mardi 15 janvier 2013

[Critique] Lincoln, de Steven Spielberg



lincoln
(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 30 janvier 2013




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Fasciné depuis son enfance par le personnage (mais très probablement comme tous les américains gentils… autant dire pas beaucoup ?), Steven Spielberg rêvait depuis longtemps de mettre en scène un
biopic sur le 16e président des Etats-Unis, probablement le plus emblématique de l’histoire de son pays : Abraham Lincoln ! Devant l’ampleur de la tâche et comme il ne voulait visiblement pas
réduire la vie entière du monsieur en deux ou trois heures seulement, il a décidé de se concentrer uniquement sur les derniers mois de son mandat, juste au moment où il luttait pour faire finir
la Guerre de Secession et surtout abolir l’esclavage en Amérique : "Nous nous sommes concentrés sur les quatre derniers mois de la vie de Lincoln, car ce qu’il a accompli au cours de cette
période est véritablement prodigieux. Nous voulions cependant montrer que c’était un homme, et non un mythe. Nous nous sommes dit que notre meilleure chance d’être fidèles à cet homme
exceptionnellement complexe était de le décrire en plein coeur de son combat le plus difficile : l’adoption du 13e amendement par la Chambre des Représentants", explique lui-même Steven
Spielberg.

Et en effet, le cinéaste parvient à démythifier en partie le fameux président américain, souvent considéré comme un surhomme… Pour cela, il le montre finalement un peu blasé dans ses
comportements ou ses remarques pleines de bon sens et carrément manipulateur, dans ses stratégies et tactiques politiques, certes utilisées pour le bien commun… Mais l’idée la plus évidente, pour
humaniser le bonhomme, demeure un concept parfaitement spielbergien : celui de le montrer au sein de sa famille, entourée d’une femme et de ses enfants… Le voir comme un simple père de famille
avec le petit dernier permet d’ailleurs au réalisateur de créer un peu de cette émotion de l’enfance qu’il sait si bien mettre en avant d’habitude… Sauf qu’ici, il le fait avec une économie peu
commune et l’on sent tout au long du film qu’il se bride bien plus qu’il ne faudrait sur ce point, enlevant finalement tout ce qui fait la « Spielberg touch » !

Même sa mise en scène, d’habitude si virtuose, semble tristement contenue dans ce « Lincoln » : un comble pour un cinéaste de sa trempe ! Bien sûr, Lincoln n’est pas un soldat mais un politicien,
mais de là à nous éloigner presque complètement de l’atroce réalité de la guerre civile (en dehors d’une ou deux séquences marquantes), voilà une bien curieuse stratégie ! Du coup, le long
métrage est traversé d’un verbiage permanent, enchaînant les scènes de dialogues, le blabla politicien, les discussions dans les assemblées… La reconstitution historique est forcément minutieuse
et impressionnante, tout comme les acteurs (à commencer par Daniel Day-Lewis), mais le tout s’avère au bout du compte d’un ennui effarant ! Si le film, acclamée par la critique américaine,
demeure un support pédagogique épatant, il n’en demeure pas moins douloureusement lénifiant, peut-être plus encore pour un public français, généralement moins au fait d’une histoire qui n’est pas
celle de son peuple… L’enchevêtrement de plus de 140 personnages au cours d’un film de 2h30 finira certainement par avoir raison de l’attention du plus fervent spectateur ignorant les subtilités
des institutions politiques américaines ! Reste un film techniquement parfait, mais malheureusement beaucoup trop scolaire et rébarbatif…



Autres films de Steven Spielberg :



Cheval de guerre (2011)



Les dents de la mer (1975)



E.T. l’extra-terrestre (1982)



Sugarland Express (1974)



Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne
(2011)































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8 commentaires:

  1. Bonjour Phil ciné, je suis contente de me sentir pas trop seule concernant mon sentiment sur ce film (qui m'a quelque peu ennuyée). Je n'ai pas encore écrit de billet. J'ai du mal à en parler car
    je n'ai pas du tout été enthousiasmée par ce film très froid (sans âme). démonstratif où les républicains sont les "gentils" et les démocrates sont les "méchants". Et celui qui m'a beaucoup
    déçue, c'est DDL qui est retrait. J'ai cru le voir sortir du film de PT Anderson "There will be blood", il joue exactement sur le même registre. Et puis ce qui m'a encore plus gênée (même si ce
    n'est pas le sujet du film) est que dès le préambule, il est fait mention de l'abolition de l'esclavage et rien d'autre comme enjeu de la guerre de secession. C'est très simpliste, très
    "américain". Bonne journée.

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  2. C'est vrai que le film est à la fois très "Spielbergien", on retrouve ses obsessions et ses thématiques, mais n'a pas beaucoup de souffle. Il est toutefois assez intéressant et bien fichu.

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  3. Trop bavard pour certains mais chaque ligne de dialogue est nécessaire, pas de superflu, un film politique moderne et non manichéen. Le meilleur Spielberg depuis longtemps... 4/4

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  4. Bof bof en effet ce "Lincoln". Long, scolaire et ennuyeux, il ne vaut que pour la prestation de Daniel "Abe" Lewis.

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  5. Un bon film, certes très bavard mais où on apprend un peu plus sur ce grand homme ! Je l'ai vu en VO et donc les dialogues sont très importants, mais mon sentiment est assez positif et j'ai aimé
    Daniel Day Lewis dans ce rôle. 


    Bises


     

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  6. "Abe" c'est le diminutif d'Abraham. C'est le petit nom que lui donnent ses plus intimes collaborateurs.

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  7. Ah ça me fait plaisir de voir que même toi (qui avait défendu le soporifique Cheval de guerre) ne fasse que peu de cas de ce film chiant.

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  8. je ne l'ai pas vu de peur de m'ennuyer! n'empeche , le casting était pas mal !

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