dimanche 12 août 2012

[Critique] Peur bleue, de Renny Harlin


peur_bleue.jpg(Etats-Unis, 1999)



The Shark Attacks Summer, c'est tout l'été sur le blog de Phil Siné !




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En 1999, l’« actioner » Renny Harlin s’attaquait au film d’attaques de requins, rendu célèbre par « Les dents de la mer » et inégalé depuis lors. Afin d’éviter les redites et de ne
pas souffrir la comparaison, le cinéaste pose très vite de nouvelles bases au genre : pas « un » mais « des » requins, pas du requin traditionnel (aussi mangeur d’hommes soit il !) mais carrément
trafiqué génétiquement, et surtout un changement de décors radical, fuyant les plages d’estivant au profit d’une jour du saigneurbase de recherche scientifique en pleine mer… Son « Peur bleue » renouvela le genre avec un tel fracas et à un point tel qu’il le raviva
durablement, voyant à sa suite déferler toute une série de films du même acabit de plus ou plutôt moins bonne qualité.

S’il n’atteint toujours pas la puissance et l’intelligence du brillant modèle original imposé par Spielberg, « Peur bleue » se démarque néanmoins brillamment de tous les ersatz nauséabonds ou
nanardeux auxquels on avait pu assister jusque-là, entre les suites assez navrantes de la saga initiale et ses copies fauchées ou sans imagination… Il faut dire que la mise en scène de Renny
Harlin, habitué aux films d’action bourrins (« 58 minutes pour vivre », « Cliffhanger »…), dénote avec le film d’horreur traditionnel pour privilégier shark attacks summerl’action, l’efficacité et les rebondissements… et on est servi de ce côté-là, surtout que le scénario évolue à un rythme
plaisant, enchaînant des scènes variées et souvent plutôt originales…

Côté effets spéciaux, si certains effets mécaniques sont assez sympas (la séquence où le requin est maintenu hors de l’eau pour examen, par exemple, est une jolie trouvaille), on reste plus
circonspect à l’égard des effets numériques, dont bon nombre apparaissent comme assez ridicules ou bâclés… Mais étrangement, c’est peut-être de là que le film tire en partie son intérêt et son
plaisir (un brin) coupable ! Car pour le coup, le long métrage adopte visuellement des faux airs de « série B de luxe », partagée entre des requins assez fun, des séquences d’action à se pisser
dessus (le requin qui envoie le brancard d’un blessé dans la vitre pour la casser relève du plus beau des nanars !), un scénario à la construction attendue (avec notamment un mort toutes les dix
minutes environ), et pourtant des signes extérieurs de richesse indiscutables, de part son budget et son casting de haut vol…

Mais cet étrange décalage semble parfaitement assumé, l’humour de « Peur bleue » n’étant jamais absent, que ce soit à travers le personnage du cuisinier au perroquet (interprété par le rappeur LL
Cool J), des répliques à tendance gaguesques ou encore une façon de se jouer des codes du genre avec une agréable désinvolture… On pense notamment à la capacité du scénario à contourner les
scènes attendues tout en les intégrant à l’histoire : la scène d’ouverture avec l’attaque par un requin du bateau de jeunes gens décérébrés (mais aucun mort ne sera finalement à dénombrer !),
l’esquisse d’une histoire d’amour entre le héros et l’héroïne (sauf que l’héroïne se fait bouffer à la fin, certes un peu punie vu qu’elle est la cause de tout ce qui arrive, mais laissant
surtout sa place au black de service qui pour une fois ne meurt pas… de là à le voir tomber dans les bras du héros, faut pas abuser non plus, hein !), ou encore le discours pontifiant et
lénifiant sur l’importance de rester uni pour survivre (mais prononcé par un Samuel L. Jackson se faisant interrompre par un requin venant le « happer » de façon délirante sur le bord du bassin…)
Tout cela pour dire que l’on « nage » parfois en plein délire et que le second degré de « Peur bleue », qu’il soit voulu (souvent) ou non (probablement parfois) en fait un film rudement cool (J)
!



Index du Jour du Saigneur































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6 commentaires:

  1. Yeah, quelle formidable critique après le suspense du début de l'été quand tu ne l'avais pas encore vu, ça fait vraiment plaisir que Peur bleue s'en sorte si bien finalement! Tu cites justement
    les deux acteurs dont le nom au casting avait attiré mon attention au départ mais je me réjouis de lire que pour toi non plus, l'intérêt du film ne s'arrête pas à ça. Merci beaucoup pour ton
    analyse qui est comme toujours passionnante :)

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  2. papa tango charlie15 août 2012 à 02:10

    j'ai toujours bien aimé les films de renny harlin, efficaces et très clipés avec souvent ce coté série B mais au goût très agréable. Peur bleue est peut être le seul film de requin qui n'entraine
    pas une deception en comparaison des deux premiers dents de la mer, avec aussi les deux films "the reef" et "open water", mais je trouve que le requin est bien au second plan dans ces deux
    derniers.  

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  3. Totalement d'accord avec cette chronique, c'est de la série B de luxe, qui ne se prend pas trop la tête, efficace, rythmée, amusante, parfois surprenante... si seulement Renny Harlin était resté
    sur cette voie, lui qui a su offrir de très bons films de genre... manque de bol, il est tombé si bas, le pauvre...

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  4. Bien défendu... mais Peur Bleue reste Peur Bleue. C'est vrai que le film est assez efficace, mais c'est la quintessence de tous les nanars auquel il ressemble justement. Second degré poussif et
    adrénaline modérée. Pas honteux, juste insipide.

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  5. Ah, la mort de Samuel Lee Jackson et les requin qui nagent à reculons...


    Ca a quand même pas mal vieilli, trop démonstratif pour résister au temps comme le chef-d'oeuvre de tonton Spielby, mais ça reste du Harlin : c'est con et c'est fun.

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  6. je dirais même plus : B et fun ! :)

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