dimanche 16 septembre 2012

[Critique] Citadel, de Ciaran Foy


citadel(Royaume-Uni, Irlande, 2012)



Le Jour du Saigneur # 83



Film présenté à l'Etrange Festival 2012




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Premier film de Ciaran Foy, « Citadel » est un petit bijou d’angoisse et d’adrénaline ! Après avoir assisté impuissant à l’agression de sa femme enceinte, qui coûta la vie à celle-ci tout en
laissant le bébé survivre, le jeune père sombre dans la peur permanente, s’enfermant chez lui la plupart du temps et s’isolant seul avec l’enfant… A travers le calvaire du personnage, c’est en
réalité de sa propre agoraphobie, dont il prétend être guéri, que le cinéaste nous parle. Toute sa mise en scène prend alors des allures de catharsis personnelle, ne laissant presque jamais un
instant de répit, parvenant à faire perdurer d’un bout à l’autre du long métrage ce climat de stress et jour du saigneurd’insécurité, à travers notamment un sentiment d’enfermement constant et la description d’un environnement profondément ténébreux…

S’il est aidé par une gentille infirmière et un prêtre à moitié fou, c’est pourtant bel et bien par lui-même que le héros devra s’en sortir, comme si l’on ne pouvait finalement compter que sur
soi-même pour survivre en ce monde… Pour guérir de sa maladie psychologique, il comprendra bientôt que la seule solution est de se confronter directement à ses peurs les plus fortes. Il faudra
néanmoins qu’on lui enlève le bébé pour qu’il réagisse enfin contre les forces du mal qui semblent alors l’entourer… La grande qualité du scénario est de maintenir une certaine ambiguïté sur les
agresseurs : sont-ils des jeunes de banlieue viscéralement attirés par la violence ou des petites créatures infernales, chacun sera libre de son interprétation… Tout comme de savoir si ce que
l’on voit est la réalité ou un fantasme du réel, reflet de l’intériorité du héros.

Même s’il s’essouffle un peu sur sa fin, le film frappe d’ailleurs très fort grâce à cette incertitude entre le réel et le cauchemar… La tension psychologique peut ainsi monter à son paroxysme,
l’effet de suggestion tourne à fond et l’entrée dans la fameuse « citadelle » (l’immeuble où habitait le héros quand sa femme a été agressée et depuis abandonné aux agresseurs) prend des airs de
parcours mental. En s’endurcissant enfin – en devenant un homme ? –, le jeune père regarde enfin le mal en face, et c’est alors seulement que celui-ci se détourne de lui… Le prêtre avait raison
quand il lui disait que ces petits monstres « sentent la peur », et qu’il suffit de ne plus avoir peur pour ne plus être agressé ! Devenu suffisamment fort pour être un père protecteur – tout le
contraire de l’être pétri de névroses qu’il était au début du film – le jeune homme pourra alors retrouver et sauver son enfant…

Mais si « Citadel » se révèle une grande réussite sur le plan fantastique et horrifique, il ne néglige néanmoins pas une perspective de réalité sociale des plus aboutie… Car la banlieue qu’habite
le personnage principal, sorte de zone de non droit délaissée par les autorités et visiblement l’humanité toute entière, nous apparaît comme une représentation allégorique et excessive des
banlieues populaires, la citadelle prenant alors l’allure de ces horribles barres HLM qui poussent à la haine et à la violence… Il est assez curieux par ailleurs qu’à chaque fois que le
personnage cherche enfin à partir de son quartier pour le fuir, il en est empêché pour de multiples raisons : il rate le dernier bus d’une seconde, la nuit tombe… etc. C’est un peu comme si la
population de ces lieux d’habitation était prisonnière de ceux-ci, condamnée à cette vie-là, avec l’impossibilité physique – et financière ? – de la quitter… Sombre perspective sociétale,
condensée dans un film d’horreur intense !



Perspective :



- Citadel à l'Etrange Festival 2012































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