dimanche 17 février 2013

[Critique] Nosferatu, de Friedrich Wilhelm Murnau


nosferatu.jpg(Allemagne, 1922)



Le Jour du Saigneur # 103




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Difficile d’évoquer le film mythique de Murnau sans parler de son histoire et de ce qu’il reste du film aujourd’hui. Car comme pour la plupart des œuvres du cinéma muet qui nous sont parvenues,
les versions de « Nosferatu » que nous connaissons aujourd’hui ne sont pas exactement celles qui sont sorties dans les salles en 1922, même si elles s’en approchent certainement beaucoup… Le long
métrage étant une adaptation non officielle du roman « Dracula » de Bram Stocker (le budget de la production ne permettant pas de se payer les droits d’adaptation, il fut simplement décider de
changer les noms des personnages), la conservation du film fut ainsi compromise par la crise de colère de la veuve du romancier, qui réussit à faire interdire « Nosferatu » par un tribunal, qui
ordonna la destruction de toutes les copies… Heureusement jour_du_saigneur_bis.jpgpour nous, certaines personnes jugèrent
bon de désobéir à la loi et des copies furent ainsi retrouvées miraculeusement des années plus tard… Les versions que nous connaissons désormais demeurent bien sûr des remontages, reconstitués le
plus fidèlement possible à ce que devait être le montage original, mais ça personne ne pourra bien évidemment le vérifier, notamment par rapport à la question des cartons intégrés entre les
diverses séquences… Si la partition musicale composée initialement pour le film a été perdue depuis longtemps (libre du coup à chacun de choisir la bande son qui lui conviendra pour regarder le
film : pourquoi pas un album de death metal tiens ? ou alors la BO d’un film de Tim Burton ? ou encore sans son du
tout, comme nous le décrit par là Not-Zuul
?), le débat entre version en noir et blanc et version (re)colorisée devrait normalement faire s’orienter le spectateur vers la version en couleurs
(aussi étrange qu’il y paraisse), puisque le film avait a priori été conçu « en couleurs » selon la volonté de Murnau, du moins avec une pellicule teintée parfois en bleu pour figurer la nuit,
parfois en jaune / sépia pour figurer le jour…

Si le temps a ainsi fini par proposer de multiples façons de découvrir « Nosferatu » aujourd’hui, le public sera pourtant happé de la même façon par les images du film, quelle que soit la version
qu’il choisira pour le voir… Il faut dire que l’inspiration dite « de l’expressionnisme allemand » du long métrage propose un rendu visuel souvent fort et sidérant ! Le jeu très expressif et
exagéré des acteurs, le travail constant sur les ombres et les lumières, participent à donner à l’œuvre une substance puissante et inquiétante ! Murnau sait faire naître la noirceur et par là
même l’horreur à travers une mise en scène rompue à une certaine forme d’outrance et par l’utilisation de multiples techniques qui ont fait tout le charme du cinéma muet de ces années-là :
changer la vitesse de filmage pour permettre des mouvements accélérés des personnages ou des véhicules, développer le film en négatif pour inverser les nuances de noir et de blanc et donner ainsi
une atmosphère parfaitement « fantastique »… les astuces se multiplient et la réalisation se fait peu à peu grandiose et marquante, jusqu’à ce plan inoubliable de l’ombre du vampire montant un
escalier portée sur le mur et grandissant peu à peu, lui conférant une main et des doigts de plus en plus gigantesques et menaçants…

Le sentiment de terreur et d’horreur était bien là, même si certaines scènes nous font maintenant quelque peu sourire… mais c’est aussi cela le charme actuel de ce cinéma d’antan, qui traverse le
temps avec fougue et passion ! Murnau avait d’ailleurs le sens du détail culte pour entourer le tournage de son film de mystère (et susciter ainsi l’intérêt des futurs spectateurs), laissant
naître la rumeur que son personnage de vampire, le Comte Orlok, était incarné par un véritable vampire, l’acteur Max Schreck : celui-ci n’était ainsi jamais visible sans son maquillage sur le
tournage du film et possédait en outre un physique suffisamment marquant pour laisser les gens y croire facilement… délire !































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4 commentaires:

  1. Un des films les plus magiques que j'ai vu. Malgré son âge il reste un de ceux qui me fout le plus les frousses. Atmosphère cadavérique inoubliable. Chef d'oeuvre... 4/4

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  2. Oh, merci pour ce nouveau lien vers mon blog mais c'est bien trop d'honneur enfin ! C'est vrai que les images de Nosferatu sont suffisamment saisissantes pour se passer d'accompagnement musical
    et inspirer la peur... Mais outre ma séance de ciné-club véritablement muette, j'ai beaucoup aimé aussi celle à laquelle j'ai assisté tout récemment, avec le film accompagné d'une impro au piano
    façon Paulo dans Hors les Murs. C'est tellement beau d'être "pianiste de cinéma" pour donner de nos jours une nouvelle vie à ces films fabuleux... :) 

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  3. à voir absolument et sur grand écran pour mirux apprécier la qualité et le travail de l'éclairage. Et puis cet acteur est inoubliable, il incarne Dracula de manière mystique, et cette oeuvre
    reste une de références du fantastique. Indémodable car historique.

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  4. je l'ai vu non seulement au cinéma, mais en plus accompagné par un vrai pianiste qui improvisait plus ou moins sa partition... formidable ! :)

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