afin de choisir le lot que vous convoitez parmi la liste mentionnée un peu plus bas…

Règle du « Ciné-Rébus » : Déchiffrez le titre d’un film dans le rébus ci-dessus et gagnez un point si vous parvenez à être le premier à donner la bonne réponse en commentaire !

A partir de 2 points cumulés, vous pourrez choisir un cadeau parmi les suivants en en faisant la demande à 3615philsine@free.fr :
- 1 badge collector « I [love] Phil Siné » (2 points)
- 1 badge collector « I [star] Phil Siné » (3 points)
- 1 lot des 2 badges collector (4 points)
- DVD « The calling » de Richard Caesar (3 points)
- DVD  "Karaté Dog", de Bob Clark (4 points)
- DVD « Tropical Malady », d’Apichatpong Weerasethakul (5 points)
- 1 TV écran plasma 100 cm (1000 points)
- 1 voyage pour 2 personnes à Hollywood (1300 points)
- DVD « Sugarland Express » de Steven Spielberg (6 points)
- DVD « Le candidat » de Niels Arestrup (4 points)
- DVD "Killing Sharks" de Pat Corbitt et Gary J. Tunnicliffe (5 points)
- DVD "Jack Frost" de Michael Cooney (4 points)
- Coffret DVD Série "Le Caméléon" Saison 1 : épisodes 1 à 11 (7 points)
- DVD L’avion de l’Apocalypse, d’Umberto Lenzi (5 points)
- DVD Monster Brawl, de Jesse T. Cook (5 points)
- DVD Subwave, d'Anton Megerdichev (4 points)
- Double DVD Godzilla : Godzilla vs Biollante et Godzilla vs Mechagodzilla II (8 points)
- Nouveau > DVD « Saw » de James Wan (5 points)

Scores actuels :
π : 12 points
MaxLaMenace_89 : 7 points
Cachou : 7 points
Mister Loup : 5 points
Titoune : 4 points
Foxart : 4 points
Docratix : 2 points
Papa Tango Charlie : 2 points
Adèle de Saint-O : 3 points
Martin : 2 points
Bruce Kraft : 1 point
Niko (de CinéManga) : 1 point
Squizzz : 1 point
FredMJG : 1 point
Marc Shift : 1 point
Cinédingue : 1 point
Maitre Savalle : 1 point
Dom : 1 point
Ronnie : 1 point
Stanley Schnitzler : 1 point
Romainst : 1 point
Zo : 1 point
Didi : 1 point
Alceste : 1 point
Tiopirat : 1 point

Bonne chance à toutes et à tous !

mercredi 17 septembre 2014

[Cinéma] Mommy, de Xavier Dolan

Mommy
de Xavier Dolan
(Canada, 2014)

Sortie le 8 octobre 2014


★★★

Avec « Mommy », le petit prodige du cinéma québécois Xavier Dolan a bien failli rafler une Palme d’or historique à Cannes cette année, en devenant le plus jeune lauréat de ce prix d’excellence… Il n’en sera rien, même si son Prix du Jury comme lot de consolation fait probablement de lui le long métrage le plus remarquable du Palmarès cannois 2014 !

Il faut dire que le scénario de « Mommy » ne peut que remporter l’adhésion et l’amour du public, tant la relation difficile entre cette mère et ce fils malade (il a des troubles du comportement pouvant le rendre assez flippant et même dangereux pour lui-même et les autres) se révèle forte, troublante et déchirante… Les interprètes qui portent cette relation tragiquement humaine sont tous magnifiques, tous aimés tendrement par la caméra de Dolan : Anne Dorval (la mère) et Suzanne Clément (dans le rôle d’une voisine au problème de langage tragi-comique, qui accepte d’aider le garçon dans ses études), bien sûr, actrices fétiches du jeune cinéaste… mais aussi Antoine-Olivier Pilon, épatant dans le rôle du fils perturbé, toujours attachant jusque dans ses accès de colère ou de violence !

