lundi 13 août 2012

[Critique] Hors les murs, de David Lambert



hors les murs
(France, Belgique, Canada,
2011)



Prochainement...




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coeur


Le départ / L’absence / Le retour. Ou autrement dit : La rencontre / La séparation / La rupture. A l’instar des « Chansons d’amour » de Christophe Honoré, « Hors les murs » emprunte en filigrane
la structure mythique en trois parties du chef d’œuvre de Jacques Demy, « Les parapluies de Cherbourg », pour parler de l’amour moderne… Et si le scénario fonctionne à merveille ainsi, c’est
justement parce que cette structure demeure universelle et atemporelle : tout comme l’amour, d’ailleurs !

Pour son premier film comme réalisateur, le scénariste David Lambert (qui avait notamment signé l’intense « La régate » de Bernard Bellefroid) a choisi ainsi d’évoquer la
passion amoureuse d’un couple dans lequel chacun devrait pouvoir se reconnaître… Car si les deux personnages sont deux garçons, il y a une telle volonté de les extirper de leur condition
d’homosexuels et de faire fi des clichés que le récit en gagne justement en universalité ! Le jeune et sensible Paulo vit d’ailleurs encore avec sa copine lorsqu’il rencontre le barman Ilir, avec
qui ce sera immédiatement le coup de foudre !

La beauté du film provient d’abord du naturel avec lequel la relation des amants est décrite. Les séquences s’enchaînent avec une simplicité et une évidence très fluide, les dialogues entre les
personnages demeurent toujours d’une belle authenticité, loin de toute tonalité schématique ou démonstrative… La séparation de Paulo et de sa copine au début, par exemple, est exemplaire : lui
demeure quasiment mutique devant les exaspérations compréhensibles de sa compagne, et ce qui doit arriver arrive, sans que ce ne soit jamais appuyé. Quant aux scènes d’intimité entre les deux
garçons, elles sont incroyablement justes et crédibles, traitées à chaque fois avec un naturalisme désarmant ! Les scènes d’amour sont charmantes de réalisme et l’exploitation du jeu amoureux est
tout bonnement savoureux : la scène où les deux garçons s’affrontent au bras de fer pour savoir qui pénètrera l’autre, avec la déception de Paulo lorsqu’il s’aperçoit qu’il a gagné, se révèle
très amusante…

L’humour ne manque d’ailleurs pas dans « Hors les murs » - les séquences dans un sex-shop ou à la caisse d’un supermarché en attestent -, même si le récit se fait par la suite un peu plus sombre
et mélancolique, lorsque le couple se verra séparé par la mise en cellule d’Ilir… Mais la prison en amour se construit des deux côtés, même « hors les murs » pour Paulo, justement ! Le film se
fait déchirant quand Ilir rejette Paulo de peur que les visites de celui-ci l’empêchent d’être assez dur pour l’univers carcéral et lorsque Paulo se retrouve alors à crier le nom de son amour
devant les murs de la prison…

Et puis le temps passe… Quand Ilir sort, il comprend qu’il ne retrouve pas vraiment la liberté de la relation amoureuse qu’il avait laissé et que tout a changé, malgré l’amour qu’il porte encore
pour Paulo. C’est la loi des sentiments face à l’absence… C’est triste, mais pourtant évident et encore une fois terriblement naturel… Et pour faire vivre ce « naturel » au sein de ce superbe
film, il fallait nécessairement deux acteurs merveilleux, dont l’alchimie devait s’imposer « naturellement » : c’est bien le cas entre Guillaume Gouix (un talent confirmé) et Matila Malliarakis
(une vraie révélation !), dont le charme et la sensibilité font des étincelles !



"Hors les murs" au Festival Paris cinéma 2012































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5 commentaires:

  1. Un coup de coeur déjà partagé par d'autres cinéphiles car il y a au moins 2 nouvelles occasions de voir ce film sur Paris dans les jours qui viennent : il est projeté le 12 octobre au Forum des
    images et aussi le 20 octobre au Centre Wallonie-Bruxelles où c'est le film de clôture de la quinzaine du cinéma francophone. En attendant sa sortie... :)

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  2. Ca y est, vu sur tes conseils et adoré: merci Phil!
    J'ai été pleinement embarqué dans cette histoire d'amour, terriblement réaliste, touchante, naturelle comme tu dis. De très belles scènes, parfois très drôles (j'ai ri à plusieurs reprises) ou
    émouvantes, des rebondissements inattendus, le tout sans accumuler les clichés. Tant pis pour le happy end, l'éloignement des deux amants leur vaudra des retrouvailles plutôt
    sombres (un peu comme dans la vie?).
    J'en suis néanmoins sorti avec le sourire, ça donne envie d'être amoureux!
    Et la réussite du film doit beaucoup à la justesse de ses deux formidables acteurs, Guillaume Gouix, à la fois animal et sensible, toujours magnétique, et Matila Malliarakis, étonnant en
    jeune écorché vif.

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  3. Il aura fallu l'attendre ce film mais ça en valait fichtrement le coup ! Je partage ton coup de coeur, vos commentaires aussi, sur cette superbe histoire d'amour qui n'arrive pas comme une
    évidence au début (contrairement à celle des Parapluies peut-être) mais se construit et finalement emporte tout... Guillaume Gouix est fascinant à mesure que les sentiments d'Ilir évoluent et
    malgré la tristesse qui s'impose peu à peu dans les 2e et 3e parties, c'est bien vrai qu'on ne reste pas sur cette seule émotion et qu'on ressort avec le sourire. Brillant ! 


    Et même si tout le monde s'en fout peut-être de l'autre histoire d'amour du film, moi je l'ai trouvée touchante aussi : pas facile d'être celui qui donne tout pour rendre heureux quelqu'un au
    coeur brisé et qu'on sait désespérément épris d'un autre... Vraiment un très beau film que j'aimerais revoir et re-revoir. 

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  4. Ah mais j'ai trouvé beau aussi Les Parapluies, il ne faut pas croire ! Mais certes peut-être surtout pour quelques moments très forts et pas dans l'ensemble... alors que Hors les murs, c'est
    beau tout le temps et de bout en bout ! Je viens de le revoir et j'ai vraiment tout aimé une nouvelle fois. 


    Et pardon de spoiler un peu mais j'y ai vu cette fois un superbe décalage visuel dont je me demande si tu l'aurais remarqué aussi par hasard (parce que l'image, c'est pas trop mon truc alors je
    me trompe peut-être complètement... mais l'idée ne me lâche plus) : entre l'histoire du début, qui se joue dans de petits espaces très personnels (aux couleurs chaudes ou lumières tamisées, où
    les personnages sont très proches) et les retrouvailles complètement foirées de la fin dans un grand décor vide, aseptisé et froid, ... (là où Les parapluies avaient choisi la neige, pour
    reprendre le parallèle ? Ou je dis juste n'importe quoi ?). Pfiou, en tout cas, ce film est l'un de mes plus gros coups de coeur et je maintiens donc mon "re-revoir" pour une autre fois. :)

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  5. oh mais oui c'est beau tout le temps comme tu dis ! mais les parapluies aussi... enfin, pour moi ! ;)


    ce que tu dis est intéressant, et si une chose peut être observée, c'est qu'elle existe à mon avis... ;)

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