mardi 17 juillet 2012

[Critique] Kill List, de Ben Wheatley



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(Grande-Bretagne, 2011)



Sortie le 11 juillet 2012




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« Kill List » commence pourtant de façon tellement innocente : le couple avec enfant que forment Jay et Shen semble battre de l’aile… Jay subit les reproches de sa femme Shen parce que cela fait
huit mois qu’il ne travaille plus et que l’argent commence à manquer, notamment pour réparer le jacuzzi… de quoi faire des scènes de ménage impressionnantes, en somme, même devant leurs amis Gal
et Fiona, venus dîner un soir à la maison… Et puis la situation se trouble peu à peu, quand on voit Fiona dessiner un drôle de signe cabalistique derrière le miroir de la salle de bain ou quand
Gal propose un nouveau travail à Jay, que l’on comprend alors être son partenaire comme tueur à gage ! Mais l’étrangeté de ce long métrage et surtout la longue descente aux enfers qu’il décrit ne
font alors que commencer… et l’on n’est pas au bout de nos surprises !

Ben Wheatley signe avec « Kill List » un film impressionnant, tant dans sa forme que dans la puissance de sa construction scénaristique, découpée par l’annonce via des cartons des diverses
victimes des tueurs à gage, comme autant de personnages symboliques : « the priest », « the librarian », etc. Si la mise en scène est constamment maîtrisée, on reste surtout impressionné par la
brutalité et la sauvagerie qui émaillent à diverses reprises le film ! S’apparentant à une forme de thriller horrifique, « Kill List » se permet des dérives et des fulgurances sacrément
impressionnantes… On reste notamment abasourdi par le zèle et la conviction que Jay met dans son « travail », au fur et à mesure que les deux partenaires exécutent le contrat qu’on leur a proposé
: alors que la « kill list » ne comporte que trois noms, Jay se transforme à plusieurs reprises en véritable psychopathe lors de folies meurtrières acharnées et difficilement contrôlées… Ses
façons de procéder restent également pas très catholiques (même lorsqu’il s’agit de tuer un prêtre !), en particulier lorsqu’il se met à fracasser le crâne d’une de ses victimes avec un marteau…
On pense alors à l’ultraviolence insoutenable d’un certain cinéma coréen (au hasard Park Chan-wook et son autre tueur au marteau dans « Old Boy ») et on comprend mieux les réticences de Jay à
reprendre le travail, tant la violence de ses pulsions semble incontrôlable !

Heureusement, toute cette noirceur et l’abomination des images est parfois tempérée par une note d’humour, notamment à travers la relation entre les deux tueurs à gage. Quand Jay revient vers Gal
maculé de sang, ce dernier lui rappelle par exemple que l’on reconnaît un bon peintre artisan au fait que sa blouse reste encore propre une fois le travail accompli… Humour noir et
pince-sans-rire, mais humour tout de même !

Mais la force de « Kill List » demeure dans son atmosphère unique et puissamment cinématographique ! Si l’idée de départ du film provient des cauchemars que faisait enfant le cinéaste, on admire
cette façon dont le long métrage dérive justement discrètement dans l’onirisme et le fantastique, jusqu’à un finale complètement outré et jouissif pour tous les amateurs de cinéma de genre, qui
rappellera d’ailleurs peut-être à certains le complètement allumé « A Serbian
film
» ! La subtilité du film de Ben Wheatley demeure sans doute dans cette zone d’ombre et d’incertitude, qui repose sur le personnage de Jay et qui nous empêche à chaque fois de trancher
afin de savoir si ce que nous voyons porté à l’écran est la réalité ou la représentation de sa propre paranoïa… Tout en ellipses et en mystères, l’habileté de « Kill List » est finalement de
toujours laisser croire son spectateur, le faire frémir ou fantasmer, sans jamais ô grand jamais lui révéler clairement ce à quoi il assiste véritablement… On demeure fasciné et impressionné par
une réussite aussi percutante et inattendue !































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3 commentaires:

  1. Un film intéressant surtout au début avec des airs de Ken Loach mais qui m'a totalement destabilisé et perdu dans sa fin que je trouve trop spécial à mon goût et à laquelle je n'ai pas adhérer
    ;-)

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  2. On frôle le chef d'oeuvre, un uppercut pareil ça n'arrive que 1 ou 2 foispar an. Impatient de voir ses autres films !... 3/4

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  3. Grand film en effet ! Sans doute un des meilleurs de cette année. Peut-être même le meilleur film d'horreur anglais depuis l'apnée claustrophobique de "the descent" (avec lequel il offre
    bien des points communs). Une superbe parabole sur la crise, pas si éloignée de la traduction noire et humoristique dans le milieu de la pègre qu'en a faite Dominik avec son "Cogan".

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