dimanche 23 février 2014

[Critique] Only lovers left alive, de Jim Jarmusch



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Only lovers
left alive



de Jim Jarmusch



(Allemagne, Grande-Bretagne, France, Chypre, 2013)



Le Jour du Saigneur # 137



Sortie le 19 février 2014




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« Même s'ils sont séparés par de grandes distances spatiales, les deux éléments ne sont pas indépendants et il faut les considérer comme un système unique » : en nous expliquant le principe
d’intrication quantique (eh oui, pas moins !), Jim Jarmusch nous parle bien évidemment du couple que forme les deux personnages principaux de son nouveau film… Adam et Eve (c’est leurs prénoms)
ont beau vivre séparément (lui à Détroit, elle à Tanger), ils sont constamment soudés l’un à l’autre, unis par un grand mystère… Unis par la pensée, unis par la musique… et unis bien sûr par la
malédiction qui est la leur : vampires, ils ont épuisés le monde depuis des siècles, blasés de vivre encore parmi ceux qu’ils appellent les « zombies », soit les autres humains, vivant encore
mais malades, drogués, contaminés… tristes ! Seuls des morts-vivants amoureux se dressent encore parmi des vivants presque déjà morts, en somme : « Only lovers left alive », comme le clame très
bien le titre du film…

Tom Hiddleston et Tilda Swinton portent à merveille l’atmosphère poétique et jour_du_saigneur_bis.jpgéthéré du long métrage : lui en charme
livide et distant, elle en froideur fascinante… L’univers qu’ils habitent demeure profondément « jarmuschien » : une sorte de balade sous hypnose, faite de mélancolie douce, de références
cultivées, de charme vintage et d’un humour discret mais irrésistible… Le cinéaste revisite le mythe du vampire, mais en respectant ses codes romantiques (contrairement à bon nombre de
propositions contemporaines, essentiellement adressées aux adolescents…) Il y ajoute ses lubies et tout ce qui fait l’étonnant méli-mélo qui caractérise son cinéma : ici, la musique – à travers
les vinyles ou les guitares de collection – se « dealent » comme de la drogue, la littérature s’invite par diverses citations ou par des valises qu’on remplit de bouquins, et les corps sont
filmés avec une étrangeté formaliste très belle (il faut voir notamment les poses que prend le couple en dormant, mêlant ou « intriquant » leurs membres au point qu’on se demande à qui chacun
d’eux correspondent…) Un nouveau très beau voyage onirique que le réalisateur rétro-culte nous propose, en forme de trip sous morphine au plus profond de lumineuses ténèbres…



Autres films de Jim Jarmusch :



The limits of control (2009)



Mystery train (1989)































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2 commentaires:

  1. Bien aimé, il manque un truc en plus pour nous combler... 2/4

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  2. Rebonjour Phil, oui, un film planant comme la musique. On est en apnée. Bonne journée.

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