mercredi 17 septembre 2014

[Cinéma] Mommy, de Xavier Dolan

Mommy
de Xavier Dolan
(Canada, 2014)

Sortie le 8 octobre 2014


★★★

Avec « Mommy », le petit prodige du cinéma québécois Xavier Dolan a bien failli rafler une Palme d’or historique à Cannes cette année, en devenant le plus jeune lauréat de ce prix d’excellence… Il n’en sera rien, même si son Prix du Jury comme lot de consolation fait probablement de lui le long métrage le plus remarquable du Palmarès cannois 2014 !

Il faut dire que le scénario de « Mommy » ne peut que remporter l’adhésion et l’amour du public, tant la relation difficile entre cette mère et ce fils malade (il a des troubles du comportement pouvant le rendre assez flippant et même dangereux pour lui-même et les autres) se révèle forte, troublante et déchirante… Les interprètes qui portent cette relation tragiquement humaine sont tous magnifiques, tous aimés tendrement par la caméra de Dolan : Anne Dorval (la mère) et Suzanne Clément (dans le rôle d’une voisine au problème de langage tragi-comique, qui accepte d’aider le garçon dans ses études), bien sûr, actrices fétiches du jeune cinéaste… mais aussi Antoine-Olivier Pilon, épatant dans le rôle du fils perturbé, toujours attachant jusque dans ses accès de colère ou de violence !

Le talent du réalisateur s’exprime dans l’écriture de ces portraits psychologiques extrêmement fins, mais aussi dans une mise en scène parfaitement maîtrisée ! La plus belle trouvaille du film demeure sans doute ce choix du format carré de l’image, qui mise en perspective avec l’aspect rectangulaire de l’écran de cinéma, donne véritablement l’impression d’être plus haute que large… Un choix propice au portrait en photographie, et c’est bien ce que cherche à faire « Mommy » : suivre sans cesse les personnages au plus près, traquer sur leurs visages la moindre parcelle d’émotion, le moindre détail exprimant leur être, sans que l’on ne puisse focaliser et se disperser sur autre chose… Une seule scène fera exception à ce procédé, le temps pour la mère de rêver la vie à venir de son garçon en cinémascope, cette vie « normale » qu’il n’aura justement jamais : le format courant du cinéma associé alors à un pur fantasme…

A l’écran, les scènes de bravoure s’enchaînent et se multiplient : même si Xavier Dolan filme la vie simple, il le fait avec une aisance, une ampleur et une poésie phénoménale… La bande son aide comme toujours dans son cinéma à porter l’émotion, et intensifie plus encore les temps forts d’un film qui nous emporte et dont on ne pourra certainement pas se remettre de sitôt… Tout simplement sublime !

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