Le talent du réalisateur s’exprime dans l’écriture de ces portraits psychologiques extrêmement fins, mais aussi dans une mise en scène parfaitement maîtrisée ! La plus belle trouvaille du film demeure sans doute ce choix du format carré de l’image, qui mise en perspective avec l’aspect rectangulaire de l’écran de cinéma, donne véritablement l’impression d’être plus haute que large… Un choix propice au portrait en photographie, et c’est bien ce que cherche à faire « Mommy » : suivre sans cesse les personnages au plus près, traquer sur leurs visages la moindre parcelle d’émotion, le moindre détail exprimant leur être, sans que l’on ne puisse focaliser et se disperser sur autre chose… Une seule scène fera exception à ce procédé, le temps pour la mère de rêver la vie à venir de son garçon en cinémascope, cette vie « normale » qu’il n’aura justement jamais : le format courant du cinéma associé alors à un pur fantasme…

A l’écran, les scènes de bravoure s’enchaînent et se multiplient : même si Xavier Dolan filme la vie simple, il le fait avec une aisance, une ampleur et une poésie phénoménale… La bande son aide comme toujours dans son cinéma à porter l’émotion, et intensifie plus encore les temps forts d’un film qui nous emporte et dont on ne pourra certainement pas se remettre de sitôt… Tout simplement sublime !

Autres films de Xavier Dolan :

lundi 15 septembre 2014

[Cinéma] Les Gardiens de la Galaxie, de James Gunn

Les Gardiens de la Galaxie
de James Gunn
(Etats-Unis, Grande-Bretagne, 2014)

Sortie le 13 août 2014



Un mois après la sortie du film, Phil Siné va enfin voir « Les Gardiens de la Galaxie »… Il faut dire que je n’étais pas non plus trop chaud pour visionner un énième film de superhéros soporifique, aussi intergalactique soit il, estampillé « Marvel by Hollywood ». Et puis les gens qui te disent que c’est super (comme le film « Super » du réalisateur ?), et puis la critique qui te compare ça à « Star Wars » en son temps (carrément ?!), et puis le succès du film aidant, v’là-ty pas que j’m’en va l’voir au cinéma, crénon ! Pour finir par en sortir plutôt content, mais pas transcendé non plus, faut pas déconner… Le film est sympa, les personnages sont sympas, l’humour est sympa, les références 80’s (l’attachement du héros à un walkman (!), la bande son, Kevin Bacon…) sont sympas… bref, y’a plein de trucs sympas qui permettent de passer un moment sympa ! Ce qui au final est plutôt sympa… Mais soyons réaliste : hormis le ton décalé, le comique souvent absurde et les gags plutôt réussis, le scénario nous fait partir dans un récit hyper classique pour un film de ce genre, agrémenté de scènes d’action bien bourrines qui finissent par nous ennuyer parfois… Sans compter que ceux qui comparent ça à « Star Wars » doivent avoir des moustaches de raton laveur dans les yeux : il manque au récit la dimension mythique et les personnages tourmentés en proie à des doutes existentialistes de la saga culte initiée par George Lucas !

Perspective :

dimanche 14 septembre 2014

[Cinéma] The Voices, de Marjane Satrapi

The Voices
de Marjane Satrapi
(Etats-Unis, Allemagne, 2014)

