jeudi 4 octobre 2012

[Critique] Le magasin des suicides, de Patrice Leconte



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(Belgique, Canada,
France, 2012)



Sortie le 26 septembre 2012




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L’affiche dessinée était pourtant un indice, mais ayant vu qu’il s’agissait d’un film de Patrice Leconte, je m’attendais vraiment à un film de chair et d’os, réalisé avec une caméra à manivelle
et tout le tralala… Mais non, je me suis tout à coup retrouvé devant un film d’animation sans le savoir, ce qui au début m’a quelque peu contrarié… Sauf que le sujet du film – le suicide et la
morosité de ces temps de crises – et le public auquel il s’adresse – plutôt des adultes – me réenchanta bien vite aussitôt la séance commencée ! Du coup, je plaignais les deux petites filles du
rang devant le mien, que leur mère avait visiblement amené là par erreur, se laissant quant à elle attirer par l’aspect « dessin animé » du long métrage… Pourtant, avec un titre comme « Le
magasin des suicides », elle aurait pu y réfléchir à deux fois avant d’y faire entrer ses enfants ! (Non mais quelle cruche, tout de même…)

Si l’on ne s’attache d’abord qu’à la forme du film, on pourra peut-être trouver l’animation elle-même assez rudimentaire, mais cet aspect lui confère finalement un côté daté, ou tout du moins
modeste, assez aimable… D’autre part, les dessins et le graphisme en lui-même sont très réussis et fourmillent de détails absolument savoureux, comme des parodies d’affiches de cinéma ou quelques
bons mots disséminés sur des panneaux d’indications routières… Le film en devient du coup extrêmement riche visuellement et par là même occasion un pur bonheur pour les yeux !

Mais c’est bel et bien dans l’atmosphère qu’il porte en lui et dans le récit qu’il déroule image par image que « Le magasin des suicides » impressionne et passionne le plus… Dans sa description
d’un monde sinistre où le commun des mortels ne pensent qu’à en finir avec la vie, il fait preuve d’un humour noir vraiment chouette et bien amené ! Il faut dire qu’il s’agit de l’adaptation d’un
roman de Jean Teulé, que le cinéaste a qui plus est en partie édulcoré, notamment sur sa fin, d’après ce que l’on peut lire ici ou là… L’idée même de ce magasin qui propose aux gens les mille et
une façon de se suicider, commerce florissant en temps de crise interminable, est excellente : tenu par une famille aux allures de morts-vivants, les jeux de mots et les dialogues grinçants sont
légions, mais le tout est déclamé avec une telle légèreté que ce n’est paradoxalement jamais glauque ! Quand un client entre, on ne dit pas « bonjour », mais « mauvais jour », bien sûr, et quand
il s’en va, on ne lui dit pas « au revoir » mais « adieu », dans la mesure où la devise du magasin est qu’un client satisfait est un client qui ne revient jamais !

Les passages chantés sont également fort joliment réussi, et surtout très drôle, dans la mesure où les paroles des chansons sont très bien trouvées et que la dynamique musicale est boostée par la
multiplicité des voix s’enchaînant sur un même titre… L’aspect musical permet d’ailleurs un contraste bienvenu entre la noirceur environnante et le rythme guilleret qui s’impose tout à coup. Mais
la dimension « colorée » du film est bien plus soulignée encore par l’arrivée d’un nouvel enfant dans la famille travaillant au « Magasin des suicides », qui est la honte de ses parents tant il
arbore en permanence un sourire horripilant ! Il est pourtant un étonnant rayon de soleil, et d’espoir, dans ce monde désespéré, comme si le bonheur n’était finalement qu’une question de
conditionnement, de regard sur le monde ou d’état d’esprit… de volonté, peut-être ?































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2 commentaires:

  1. papa tango charlie4 octobre 2012 à 03:48

    Pour ma part, j'ai beaucoup regretté le coté "édulcoré" et je trouve que les chansons sont trop envahissantes à la fin...une fin presque à la disney d'ailleurs!


    ceci dit, même si mon enthousiasme est pas mal retombé, j'ai bien apprécié de voir ce style de dessin au cinéma, ça change un peu de toutes les animations plus vraies que nature et ça donne aussi
    envie de découvrir le livre.


     

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  2. Joli graphisme et uen histoire originale digne de Tim Burton mais la fin trop happpy end et des chansons pas toujours très compréhensible donne un résultat qui n'est pas à la hauteur du
    poptentiel... 2/4

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