vendredi 2 août 2013

[Carte blanche] Nino Rota, Federico Fellini et "Les nuits de Cabiria" (vu par Dom)


nuits_de_cabiria.jpgPassez un été "en chanté" avec Phil Siné !



Fan de David Lynch, apprenti cinéaste (et romancier à l'occasion), Dom
est aussi un éminent ciné-blogueur sur "Silence... Action!" Il se livre pour Phil Siné à une analyse d'un morceau de la musique de Nino Rota sur le
film de Fellini : "Les nuits de Cabiria"...



C'est de notoriété publique : la musique joue un rôle primordial au cinéma, capable de sublimer une scène ou au contraire, d'anéantir tous les efforts du réalisateur. On peut reconnaître la
grandeur d'une musique de film par sa capacité à évoquer à elle seule certaines scènes de l'oeuvre. Au fil de la mesure, de la mélodie qui s'envole, les acteurs reprennent vie, les décors se
reconstituent, et l'émotion revient aussi. Il suffit parfois d'entendre un air seulement, une poignée de notes sifflotées ici ou là, dans les transports en commun ou au bureau et ça y est, le
film nous reprend dans ses bras. C'est un morceau de cette trempe sur lequel je souhaite exprimer maladroitement ma passion ici, « Le Notti di Cabiria » de Nino Rota, composé pour le
film éponyme de Federico Fellini et que je vous recommande d'écouter dès à présent :













Nino Rota et Federico Fellini, un véritable mariage, et pour le meilleur seulement : la mort du compositeur en 1979 mettra fin à une longue et fantastique collaboration, ayant débuté dès le
deuxième long métrage de Fellini, « Les Inutiles ». Réalisé en 1957, « Les Nuits de Cabiria » a tendance à rester dans l'ombre du chef d'oeuvre « La Strada »,
sorti trois ans auparavant. Se déroulant à Rome, ce petit bijou met à nouveau en scène Giulietta Masina dans le rôle d'une prostituée qui cherche l'amour, le vrai, celui qui a la main sur le
coeur et non sur le portefeuille. Une des forces du morceau « Le Notti di Cabiria » réside dans ses variations, ses changements de ton et de rythme qui reflètent parfaitement le
parcours de la malchanceuse et sympathique Cabiria.



cabiria_masina.jpg



Le morceau s'ouvre sur un rythme jazzy et guilleret, invitant à la danse. On est pris dans une allégresse typiquement fellinienne, burlesque et enivrante. Rapidement, on atteint le merveilleux
thème symphonique décliné sous divers arrangements au cours du film. Nino Rota joue sur un thème court et entêtant, à la mélancolie douce, qu'il enrichit avec la simplicité d'un orchestre
réduit. Que l'on connaisse le film ou non, il est difficile de ne pas s'émouvoir face à cette envolée de violons, accompagnée par une harpe discrète. Cette séquence d'une grande sensibilité
s'évanouit au profit des instruments d'ouverture. Guitare, trompette, contrebasse et batterie reviennent pour prolonger la promenade romaine. Il suffit de fermer les yeux pour se retrouver au
bras de Cabiria dans ses errances nocturnes. En douceur, le rythme s'accélère et les accents italiens se manifestent plus fortement avant de retrouver le coeur émotif du morceau. C'est la
délicate mélodie contrastant avec les parties les plus rythmées qui met un terme à cette musique qui pourrait très bien fonctionner comme une boucle, à la manière du destin de la protagoniste.
Le talent de Nino Rota réside ici dans sa capacité à accompagner l'héroïne sur la juste mesure, lui offrant un thème émouvant qui évite les travers du pathos. « Le Notti di Cabiria »
caractérise autant l'univers entourant Cabiria que l'agitation en son for intérieur, où la joie et les peines se pourchassent jusqu'à l'aube. Nul doute que l'impact du film serait réduit sans
cette dimension musicale fondamentalement classique, sobre, mais si idéale.



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