mercredi 24 avril 2013

[Critique] Viramundo : un voyage musical avec Gilberto Gil, de Pierre-Yves Borgeaud (vu par Not-Zuul)



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(France, Suisse, 2013)



Sortie le 8 mai 2013

« La musique, bien sûr, est l’élément central de Viramundo. Elle relie les continents, les cultures et les générations. La musique est pour chacun un moyen d’exprimer son identité. Mais c’est
aussi un langage universel qui raconte, au-delà des mots, la possibilité de vivre ensemble et la beauté de la diversité culturelle ». Au sein de trois régions du monde où persistent encore
d’inutiles discordes sur les différences ou la «  race » (je n’aime décidément pas bien ce terme-là…) des populations locales, le musicien Gilberto Gil pose un regard sincère sur le problème
de la reconnaissance culturelle. Il s’inquiète du racisme dans un sens comme dans l’autre et se préoccupe de l’accès à tous à la culture, notamment en soutenant l’installation d’ordinateurs
connectés à Internet pour les enfants d’un centre urbain de son Brésil natal. Sa musique, dit-il, est au départ celle du Salvador et son carnet de voyage commence donc logiquement à Bahia, où
l’artiste se joint au passage à la troupe Filhos de Gandhy pour une célébration de candomblé. Il part ensuite pour l’Australie mais on ne retient finalement pas grand-chose de son entretien avec
le Peter Garrett des Midnight Oil (mais si : « Beds are Burning », c’est eux !), alors que les deux hommes partagent pourtant l’expérience
d’avoir été musiciens puis ministres, deux approches pour tenter de faire bouger les choses... L’échange est déjà plus spontané lorsque Gilberto Gil mêle sa voix au flow de jeunes rappeurs
aborigènes exprimant, chacun avec ses propres mots, parfois bien pesés et parfois plutôt vengeurs, leur attachement à une identité ethnique que leur pays peine visiblement à leur reconnaître. Le
musicien part alors au contact direct de cette culture unique et découvre ses rites ancestraux dans un mutisme inhabituel… Puis il rejoint l’Afrique du Sud, y croise des gens,  revient au
Brésil, cette fois en Amazonie, pour moult rencontres encore, et on voyage ainsi d’étape en étape sans réel commentaire de l’artiste ni du réalisateur, Pierre-Yves Borgeaud, sur ce que ces
échanges apportent finalement à leur réflexion.

Le propos du documentaire a dû m’échapper… mais le « voyage musical » de son sous-titre tient en revanche toutes ses promesses. On découvre au fil des images des musiques traditionnelles sans âge
(par exemple lorsque le très beau percussionniste Gustavo Di Dalva, qui rythme les musiques de Gilberto Gil depuis bientôt 20 ans, s’initie difficilement au didgeridoo sur le territoire des
crocodiles) ou des initiatives très contemporaines à la croisée des genres, telles que le génial MIAGI (Music Is A Great Investment) Youth Orchestra, une formation sud-africaine qui fait
communier la musique classique ou indigène avec le modernisme du jazz. La musique  de Gilberto Gil est à cette image, sans cesse à la recherche de passerelles entre les styles et les
époques. Lorsque s’y ajoutent les voix amies de Shellie Morris (chanteuse australienne aborigène) ou de Vusi Mahlasela (musicien africain), ce n’est pourtant pas « au-delà des mots » à mon avis
mais bien grâce à eux (via les sous-titres des chansons proposées) que le spectateur pourra peut-être enfin faire le lien entre les images à l’écran et le message du film… La formidable «
Viramundo » qui donne son titre au documentaire ne peut qu’enthousiasmer, portée par la voix chaude et étonnante de Gilberto Gil, qui s’emporte parfois
par surprise au cours des morceaux, passant du chant au cri aigu primitif selon l’émotion et l’énergie du moment. De concerts en public en sessions acoustiques plus ou moins improvisées, les
ongles impressionnants de la main droite de Gilberto Gil se font plectres naturels pour frapper avec passion les cordes des guitares. Indifféremment sèches ou électriques, celles-ci symbolisent
aussi son attachement égal à la tradition comme à la modernité, à la nature comme à la vie urbaine. Le film se conclut sur un émouvant duo final avec la chanteuse brésilienne Sabrina Santos dont
les images accompagnent en plein écran la totalité du générique de fin… ce qui décidément ne retient pas d’avantage le public dans la salle qu’un simple fond noir sur lequel défileraient comme
d’habitude les crédits « musique » et autres dédicaces qui semblèrent n’intéresser que moi cette fois encore. Mécréants.



Par Not-Zuul



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