lundi 9 juillet 2012

[Carnets de Festival] Paris Cinéma 2012 : épisode 3


paris cinema 2012Après l’épisode 1 ici et l’épisode 2 là, Phil Siné poursuit ses pérégrinations cinéphiles au Festival Paris cinéma 2012, qui fête cette année ses 10 ans : il vous reste encore très peu de temps pour profiter de sa
programmation toujours aussi riche
, alors n’attendez plus !



 



 



 



 



 



 



high_noon.jpg[Hong Kong]
High Noon, de Heiward Mak
(Hong Kong, 2008)




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Premier film d’une jeune réalisatrice inconnue en Europe et qui a pourtant déjà réalisé trois films, « High Noon » est un joli portrait de la jeunesse hongkongaise sous les traits de sept lycéens
encore face à leur avenir… Ca commence un peu comme un teen-movie, plutôt frais et drôle (il suffit de voir le générique hystérique et coloré présentant les différents personnages), et ça se
poursuit plutôt comme une chronique douce-amère avec quelques détours assez tragiques… On y sent la fougue d’un premier film, plein d’audaces et de tentatives en tout genre, mais aussi avec les
ratés et les maladresses que cela peut provoquer. L’ensemble reste cependant très encourageant et révèle une certaine « patte » : celle d’une réalisatrice pleine de vigueur (en témoigne sa
présence très enthousiaste à la projection, malgré une salle bien malheureusement très clairsemée…) Etait présent également l’un des jeunes acteurs du film, tout aussi rigolard que la cinéaste et
aussi attachant que son personnage !

la_chasse.jpg[Avant-première]
La Chasse, de Thomas Vinterberg
(Danemark, 2012)
Sortie le 14 novembre 2012




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Si j’étais un peu déçu que le petit Matthias Schoenaerts n’ait pas gagné le prix
d’interprétation à Cannes pour son rôle dans « De rouille et d’os », on ne
peut pas vraiment en vouloir au grand Mads Mikkelsen de le lui avoir raflé ! Après sa performance dans « Le guerrier silencieux », entre autres, il livre avec « La chasse » une
partition dramatique intense, dans la peau d’un homme accusé à tort de pédophilie… On suit sa déchéance et l’on observe la cruauté des autres, de tout son entourage, toujours aveuglé et reniant
toute recherche de la vérité lorsqu’il s’agit d’enfant. On pense bien sûr à l’affaire d’Outreau, qui révéla une bonne fois pour toute que la vérité ne sort pas toujours (voire rarement…) de la
bouche des enfants, mais le film n’est pas tant le procès d’un sujet sociétal sensible que le parcours d’un homme, marqué à vie par un mal qu’il n’a pas commis et une chasse à l’homme qu’il n’a
pas mérité… Vinterberg fait preuve d’une belle acuité, autant scénaristique qu’à travers sa mise en scène, et l’on reste fasciné par une histoire qui viserait presque à déconstruire son premier
film électrochoc « Festen » : après avoir montré une révélation tardive de pédophilie dans la bouche d’un adulte, il présente ici un mensonge arrivant très tôt dans la vie pseudo innocente d’une
enfant… Malgré la coupure intempestive qui eut lieu au cours de la projection (avec désormais l’impossibilité fâcheuse pour le projectionniste de recaler le film exactement où il s’était arrêté
dans le cas d’une copie numérique), « La chasse » fut pour moi un film intense et profondément révélateur de la nature humaine !

guilty_of_romance.jpg[Avant-première]
Guilty of romance, de Sono Sion
(Japon, 2011)
Sortie le 25 juillet 2012




