mercredi 7 novembre 2012

[Critique] Looper, de Rian Johnson



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(Chine, Etats-Unis, 2012)



Sortie le 31 octobre 2012




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Loin d’être loupé, « Looper » est plutôt le film de science-fiction à ne pas louper en ce moment ! A travers une intrigue emberlificotée à base de voyages dans le temps, mêlant le polar au
fantastique, le film de Rian Johnson réussit surtout l’exploit de réconcilier dans un même film la série B efficace avec la réflexion métaphysique un peu plus fine…

Surprenant scénario, tout d’abord, que celui de double futur qui s’offre à nous : car si le présent où se passe l’action du film est déjà le futur pour nous (celui de 2040), il se réfère
néanmoins à un autre demain, celui où les voyages dans le temps auront été rendu possible et d’où une mafia envoie les hommes dont elle veut se débarrasser. Ceux-ci sont éliminés par des tueurs
des temps présents (c’est à dire futurs, vous suivez ?), dont notre « héros », qui va bientôt être confronté à son double futur, qu’il est donc censé tuer… Il y a d’ailleurs un joli travail sur
la notion de « héros » dans « Looper », tant il est curieux – et diablement ambigu – de s’attacher à des personnages qui ne sont autres que des tueurs… Mais des tueurs qui sont avant tout des
êtres humains complexes, qui s’interrogent sur leurs propres actes, rendant justement l’intrigue si passionnante et philosophique !

L’aspect SF demeure en outre souvent discret dans le film, comme si les enjeux pour les personnages devenaient progressivement plus importants que toute débauche d’effets spéciaux
techno-futuristes superflus. Il est ainsi assez habile de la part du cinéaste d’avoir gommé une vision trop ostentatoire du futur, offrant notamment une année 2040 qui ressemble à quelques
détails près à notre époque : seul une petite parenthèse sur la télékinésie ou quelques véhicules plus modernes sont introduits, histoire d’amuser un peu la galerie… Outre la notion presque
obligée de paradoxes temporels et une vision assez brève et presque « vintage » de la machine à remonter le temps, « Looper » se concentre ainsi sur l’évolution du héros coupé en deux, entre son
lui présent et son lui futur, autant dire entre deux personnalités qui ont bien du mal à s’entendre…

Si l’économie toute relative d’effets spéciaux permet de resserrer l’attention du spectateur sur l’intrigue, elle révèle en outre avec une force plus grande encore les scènes fantastiques qui
ponctuent l’action : très impressionnante scène, par exemple, où un homme du futur voit son corps disparaître par amputations progressives au fur et à mesure que les mafieux s’acharnent sur son
double du présent ; splendides et surprenantes fulgurances graphiques lors de la manifestation du pouvoir véritable d’un enfant, qui deviendra l’homme à abattre d’un futur visiblement très
noir…

Côté acteur, belle performance – encore – de Joseph Gordon-Levitt, bien que curieusement maquillé au point de devenir presque laid (était-ce bien nécessaire, soit disant pour que son personnage
ressemble à son double futur ?) : il est en tout cas parfait pour offrir au personnage une véritable profondeur, notamment à travers son débat avec son autre lui… Doit-il tout faire pour sauver
une vie qu’il n’a pas encore vécu ? Quant à Bruce Willis, il prend visiblement plaisir à refaire du Bruce Willis bien bourrin et expéditif, tout en jouant sur certains détails troublants, comme
lorsqu’on le voit tuer froidement des enfants… Décidément, les « héros » d’aujourd’hui ne sont plus du tout ceux de l’entertainment d’il y a une ou deux décennies !



Perspectives :



- Time out, d’Andrew Niccol



- Retour vers le futur, de Robert Zemeckis































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6 commentaires:

  1. Un très bon film de SF. Pas parfait mais suffisament réussi pour nous tenir en haleine jusqu'au bout :)

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  2. Salut Phil,


    je n'ai pas vu cet opus mais je me souviens bien par contre de Brick du même réal., avec JGL d'ailleurs. C'était un film à part, très bien construit, un peu planant dans l'image et le son.


    JGL est un super mec-acteur ...  juste il ne devrait pas renier Mysterious Skin le gaillard !


     

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  3. Un aspect sf en retrait mais également des enjeux sf en retrait. Du coup je me suis beaucoup ennuyé.

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  4. Je te conseille Brick, objet ovniesque. JGL dedans est PERFECT and SO CUTE. 


    Je l'ai lu j'sais plus où dans ses déclarations, " me voir (ou penser à) dans Mysterious Skin me rend triste " . Moi je l'ai interprété négativement.


    Araki est un drôle de bonhomme tout de même, un peu loin de l'image assez sage aujourd'hui de Joseph. 

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  5. J'ai beaucoup aimé ce film en fait. J'y ai vu un actionner baignant dans une SF aussi light que juste. C'est vraiment le type de film que l'on aurait pu voir dans les 90'S et avouons le....ça
    fait du bien!!


    PS: L'individu nommé Flow qui a laissé un commentaire pareil m'est totalement inconnu et en aucun cas il ne bosse pour moi....je dis ça juste histoire de dire...voilà...

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  6. oui tu devrais surveiller tes petites mains parfois... ;)

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