Film en compétition internationale à l’Etrange festival 2014

Sortie le 11 mars 2015




Si la carrière au cinéma de Marjane Satrapi n’affiche largement pas que des films aussi réussi que « Persepolis », on ne pourra pas lui reprocher une originalité sans cesse renouvelée. Avec « The Voices », elle s’essaie d’ailleurs à un genre de cinéma très segmentant : la comédie d’horreur… et il faut dire que le résultat se révèle plutôt sympathique. On y suit les soucis de Jerry, personnage plutôt dérangé et maladroit, dont un « non-rendez-vous » avec une jeune femme qui lui plaît le mène à la tuer bien malgré lui… enfin presque ! A partir de là, on assiste à une véritable spirale infernale et absurde, qui le transforme en véritable petit serial killer amateur et plutôt « fun »… Bizarre ? Oui ! Mais c’est justement ce ton oscillant entre guimauve (la vision du monde presque en rose bonbon de Jerry lorsqu’il ne prend pas ses médicaments) et horreur pure et dure (la réalité de ses actes monstrueux) qui confère à « The Voices » son atmosphère unique et décalée… Tout n’est pas franchement réussi, avouons-le, mais rien que les hallucinations de Jerry valent le détour, ne serait-ce que pour assister aux conversations hilarantes qu’il entretient avec son chien et son chat, qui figurent les voix de sa conscience, l’une l’incitant à faire le bien et l’autre à trucider sans complexe les jeunes femmes !

Perspective :
- Poulet au prune, de Marjane Satrapi

C'est aujourd'hui le dernier jour pour profiter de l'Etrange festival 2014 : mais qu'attendez-vous donc ?!

Autres films vus à l'Etrange Festival 2014 :
- Lost Soul : The doomed journey of Richard Stanley's Island of Dr Moreau, de David Gregory (Etats-Unis, 2014)
- Visitors, de Godfrey Reggio (Etats-Unis, 2013)

samedi 13 septembre 2014

[Cinéma] Hyena, de Gerard Johnson

Hyena
de Gerard Johnson
(Grande-Bretagne, 2014)

Film en compétition internationale à l’Etrange festival 2014


★★

Avec « Hyena », qui porte plutôt bien son titre par rapport à la vision que le cinéaste donne de l’humanité, Gerard Johnson signe un film extrêmement noir et désespéré autour du parcours d’un flic, dont les rapports qu’il entretient avec les réseaux de dealers et proxénètes violents le font progressivement plonger en Enfer… Pour pénétrer ces réseaux, il doit en effet « se mouiller » et payer de sa personne, quitte à se mettre en dehors de la loi : mais jusqu’où peut-il aller au fond, semble se demander parfois son regard choqué et halluciné ? Le personnage, qui sniffe de la coke à tout bout de plan (comme un gimmick presque drôle dans le film… mais une drôlerie vraiment acide !), semble en plein marasme existentiel avec lui-même, en proie aux doutes et à une crise de conscience insoluble, particulièrement devant les épreuves qu’il traverse, le menant à assister à des crimes atroces et suffocants ! Si beaucoup de subtilités de l’intrigue, assez dense, nous échappent parfois, qu’importe : la force de « Hyena » vient de cette description morbide et ignoble d’un monde atrocement immonde… Cette description s’accompagne d’une mise en scène percutante et ambitieuse, transformant le tissu urbain en véritable jungle anxiogène, où l’horreur peut vous envahir à chaque instant… Un cinéaste talentueux à suivre, pour sûr !


Autres films vus à l'Etrange Festival 2014 :
- Singapore Sling, de Nikos Nikolaïdis (Grèce, 1990) ☝☹
- Alleluia, de Fabrice Du Welz (France, Belgique, 2014)
- It follows, de David Robert Mitchell (Etats-Unis, 2014)

vendredi 12 septembre 2014

[Cinéma] Rampage 2 : You end now, de Uwe Boll

Rampage 2 : You end now
de Uwe Boll
(Canada, Allemagne, 2014)

