dimanche 26 mai 2013

[Critique] Freddy – Chapitre 7 : Freddy sort de la nuit, de Wes Craven



freddy_7_sort_de_la_nuit.jpg
(Etats-Unis, 1994)



Le Jour du Saigneur # 117




star.gif

star.gif


Septième film de la saga « Freddy », ce « Freddy sort de la nuit » (« New Nightmare » en V.O.) n’est pourtant pas une « suite » au sens traditionnel du terme. En effet, après avoir tué pour de bon le vilain croquemitaine
dans le sixième opus
aussi poussif que les quelques précédents, difficile de poursuivre l’air de rien la franchise. C’est ainsi que pour fêter les dix ans de la série à succès, Wes Craven a
l’idée en 1994 de reprendre en main le personnage de Freddy Krueger et de revenir sur la matrice originelle de sa créature : soit « Les griffes de la nuit », son propre film… Il va alors au-delà de tout ce
qu’on pouvait imaginer, en ébauchant un travail de mise en abyme aussi étonnant que passionnant, travail qu’il poursuivra et approfondira bien plus largement à travers sa saga « Scream » !

Ainsi, il fait intervenir non pas les personnages du premier film dans le script de ce « Freddy sort de la nuit », mais leurs propres interprètes, ainsi que les jour_du_saigneur_bis.jpgproducteurs et concepteurs du long métrage, allant jusqu’à apparaître lui-même à l’écran ! Il part du postulat que suite à la fin de la
saga, la créature cauchemardesque essaie de réapparaître dans la réalité elle-même… L’actrice Heather Langenkamp (l’héroïne Nancy dans « Les griffes de la nuit ») fait ainsi des cauchemars et semble poursuivie
par l’ombre de Freddy (un tremblement de terre fissurant un mur de sa maison comme des griffes, des appels anonymes lui chantant la comptine du célèbre monstre griffu, son fils terrifié par un
homme qui veut l’enlever…) Parallèlement, un nouveau film est sur le point de se monter et Wes Craven himself, dont les cauchemars sont également revenus, est en train d’en écrire le scénario… On
vous laisse imaginer tous les effets de troubles que le film réserve pour le spectateur, perdu entre fiction et réalité, cauchemars des personnages ou des acteurs eux-mêmes… Qui joue ? Qu’est-ce
qui est vrai ? Est-on en train d’assister à un film en train de se faire au fur et à mesure ? Craven interroge au fond la force de la fiction au sein même du réel… Une scène assez curieuse nous
montre par exemple Heather Langenkamp jouant à être Heather Langenkamp jouant malgré elle le personnage de Nancy : le spectateur peut commencer à avoir le vertige, même si cela demeure très
timide par rapport à ce que sera « Scream ».

Cette perspective de la fiction agissant sur la réalité est d’ailleurs d’autant plus vraie que le film met en scène la « Freddy mania » du monde réel, dont les fans étaient frustrés de voir leur
saga préférée ainsi achevée pour toujours… L’ironie du cinéaste va jusqu’à filmer un plateau de télévision où Heather Langenkamp se fait interviewer et où Robert Englund (l’interprète de Freddy
dans la « réalité ») vient se trémousser déguisé en Freddy sous les hourras d’un public en délire… On y voit bien sûr les dérives de starisation du monstre que les suites de la saga ont engendré,
laissant le sadique originel devenir une sorte de bête de foire venue faire son show et s’autoparodiant pathétiquement.

Pour clore le bec à tout le monde, Wes Craven ressuscite alors un Freddy nouvelle génération, qui se rapproche plus de la version qu’il avait initiée à la base : soit un être sanguinaire et
vraiment terrifiant… Son relooking lui donne un côté presque fétichiste (ça doit être le pantalon en cuir…) et des griffes plus acérées que jamais ! Les scènes de terreur de « Freddy sort de la
nuit » sont en outre souvent impressionnantes, malgré quelques effets numériques malheureux (qui étaient alors déjà à la mode…) : on pense notamment au meurtre de la baby-sitter à l’hôpital,
montrant un Freddy capable de grimper aux murs et au plafond, hommage direct à l’une des scènes de meurtres les plus fameuses du premier opus… La débauche d’effets spéciaux devraient ainsi ravir
les amateurs (voire notamment le finale assez grandiose dans le monde de Freddy), même si son aspect par nature ostentatoire la rende pourtant moins terrifiante ou efficace que les effets plus
diffus du film « matrice », auquel on ne pourra probablement jamais cesser de faire allusion lorsqu’on évoquera Freddy…



La saga Freddy :



- Freddy : les griffes de la nuit, de Wes Craven (1984)



- Freddy 2 : la revanche de Freddy, de Jack Sholder (1985)



- Freddy 3 : les griffes du cauchemar, de Chuck Russell (1987)



- Freddy 4 : le cauchemar de Freddy, de Renny Harlin
(1988)



- Freddy 5 : l’enfant du cauchemar, de Stephen Hopkins
(1989)



- Freddy 6 : La fin de Freddy – L’ultime
cauchemar, de Rachel Talalay (1991)



- Freddy : les griffes de la nuit (reboot), de Samuel Bayer (
2010)































  • Plus










2 commentaires:

  1. Un épisode sympa mais le must reste le premier. De toute façon, pour m'être refait la saga il n'y à pas longtemps, hormis le premier qui sors du lot, le reste est quand même assez moyen et doit
    surtout au charisme de son méchant.

    RépondreSupprimer
  2. Oui j'ai eu la même expérience. J'avais vu la franchise dans son intégralité en l'ayant globalement apprécié malgré des volets moyen (de mémoire bizaremment je crois que c'est le 2 ou le 3 avec
    qui j'ai le plus de mal) et en l'ayant revu récémment, j'ai été très déçu trouvant que ça manquait de fun... C'est une sensation assez étrange.

    RépondreSupprimer