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Premier film de Sono Sion à sortir en salles en France, « Guilty of romance » permet ainsi de découvrir un cinéaste sulfureux et pour le moins iconoclaste ! Présenté au festival dans sa version
longue (le montage initial japonais donnant des temps d’apparition égalitaires entre les trois personnages féminins principaux afin de ne pas froisser l’ego des actrices), le film sortira
cependant ici au cinéma dans son montage européen écourté de 25 minutes, sacrifiant un peu pour le coup l’un des trois personnages… Quoi qu’il en soit, le long métrage de Sono Sion est
symptomatique d’un cinéma japonais tordu et sacrément couillu, capable de mélanger l’univers érotico-porno du monde de la prostitution et un univers plus violent, voire gore, à travers une
enquête policière bien sordide dans le monde précité… L’itinéraire d’un des personnages, de gentille femme au foyer qui s’ennuie à pute carrément folle du cul qui se soumet à l’emprise des hommes
et d’une autre femme qui la guide dans ce milieu bien trash, est d’ailleurs parfaitement révélateur de l’atmosphère dans laquelle le cinéaste nous embarque… Si le film peut parfois sembler
répétitif et surtout s’il est peut-être trop « porno » et pas assez « gore », « Guilty of romance » n’en demeure pas moins une sacrée expérience de spectateur que l’on traverse un peu sous
hypnose, fasciné et dégoûté tout à la fois par tout ce qui nous est mis devant les yeux…



Tred évoque sur son blog un évènement particulièrement sulfureux survenu au cours de cette
séance...


nuit_d_en_face.jpg[Retro Raoul Ruiz &
Avant-première]

La nuit d’en face, de Raoul Ruiz
(Chili, France, 2012)
Sortie le 11 juillet 2012




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« Film testament » de Raoul Ruiz, mort l’année dernière, « La nuit d’en face » sort enfin sur les écrans… Comme s’il savait qu’il allait mourir, le cinéaste livre une élégante et labyrinthique
réflexion sur la vie et la mort, multipliant les personnages et les digressions… Comme à son habitude, il livre un récit éclaté, difficile à embrasser pleinement, qui donne surtout l’occasion
d’innombrables métaphores (celle du temps qui passe est omniprésente), de multiples blagues de vieux monsieur espiègle, de travellings et d’allégories visuelles souvent renversantes… Un réveil
qui court tout seul, empêchant celui qui veut le prendre de l’attraper, pénétrer la mort en entrant (littéralement !) dans le canon d’un revolver, voici ce que vous pourrez notamment trouver dans
« La nuit d’en face ». Et même si l’on n’y comprend certainement pas tout (à commencer par son titre !), cet ultime film du réalisateur des « Mystères de Lisbonne » demeure une promenade étonnante et variée, au cours de
laquelle on peut butiner selon ses envies et piocher à droite et à gauche afin de se sustenter…

amour.jpg[Avant-première]
Amour, de Michael Haneke
(France, 2012)
Sortie le 24 octobre 2012




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Toujours avec sa mise en scène d’une froideur chirurgicale et parfaitement maîtrisée, Michael Haneke parvient avec « Amour » (Palme d’or à Cannes cette année) à délivrer un message sensible et
humain sur la vie, l’amour et surtout la mort… Bien sûr, on sent toujours cette haine du bourgeois, avec cette famille aux certitudes et aux petits discours étriqués, avec leurs phrases agaçantes
scandées avec minutie, mais quel plaisir de constater que devant la mort, toutes les classes sociales demeurent finalement à égalité ! Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva incarnent avec une
vraie conviction ce vieux couple entre lequel la mort s’immisce à travers une situation devenant de plus en plus intenable, au point de conduire aux portes de la folie… Certains échanges,
certaines situations en disent souvent beaucoup plus qu’il n’y paraît a priori et c’est bien là la force de ce cinéma apparemment simple mais assurément profond et intelligent ! Il est fort à
parier enfin que le film sera lu, compris ou ressenti de façon bien différente selon l’âge de son spectateur : un film qui pourra très certainement accompagner quiconque voudra en faire plusieurs
fois l’expérience tout au long de son existence…



(A suivre...)































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3 commentaires:

  1. "Guilty of Romance", l'électrochoc sulfureux du festival ;)


    Je parle plus en détails de la projection clairsemée de High Noon et des effets électriques du Sono Sion sur mon blog ;)

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