Inédits et avant-premières de l’Etrange Festival 2014




On se souvient tous du nihiliste et facétieux Bill, l’incroyable « héros » du premier « Rampage », qui massacra joyeusement des dizaines de personnes plus ou moins « au hasard », vêtu de Kevlar et armé jusqu’aux dents… Eh ben le cultissime Uwe Boll (du moins dans le domaine des séries B ou Z improbables) remet le couvert avec cette suite du même acabit, bien qu’un brin en deçà du précédent opus, l’effet de surprise s’étant pour le coup évaporé et les scènes marquantes ou rigolardes se faisant plus rares… On rit sans doute moins (même jaune) ici et le tout semble un peu moins pertinent… Certes, les propos de Bill, notamment sur des vidéos qu’il veut diffuser au plus grand nombre, sont plein de bons mots contre les institutions politiques et la bêtise du monde contemporain, certes on prend un certain plaisir à retrouver ce personnage moitié fou et moitié héros moderne, et certes la séquence où il dégomme tranquillement les passants depuis une ruelle cachée est hilarante, mais le bordel de la mise en scène n’agit pas aussi bien que dans le premier film, et on garde surtout le sentiment que le long métrage ne décolle jamais vraiment… Il manque clairement une ou deux scènes cultes, comme pouvaient l’être celles du salon de coiffure ou du bingo dans le premier volet…

Perspectives :
- Rampage : Sniper en liberté, de Uwe Boll
- Postal, de Uwe Boll


Il est encore temps pour vous d'aller faire un tour à l'Etrange festival !

jeudi 11 septembre 2014

[Cinéma] Killers, des Mo Brothers

Killers
des Mo Brothers
(Japon, Indonésie, 2014)

Film en compétition internationale à l’Etrange festival 2014


★★

« Killers » est l’un de ces thrillers violents que savent nous concocter certains pays asiatiques. Derrière le pseudonyme des « Mo Brothers » se cache en réalité les réalisateurs Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto, à l’origine du film d’horreur « Macabre »… L’originalité de ce nouvel opus vient de l’utilisation des ordinateurs et des réseaux de partage en ligne de type YouTube, puisqu’on y voit deux tueurs mettre en ligne les vidéos de leurs forfaits sadiques sur la toile… Une sorte de compétition semble naître en eux, dénonciation intéressante des dérives de la télé réalité ou de la fascination des images… Mais le film reste aussi un thriller efficace et rondement mené, avec scènes d’action et de violence tout à fait honorables et souvent assez originales… kiffant !

L'Etrange festival au Forum des images de Paris jusqu'à dimanche !

mercredi 10 septembre 2014

[Cinéma] Les tueurs de la lune de miel, de Leonard Kastle

Les tueurs de la lune de miel
de Leonard Kastle
(Etats-Unis, 1970)

Film présenté à l’Etrange Festival 2014, dans le cadre de la carte blanche à Jacques Audiard




Présenté par Jacques Audiard en personne à l’Etrange festival 2014 (ce qui en soi impressionne déjà un peu), « Les tueurs de la lune de miel » est un film que l’on peut qualifier de « culte » à plus d’un titre ! D’abord, son économie relève de l’improbable : tournage bâclé, metteurs en scène virés du plateau (dont Martin Scorsese lui-même, dont on jugea qu’il tournait trop lentement), reprise en main du film par quelqu’un dont ce n’est absolument pas le métier (Leonard Kastle, dont cela restera d’ailleurs l’unique film comme réalisateur)… Ensuite, le scénario s’inspire d’un fait divers réel, celui d’un couple dont l’homme charme des femmes esseulées pour mieux les dépouiller (et les tuer !) avec sa compagne, qui servit de trame à de nombreux autres films, comme « Bonnie and Clyde », « La balade sauvage », ou encore « Alleluia » de Fabrice du Welz, un peu décevant par rapport à « Calvaire » (du même réalisateur) mais également présenté lors de cette édition de l’Etrange festival ! Bref, le long métrage en lui-même propose une image dégueulasse digne de la plus vile des séries B, des scènes de meurtres hystériques, monstrueuses et ignominieuses, une bande originale de musique classique qui confère à l’ensemble un ton carrément décalé et des acteurs atypiques, au service d’un déboulonnage en règle de la société américaine…


Vite, courez à l'étrange festival tant qu'il est encore temps !!

