mardi 31 juillet 2012

[Critique] Amour, de Michael Haneke



amour
(France, 2012)



Sortie le 24 octobre 2012



Palme d'or au Festival de Cannes 2012




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Habitué du Festival de Cannes et surtout de son Palmarès, Michael Haneke remporte coup sur
coup après « Le ruban blanc », son film précédent, la deuxième Palme d’or de sa carrière : une récompense d’autant plus impressionnante qu’elle lui a été attribuée par un jury
présidé cette année par le cinéaste Nanni Moretti, qui avait pourtant avoué sa haine pour Haneke à l’époque où celui-ci avait réalisé « Funny Game » ! Il faut dire que ce nouveau
long métrage, intitulé trompeusement « Amour », paraît nettement apaisé par rapport à la violence à laquelle le cinéaste autrichien nous avait habitué par le passé… Au point même que la
plupart des spectateurs ont vu « Amour » comme un mélodrame bouleversant sur la fin de vie ! Libre à vous de croire ces gens-là, d’autant plus que le film cache bien son jeu, mais
le style et la froideur d’Haneke n’ont rien perdu de leur vivacité avec ce nouvel opus, même si tout demeure ici parfaitement intériorisé et contenu…



 



Ainsi, si « Amour » nous plonge en effet dans le quotidien d’un couple de vieux
dont la femme est en train de mourir après une première attaque cérébrale apparemment inoffensive, Haneke en profite pourtant pour continuer à se jouer de nous, pauvres spectateurs de son œuvre…
Il n’est d’ailleurs pas innocent de le voir commencer son film par un plan fixe à la façon du dernier plan de « Caché », présentant les spectateurs d’un concert en train de s’installer
avant la représentation. Outre le côté ludique qu’il y a à retrouver parmi la foule les deux protagonistes principaux du film qui va suivre, il y a visiblement une volonté de dire que l’on va
nous montrer ici ce que d’habitude on ne voit pas, comme si le cinéaste renvoyait un miroir à son public, mettant tout le monde à égalité, que l’on soit dans l’ombre d’une salle de spectacle ou
sous les feux des projecteurs… Mais en choisissant précisément un couple de vieux bourgeois dans un appartement bourgeois jusqu’à la caricature (le folklore autour du piano, les dialogues récités
avec cette diction précieuse et horripilante…), Haneke clame également une forme de haine des riches en les montrant sadiquement dans la même impuissance que n’importe quelle autre classe sociale
devant la réalité et la douleur de la vie…



 



Alors certes, « Amour » montre un vieux couple dont les sentiments profonds et à
peu près universels sont mis à rude épreuve, et chacun pourra y percevoir une histoire émouvante et pleine d’humanité, notamment lorsque le mari ne trouve plus d’autre choix que de mettre fin à
la vie de son épouse pour conserver d’elle un meilleur souvenir que le légume alité qu’elle est devenue… Mais fondamentalement, le film de Haneke démontre bien plus sûrement la fatalité de la
mort, devant laquelle on est tous pris au dépourvu de la même façon, plutôt que la beauté de l’amour… Mais l’amour n’est-il justement pas toujours profondément lié à la notion de mort, comme
l’indéfectible couple de l’Eros et du Tanathos l’ont montré depuis la nuit des temps ? Au-delà du sentimentalisme, l’ironie d’Haneke demeure ainsi bien prégnante et des acteurs comme
Jean-Louis Trintignant ou Isabelle Huppert en restent les meilleures incarnations possibles ! « Amour » est finalement beau et pénible à la fois, un peu comme un pigeon qui rentre
dans un appartement, mais que l’on a un mal fou à remettre dehors…



 



Amour au Festival Paris cinéma
2012































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lundi 30 juillet 2012

[Sortie] My soul to take, de Wes Craven



my soul to take
(Etats-Unis, 2010)



Sortie le 1er août 2012




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Juste avant « Scream 4 », Wes Craven avait passé près de trois ans à monter « My soul to take
», sur un scénario qu’il avait lui-même écrit, mais qui fut malheureusement un cuisant échec aux Etats-Unis... Quel bonheur de le voir enfin sortir sur nos écrans, alors même que l'on craignait
de le voir réduit à un vulgaire DTV ! [...] Dans « My soul to take », Craven se plait à nous perdre dans un scénario complexe, en explorant des horizons autant divers que stimulants. Porté par
une mise en scène toujours aussi efficace, le style du cinéaste se fait même plus contemplatif parfois, et même poétique, osons le dire !



Retrouvez sans attendre la critique complète de "My soul to take" par Phil Siné
!































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dimanche 29 juillet 2012

[Critique] La mort au large, de Enzo G. Castellari


mort_au_large.jpg(Italie, 1981)



The Shark Attacks Summer, c'est tout l'été sur le blog de Phil Siné !




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Série B italienne complètement fauchée, « La mort au large » sent qui plus est bien fort le plagiat pur et dur, en offrant un script qui ressemble à s’y méprendre à un mix (pas très habilement)
réalisé entre « Les dents de la mer » et sa suite « Les dents de la mer 2 »… Alors que le troisième volet de la saga n’allait pas
tarder à être réalisé, l’opportunité était trop belle pour se faire un peu de fric avec un jour du saigneursuccédané de derrière les fagots, intention par
ailleurs quasiment revendiquée par les producteurs avec ce mystérieux chiffre 3 qui apparaît sur une voile de l’affiche du film, histoire de mieux « noyer le poisson »… Gonflé !

