mercredi 20 février 2013

[Critique] Les garçons de la bande, de William Friedkin


garcons_de_la_bande.jpg(Etats-Unis,
1970)



Sortie en DVD le 20 février 2013 chez Carlotta




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Juste avant de se rendre célèbre avec les scènes d’action de « French Connection » ou les scènes d’horreur de « L’exorciste », William Friedkin s’intéressait au genre de la comédie dramatique
avec le superbe et précurseur « Les garçons de la bande ». Assez inattendu de la part d’un cinéaste plutôt réputé aujourd’hui pour ses films rentre-dedans et couillus, ce film propose une vision
sensible et intimiste de la vie gay à New York dans les années 60…

Adapté d’une pièce de théâtre à succès de Broadway, sur un scénario écrit par Mart Crowley (l’auteur et metteur et en scène de la pièce en question), le film garde qui plus est le casting initial
qui avait déjà œuvré sur les planches. La gageure de Friedkin de faire oublier la théâtralité de l’œuvre pour en proposer une version purement cinématographique était donc réelle et le résultat
demeure forcément épatant de la part d’un réalisateur qui possède déjà tout le talent nécessaire pour faire du grand cinéma. Peu importe si l’intégralité du film se déroule en huis-clos dans un
appartement, l’aisance du cinéaste à déplacer sa caméra et ses acteurs suffit amplement à donner cette illusion propre que l’on ne retrouve qu’au cinéma !

L’autre défi des « Garçons de la bande » était bien évidemment de rendre cette histoire de fête d’anniversaire entre hommes crédible et de se détacher surtout de la caricature d’un univers
homosexuel fantasmé par les hétéros… Il est fascinant de constater que c’est presque paradoxalement en appuyant certains traits que le film parvient à rendre vivant ses personnages : chacun d’eux
possède sa personnalité propre et des attitudes plus ou moins apprêtées, qui évoquent en outre tout un contexte sociologique de l’époque, où l’individu homosexuel avait besoin de se rendre
visible et de se démarquer des autres hommes pour exister… D’où par exemple le personnage d’Emory, que l’on pourra qualifier de « folle exubérante » ou de « drama queen », qui s’oppose néanmoins
à un personnage plus réservé, marié avec une femme avant de rencontrer son amant et qu’un personnage prend d’ailleurs pour un hétérosexuel…

Description ainsi plutôt subtile d’une vie gay que l’on qualifiera de « bourgeoise » et « urbaine » (n’étant possible d’ailleurs qu’au sein de grandes villes comme New York), « Les garçons de la
bande » n’est cependant pas un film segmentant et s’adresse au contraire à un large public, homo comme hétéro, tant les questions qu’il pose concerne l’humanité entière… Si tout commence assez
joyeusement, avec des garçons qui boivent et qui dansent à l’occasion d’une fête, les rapports entre les personnages vont peu à peu s’assombrir et s’alourdir, laissant parfois exploser les
tensions et les rancœurs… Chacun semble avoir du mal à trouver sa place dans le monde, poussant le film vers quelques réflexions existentielles : l’ancien ami de l’organisateur de la fête qui
s’incruste pour venir pleurer, sans que la raison de son mal-être ne soit véritablement élucidée à la fin du film (marié à une femme, père, hésite-t-il aujourd’hui sur sa propre sexualité ? Tout
l’intérêt du film est justement de maintenir l’ambiguïté, dans la mesure où rien n’est peut-être clair pour le personnage lui-même…) ; Harold, dont on fête l’anniversaire, à l’humour
pince-sans-rire et au regard profondément pessimiste mais réaliste sur le monde ; et puis Michael, l’hôte de ces lieux, dont la pratique religieuse viendrait soulager la culpabilité inconsciente
qu’il éprouve à l’égard de son style de vie ? Tout finira entre règlements de compte, failles psychologiques et prises de conscience, dans une atmosphère de plus en plus sombre, cynique et
sarcastique… Certaines répliques résonnent immensément justes pour décrire la mélancolie et le mystère de l’homme sur la Terre : « J’en ai assez de vivre et j’ai peur de mourir », « Si l’on
pouvait ne pas tant se haïr », ou encore la magistrale réplique finale « Je ne comprends rien et je n’ai jamais rien compris », qui pourrait résumer à elle seule l’existence tout entière !



Bonus DVD : environ 45 minutes de suppléments proposant des témoignages sur la pièce originale, son adaptation en film et un regard rétrospectif sur la réception des "Garçons de
la bande".



Perspectives :



- Killer Joe, de William Friedkin



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