[Sortie cinéma] Near Death Experience, de Benoît Delépine et Gustave Kervern

Near Death Experience
de Benoît Delépine et Gustave Kervern
(France, 2013)

Sortie le 10 septembre 2014

★★

Retrouvez la critique de ce super film par Phil Siné en cliquant ici !

dimanche 7 septembre 2014

[Cinéma] Hippocrate, de Thomas Lilti

Hippocrate
de Thomas Lilti
(France, 2014)

Sortie le 3 septembre 2014



Contrairement à ce que la bande annonce laisse peut-être trop suggérer, « Hippocrate » n’est pas une comédie… ou « pas que », tout du moins ! Le comique du film vient principalement de l’acteur Vincent Lacoste, jeune interne nonchalant plongé dans le vrai travail de médecin, au sein d’un service hospitalier… Pour le reste, le long métrage de Thomas Lilti sait être bien plus subtil, en se transformant petit à petit en véritable état des lieux de l’hôpital en France aujourd’hui, avec tous ses problèmes d’éthique et son manque de moyens grandissant, à l’instar de ce que pouvait être la série « Urgences » pour les Etats-Unis il y a quelques années, l’esbroufe d’un service des urgences en moins… Si le scénario n’est pas toujours abouti et si un petit passage à vide se fait notamment sentir, on admire les sujets déployés, souvent difficiles (le statut des médecins étrangers en France, l’accompagnement des mourants, la volonté de rendre la santé « rentable », le délabrement du matériel de certains hôpitaux…), dans une comédie douce-amère et populaire, qui on l’espère saura faire émerger des consciences, afin que le serment d’Hippocrate du corps médical ne se transforme pas trop vite en serment d’hypocrites…

samedi 6 septembre 2014

[Cinéma] White God, de Kornél Mundruczó

White God
de Kornél Mundruczó
(Hongrie, Allemagne, Suède, 2014)

Film en compétition internationale à l’Etrange festival 2014

Sortie le 3 décembre 2014


★★

Prix un Certain Regard au dernier festival de Cannes et « Palm Dog » pour l’un des chiens interprétant Hagen, le héros canin du film, « White God » est un pur OVNI cinématographique, entre cinéma d’auteur et film de genre… Il raconte l’histoire d’un chien abandonné par ses propriétaires par refus de payer une taxe sur les « bâtards », ces chiens croisés qui ne sont pas des races pures : autant dire que rien que ce contexte donne au film hongro-germanique un caractère éthique et politique tout à fait percutant… Livré à lui-même dans la ville, perdu et naïf, Hagen va alors se confronter à l’horreur de la race humaine, qui veut sans cesse lui faire du mal ou le dresser pour des combats de chiens (scène impressionnante et amère où il mettra à mort un de ses semblables…) Sa vengeance sera terrible, le récit le conduisant en véritable « prophète » et meneur d’une révolte des chiens, s’enfuyant d’un chenil pour mettre la ville à feu et à sang ! On retient des plans assez sidérants et admirables en terme de dressage… mais l’un d’eux marque particulièrement les esprits, tant il illustre peut-être la clé du long métrage : Hagen courant seul sur une route, la nuit, éclairé d’une mystérieuse lumière blanche, comme auréolé d’une puissance divine, expliquant ainsi le titre du film, qui demeure en outre un hommage au « White Dog » de Samuel Fuller, par un jeu de consonnes inversées… Si le film peut se lire comme une métaphore d’une race maltraitée par une autre, il rappelle aussi que la nuance existe et qu’il suffit souvent d’avoir un cœur aimant, à l’image de celui de la vraie maîtresse de Hagen, ou plus précisément son « amie » : une petite fille à qui on a pris son chien… Merveilleuse séquence où on la voit stopper la révolte au son de sa trompette, la musique et plus généralement la culture comme arme contre la bêtise ! Original et vivifiant, « White God » est assurément un film qui marquera les esprits…

Perspectives :

vendredi 5 septembre 2014

[Cinéma] Open Windows, de Nacho Vigalondo

Open Windows
de Nacho Vigalondo
(France, Espagne, Etats-Unis, 2014)

