mardi 11 septembre 2012

[Critique] Camille redouble, de Noémie Lvovsky



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(France, 2011)



Sortie le 12 septembre 2012




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coeur


Tout le monde aime Noémie Lvovsky… et tout le monde l’aimera encore plus après avoir vu son nouveau film : « Camille redouble » ! Il y a une telle fraîcheur, une telle sincérité, une telle
générosité et tellement d’émotions qui affleurent à la vision du long métrage que l’on ne peut finalement qu’être emporté par son histoire carrément délirante… mais le pire (ou plutôt le mieux
!), c’est que tout est amené le plus naturellement du monde, ce qui fait que l’on ne se rend même plus compte du caractère un peu loufoque ou absurde du concept de base. C’est comme de la magie,
en fait, que l’actrice-réalisatrice manie avec un immense talent !

Mais reprenons les choses dans l’ordre : « Camille redouble », c’est l’histoire d’une femme de quarante ans qui a raté sa vie – boulot de merde, penchant alcoolique, un mari qui la quitte, etc. –
et qui suite à un étrange changement d’année se retrouve dans sa propre peau quelques 25 ans plus tôt, l’année de ses 16 ans… Si l’idée n’est pas forcément nouvelle, sa représentation fait preuve
d’une belle audace comique, celle de laisser les comédiens principaux (Noémie Lvovsky dans le rôle de Camille et Samir Guesmi dans celui de son « futur » et « futur ex » mari) incarner eux aussi
leurs personnages à cet âge-là, sans effets spéciaux ni maquillage ! Et la gageure est tenue avec brio tant les acteurs sont doués et convaincants pour nous faire croire, par tout un ensemble
d’attitudes et de mimiques, à la jeunesse de leurs personnages, entourés d’ailleurs d’autres acteurs qui eux sont plus proches de l’âge auquel on va encore au lycée…

C’est drôle, c’est frais, mais c’est aussi fichtrement humain et la cinéaste parvient souvent avec une belle grâce à laisser ressortir des émotions sur le fil, qui nous laissent quelque part
entre le rire et les larmes… Car entre quelques bons gros délires et une rémanence délicieusement vintage et attachante des années 80 (faut croire que c’est à la mode depuis « Le Skylab » de Julie Delpy ou le plus récent « Du vent dans mes mollets » de Carine Tardieu), Lvovsky sait faire passer de
vibrantes et énergiques sensations, pleines de charme et de naturel ! Si la musique sait nous toucher et nous transporter (quelque part entre Barbara et Gaetan Roussel, le rock fort et les
réminiscences adolescentes…), il faut dire que la réalisatrice sait surtout s’entourer de la plus belle des familles de comédiens, qui aiment d’ailleurs se rendre visite de film en film :
Jean-Pierre Léaud, Yolande Moreau, Denis Podalydès, Riad Sattouf, Anne Alvaro, Mathieu Amalric, Vincent Lacoste… et tous les autres !

« Camille redouble », c’est enfin un peu un « Retour vers le futur »
à la française, avec plus de sentiments et plus de poésie… et avec aussi une belle idée : car si Camille essaie à tout prix de recommencer sa vie et de renverser son destin grâce à la répétition
de ses 16 ans, en se refusant par exemple à celui qui la fera tant souffrir ensuite ou en essayant d’empêcher la mort de sa mère, elle s’aperçoit pourtant que tout semble inéluctable et que l’on
ne peut rien contre la vie et le temps qui passe, si ce n’est à la rigueur modifier de menus détails ou se permettre parfois quelques variations inattendues… Mais si rien ne change finalement
dans sa vie d’aujourd’hui, qu’elle finit bien sûr par retrouver, il y a pourtant eu une infime mais nécessaire transformation, comme un glissement de la perspective qu’elle avait sur les choses,
une façon d’ouvrir les yeux, qui lui donne envie de sourire à la vie plutôt que de lui tourner le dos… La belle et fébrile Noémie signe un film « vital », presque comme la carte au fond, dans la
mesure où une place de ciné pour « Camille redouble » mériterait cent fois plus d’être remboursée par la Sécurité sociale, en lieu et place d’antidépresseurs ou autres anxiolytiques, et sans
aucun doute pour une bien meilleure efficacité !































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3 commentaires:

  1. papa tango charlie15 septembre 2012 à 09:43

    tout à fait d'accord avec ta critique et gros coup de coeur pour moi aussi. On retrouve bien la même peinture des années 80 que dans "du vent dans mes mollets" (avec podalydes encore présent) et
    la galerie de personnage est une vraie réussite. Le tout avec une histoire d'amour touchante... je suis comblé après cette séance.

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  2. Eh bien le film ne me quitte plus depuis vendredi soir dernier. Emouvant, frais et drôle. Je suis d'accord sur ta chronique. Je me demandais et au box-office ça donne quoi ? En tout cas y'avait
    pas mal de monde au cinéma de Saint-Omer, on était assez surpris.

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  3. oui oui je crois que le film a bien marché ! c'est chouette pour noémie et tous ses amis... ;)

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