mardi 26 février 2013

[Critique] Cloud Atlas, de Lana Wachowski, Tom Tykwer, Andy Wachowski



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 13 mars 2013




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coeur


Si l’adaptation du roman « Cartographie des nuages » de David Mitchell avait tout du projet fou et parfaitement casse-gueule, force est de constater que les frère et désormais sœur Wachowski («
Matrix », « Bound »…), aidés par le réalisateur allemand Tom Tykwer (« Cours,
Lola, cours ! », « Le parfum »…), relèvent le défi avec une aisance et un brio très impressionnants ! La façon dont le scénario – et le montage – entremêle les six (!) récits parallèles de
l’histoire, situés dans des cadres spatio-temporels différents (de 1849 à 2321 et de la Grande-Bretagne au Pacifique…), demeure en tout point sidérant, en développant avec habileté tout un jeu de
correspondances au sein de récits proliférant et palpitants, qui finissent par tous se répondre les uns les autres. Ici un musicien compose une symphonie qui non seulement sera écoutée par un
autre personnage du futur, mais qui sert aussi de bande originale au film tout entier ; là une question trouvera une réponse au sein d’une autre histoire… et tous les personnages semblent liés
les aux autres à travers le prisme de la réincarnation, chaque acteur du film incarnant d’ailleurs un personnage différent dans chaque segment narratif, laissant libre cours au concept des vies
antérieures, et à celui du karma, chaque action d’un personnage dans une vie ayant forcément une conséquence pour le personnage qu’il incarnera dans la suivante…

Mais loin de livrer une sorte de patchwork informe de philosophie de gourou « new age », « Cloud Atlas » révèle au contraire des possibilités infinies, doublées d’une intelligence et d’une
finesse assez surprenante pour un film de cette ampleur… Les questionnements métaphysiques apparaissent assez spontanément et ne sont jamais appuyés. Chacun devrait par ailleurs trouver dans le
film des réponses à ses propres doutes, en fonction de son style de vie ou de sa situation… Car le long métrage semble vouloir embrasser l’univers tout entier en un peu moins de trois heures (qui
semblent passer en un instant !), et il a la subtilité de le faire avec une modestie et une retenue qui nous ramène toujours du côté de l’humain et de l’intime, soit de la destinée de chacun des
personnages…

C’est en revanche avec une sacrée démesure visuelle et dramatique que les réalisateurs déroulent les fils noués de leurs multiples récits. Si la mise en scène est grandiose, elle sait toujours
demeurer au service de l’histoire, et surtout de ses différentes tonalités. Il est d’ailleurs fascinant de voir ainsi se télescoper sans heurt, avec une fluidité incroyable, des scènes de romance
associées à des scènes de violences futuristes, ou des moments de franches comédies imbriquées dans un thriller paranoïaque… Tous les genres s’emmêlent sans pour autant que l’esprit du spectateur
ne s’embrouille : on reste au contraire constamment scotché devant cette œuvre grandiose qui semble aspirer à la totalité et au rang de « film ultime » ! Ambitieux et novateur, le film ne recule
devant aucune audace, qui le transforme finalement en œuvre d’équilibristes, dont la volonté prégnante semble être de réinventer le cinéma à chaque plan…

Si le casting de « Cloud Atlas » est en outre assez impressionnant (Tom Hanks, Halle Berry, James D’Arcy, Hugh Grant, Susan Sarandon…etc.), il y a un côté très ludique à tenter de reconnaître
chaque acteur au sein de chaque époque… les réponses au quiz seront révélées dans le générique de fin, alors restez bien jusqu’au bout ! Les maquillages et les effets spéciaux, impressionnants,
permettent en effet de les transformer parfois radicalement, au point de ne plus reconnaître les visages qui jusque-là nous étaient familiers. Mais cette volonté de « trans »-former leurs
comédiens, tout aussi bien capables de changer de sexe ou de nationalité en l’espace d’un plan, outre la potentialité de jeu qu’elle offre, appuie aussi très probablement les intentions profondes
des auteurs, inhérentes par exemple au fait que l’un(e) d’eux ait pu passer de Larry à Lana… Si l’on est amené à vivre plusieurs vies au fil des siècles, on serait donc à même de vivre en tant
qu’homme ou en tant que femme, en tant que blanc ou en tant que noir, en tant que puissant ou en tant que faible, et ainsi de suite… Nulle vie ne devrait donc se croire plus importante que
l’autre, car tout cela ne serait bien sûr qu’arrogance, que le karma se ferait un plaisir de punir dans la vie suivante ! « Cloud Atlas » deviendrait alors comme une ode merveilleuse à la
différence et aux êtres marginaux, les seuls peut-être capables d’instiller un peu plus de tolérance en ce monde ou même de lancer les révolutions… Le trio Wachowski / Tykwer prend ainsi la
défense des opprimés - qu’ils soient femmes, homosexuels, pauvres, vieux, « non-humains », etc. - dans un film qui invite à plus d’amour et de communions entre les êtres… Un message inattaquable
au sein d’un film formellement abouti et révolutionnaire : que demander de plus au cinéma ?!



Perspective :



- Bound, d’Andy et Larry Wachowski































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4 commentaires:

  1. Waou brillant alors ! Je veux le voir celui-ci ! Je voulais lire le livre et je ne l'ai pas encore fait mais ce sera cinéma !


    Bises

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  2. Décidément ce film divise. J'ai beaucoup aimé également, dommage cependant que les déguisements frisent parfais le ridicule et que la fin manque de panache... 3/4

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  3. Il est hallucinant, ce film... Peut-être difficile à suivre au départ mais passionnant quoi qu'il en soit, c'est bien vrai qu'on ne voit pas le temps passer. Et puis je l'ai vu une 2e fois pour
    confirmer et là, tout s'est mis en place pour moi : les histoires distinctes, ce qui les relie, la façon dont on bascule des unes aux autres en suivant un même acteur dans plusieurs rôles, et
    autant de genres différents dans un même film, c'est purement génial ! On traverse aussi plein d'émotions... bref, ta chouette critique dit déjà très bien tout ça :) Ah mais c'est tellement beau
    en plus, je crois bien qu'une 3e proj me tend les bras pendant qu'on peut le voir sur grand écran, juste pour le plaisir...

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  4. en effet, je suis sûr qu'on découvrirait encore des tas de choses en le revoyant de nombreuses fois... analyser l'évolution des différents personnages incarnés par un même acteur au fil du temps
    par exemple, ça doit etre intéressant... et puis découvrir de nouveaux liens entre les époques, aussi !

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