Film en compétition internationale à l’Etrange festival 2014




Le festival commence doucement pour moi avec ce film de l’espagnol Nacho Vigalondo : « Open Windows ». Le fan d’une actrice célèbre se retrouve pris au piège par un maniaque anonyme qui lui propose d’observer l’actrice via de nombreuses caméras sur internet… Si le film n’est pas vraiment bon, on ne peut pas dire qu’il soit pour autant mauvais ! Déjà, Elijah Wood est étonnant quand il se lance comme ça dans un petit film le remake de « Maniac »). Et puis la multiplication des vidéos sur l’écran d’ordinateur du personnage nous permettent de suivre l’action entre une distance angoissante et un soupçon permanent sur la vérité des images, qui fonctionne plutôt bien… « Open Windows » tente d’ailleurs une réflexion sur l’omniprésence des caméras et des nouvelles technologies dans nos vies, tout en démontrant qu’elles ne sont pas forcément là pour nous rassurer, voire qu’elles aboutissent à l’exact contraire ! Une furtive séquence montre également le navrant spectacle de la télé réalité ou du pouvoir de fascination des écrans, qui conduisent à des comportements retors : on y voit l’actrice sur le point de mourir si les internautes connectés ne se déconnectent pas de l’image… le résultat est que le nombre de connexions ne cessent justement d’augmenter ! Mais bon, tout cela n’est cependant guère approfondi, et le film souffre aussi de quelques longueurs et d’une tonalité un brin nonchalante à certains moments… Appréciable, mais parfaitement dispensable, au fond…

de genre (on l’avait déjà vu dans

jeudi 4 septembre 2014

[Cinéma] Métamorphoses, de Christophe Honoré

Métamorphoses
de Christophe Honoré
(France, 2014)

Sortie le 3 septembre 2014


★★★

Je ne le dirai sans doute jamais assez, mais Christophe Honoré est un génie ! En adaptant « Les Métamorphoses » d’Ovide dans le monde d’aujourd’hui, il relève un défi un peu fou, décidément fougueux et véritablement atypique… et la réussite est au rendez-vous ! Pour ses « Métamorphoses » à lui, pas de transformations sensationnelles et pleines d’esbroufes, à grands coups d’images de synthèse ultramodernes : il préfère la poésie de simples effets de montage, privilégiant ainsi toujours la pure mise en scène plutôt que la froideur de l’effet technique… Un garçon se couche à terre : un plan sur son visage convulsé et son regard se portant vers ses membres inférieurs, puis un plan sur ses jambes devenues des pattes animales, et un retour enfin sur le haut de son corps, désormais animal lui aussi. Comme le dit le cinéaste lui-même, son but est de « ne pas faire voir mais faire croire » : il nous emmène ainsi dans le domaine de l’illusion et osons le dire dans celui du cinéma à l’état pur !

Comme pour « La Belle personne » (adaptation contemporaine de « La princesse de Clèves »), Honoré convoque une œuvre du passé pour mieux en saisir l’actualité, et par là même l’éternité ! En ancrant les « Métamorphoses » dans notre présent, il s’en sert pour explorer sociologiquement le monde qui l’entoure, voire pour aborder des thèmes qui lui sont chers : l’hypocrisie religieuse à la sortie d’une Eglise, la charité désintéressée récompensée, le suicide adolescent (avec Narcisse), le changement de genre ou de sexe (Tirésias), l’indétermination sexuelle (Hermaphrodite)… etc.

La mythologie est ainsi brassée dans un esprit d’audaces et de libertés qui stimulera et égayera l’esprit des cinéphiles ! La ville est confrontée à la nature (Honoré passe avec talent, parfois à l’aide d’un même plan, de l’une à l’autre avec une grâce sidérante : un simple mouvement de caméra peut nous emmener d’un parking entouré de barres HLM à un espace de végétation tout à fait bucolique). Le désir et la chair sont glorifiés avec une sensualité folle : le réalisateur a employé à dessein de nombreux jeunes comédiens non-professionnels, qu’il déshabille à loisir avec une belle espièglerie libertaire, pour obtenir d’eux une spontanéité et un jeu tout à fait nouveau dans le cinéma… Et l’on pourra en outre admirer le fil narratif du film, qui laisse s’enchevêtrer les histoires comme des récits à tiroirs, emboîtés les uns dans les autres et multipliant les personnages avec un talent d’écriture absolument admirable ! Christophe Honoré signe ainsi avec « Métamorphoses » une nouvelle œuvre inattendue et forte, au pouvoir évocateur incroyable, parcouru par une force poétique et une originalité profondément aimable…

Autres films de Christophe Honoré :
Les Bien-aimés (2011)
Les chansons d’amour (2007)
17 fois Cécile Cassard (2001)
Homme au bain (2010)

Perspective :
Déclaration d'amour à Christophe Honoré

mardi 2 septembre 2014

[Festival] L’étrange festival 2014

L’Etrange Festival a 20 ans ! Oui, vous lisez bien : 20 ans !! Alors ça se fête et sans hésiter, on se bouge un peu le cul et on va l’asseoir sur les sièges du Forum des images à Paris du 4 au 14 septembre 2014… Croyez-moi : vous ne serez certainement pas déçu du déplacement !

Alors pour célébrer dignement (mais toujours très étrangement) la vingtième édition de cet étonnant festival, véritable événement culte pour le cinéphile excentrique, les organisateurs nous réservent une progra du tonnerre de Zeus ! Entre une « ouverture » et une « clôture », vous aurez droit à une compétition d’une vingtaine de longs métrages de « ouf », à des cartes blanches (proposées notamment à Jacques Audiard et Sono Sion), à des inédits et à des avant-premières exclusives, à des évènements, à des invités, à des pépites… et même à une sorte de « best of » du festival, sous la mention « 20 ans, 20 films » !

Bien sûr, Phil Siné y sera et tâchera de vous rendre compte en léger différé des films qu’il y verra sur ce joli blog…

Bon, je suis sûr que vous mourrez d’envie d’en savoir plus, alors ne perdez plus une seconde et ‘fêtez’ votre programme en consultant sans attendre le site internet de l’Etrange Festival 2014 ! Bonnes proj’ à toutes et à tous !

lundi 1 septembre 2014

[Reprise] La mort aux trousses, de Alfred Hitchcock

La mort aux trousses
de Alfred Hitchcock
(Etats-Unis, 1959)

Reprise en salles le 30 juillet 2014


★★★

Au fond, le célèbre film d’Hitchcock, « La mort aux trousses », n’est rien d’autre que la mise en scène d’une grosse histoire de cul… Car avec son espiègle bonhomie, le cinéaste a beau essayer de détourner notre attention avec une mystérieuse intrigue où un homme est pris dans l’engrenage d’une cauchemardesque course contre la mort, ou avec des scènes d’action à gogo (et impressionnantes avec ça, que ce soit l’attaque culte par un avion dans un champ défriché ou les cascades au sommet du Mont Rushmore !), on n’est pas dupe et on voit très vite que la seule chose qui l’intéresse vraiment, c’est la relation du pauvre publiciste malchanceux (une vengeance personnelle contre ceux qui nous vendent du vent ?) et de l’espionne sulfureuse… Le ton dominant du film n’est d’ailleurs pas le suspense ou la terreur comme sur d’autres de ses longs métrages, mais bel et bien la comédie (les gags et les bons mots se multiplient) et la romance ! Et cette relation entre Cary Grant et Eva Marie Saint n’est pas piquée des vers, pour ne pas dire qu’elle flirte avec le libertinage pur et dur… En vrai coquin, Hitchcock montre une rencontre très « hot » entre les deux chaud lapins : dans un train, vas-y que je te séduis avec mes grosses bottes et que je te multiplie les allusions scabreuses… La scène de cul du film se révèle d’ailleurs la vraie conclusion de toute l’affaire et la toute dernière image du film n’est-elle pas un train qui pénètre à toute vitesse dans un tunnel ? Ah, mais quel gros dégueulasse c’était, ce Hitchcock, quand même !