Quoi qu’il en soit, tout est là : la première attaque de la bête, les premiers doutes par un gentil spécialiste des requins qui veut interdire aux vacanciers de se baigner, les méchantes
autorités qui ne veulent pas avertir les gens de peur de gâcher la saison touristique, la chasse, la panique… On retrouve même les planches à voiles (avec une régate qui sera un carnage !) et
l’hélicoptère (qui se fait bouffer) du deuxième opus des « Dents de la mer » shark attacks summermade in USA ! Reste que tout demeure ici
mal fichu, écrit à la va-comme-je-te-pousse, mal joué et réalisé avec les pieds…

Il faut dire que le rythme n’est pas très soutenu, que le montage est parfois très étrange et que les effets spéciaux, surtout, ne sont vraiment pas glorieux… Si les attaques de l’affreux monstre
marin sont pourtant assez nombreuses, ses apparitions sont à peu près toutes du même acabit, avec la même grosse tête de requin qui sort de l’eau à la verticale, sachant qu’il s’agissait là du
seul morceau de maquette conséquent créé pour le film… Pour combler les moments juste avant l’attaque, le « réalisateur » ose carrément balancer des stockshots de documentaires animaliers, avec à
chaque fois des images de squales de tailles ou d’espèces différentes, à croire à force qu’il y a plusieurs créatures ! La scène la plus débile – et donc hilarante ? – restant peut-être celle où
des plongeurs se réfugient dans une grotte sous-marine dont le requin s’acharne consciencieusement à reboucher l’entrée avec des gros rochers qu’il pousse habilement du bout de son museau
saillant… Ridicule, à l’image de ce long métrage sans queue ni tête (enfin si, une grosse tête de requin…) qui frôle le grand n’importe quoi : pour amateur de bis italien vite torché,
complètement raté mais pas toujours drôle pour autant !



Index du Jour du Saigneur































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samedi 28 juillet 2012

[Critique] The We and the I, de Michel Gondry







the we and the i
(Etats-Unis, 2010)



Sortie le 12 septembre 2012




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Michel Gondry est l’un de ces cinéastes rares, capables apparemment de faire tout ce dont il a envie : aussi bien un documentaire intimiste sur sa propre
famille (« L’épine dans le cœur »)
qu’un blockbuster hollywoodien sur un superhéros (« The Green Hornet »). Le grand écart ne lui fait visiblement pas
peur, et alors qu’il est sur le point d’achever un projet de grande envergure avec une maestria de stars de cinéma (l’adaptation impossible de « L’écume des jours » de Boris Vian), il
nous revient entre-temps avec un film plus modeste, quelque part entre la fiction improvisée et le documentaire dans lequel des acteurs amateurs « jouent » en réalité leurs propres
rôles…



Construit comme un « huis clos en mouvement » (toute l’action est saisie depuis l’intérieur d’un bus), « The We and the I » (au titre ô combien
symbolique !) retrace le trajet d’un car après l’école, déposant un à un à travers la ville les élèves d’un lycée du Bronx, qui viennent tout juste de terminer leur année scolaire… C’est
l’été, à eux la liberté, mais les rapports de force n’en demeurent pas moins prégnants entre eux, comme tous les autres jours ! Et même si le bus ne menace pas d’exploser (comme dans
« Speed »), il se passe suffisamment de micro évènements à l’intérieur pour ne jamais s’ennuyer ! L’habitacle du bus retranscrit ainsi une forme de hiérarchie sociologique, avec
les filles et les faibles à l’avant et les caïds sans foi ni loi à l’arrière, capables d’éjecter sans état d’âme de jeunes passagers de ce qu’ils estiment être « leurs » places (ou leur
territoire ?) afin de s’y asseoir… Devant cette bande de jeunes plutôt agitée, les autres passagers adultes prennent la fuite illico ou tentent quelques résistances, comme une vieille dame
qui reste en place malgré les bousculades et les incivilités que lui imposent les racailles du fond : elle témoigne en outre d’un humour presque burlesque dont le film ne fait presque jamais
l’économie, quand elle corrige l’un des jeunes effrontés avec sa cane à la descente du car…



« The We and the I » est donc drôle, mais passe par un prisme d’émotions bien plus large, à travers la palette de portraits qu’il propose avec ses
multiples personnages possédant chacun son caractère bien défini… Si l’étude sociologique est soignée et souvent pertinente, appuyée certes par un aspect caricatural servant pourtant habilement
la démonstration, ce qui intéresse Michel Gondry reste certainement la progression de ce trajet en bus, qui fonctionne comme un puissant révélateur du phénomène de groupe chez l’être
humain : tout semble révéler que plus l’individu est entouré, moins il réfléchit et plus il se laisse entraîner par quelques instincts grégaires laissant libre cours à sa bêtise ou à son
animalité primaire… En construisant son film en trois parties, le cinéaste trace un itinéraire passionnant du « nous » vers le « je » comme le clame son titre marquant bien
une rupture entre le « we » et le « I ». C’est ainsi au fur et à mesure que le bus se vide et que les personnages se retrouvent de plus en plus seuls qu’on les observe
disposés à se livrer et à révéler leur véritable personnalité, intime et profonde… Une forme de mélancolie métaphysique s’installe, après les exubérances d’apparat du point de
départ !



Sur le canevas proche d’un simple « film concept », Gondry réussit en définitive une œuvre incroyablement riche et intelligente, qui plus est joliment
rythmée et inventive d’un bout à l’autre… Car fidèle à sa légende de « réalisateur bricolo-rigolo », le cinéaste distille sa créativité au gré des séquences, ici avec un générique
suivant un bus « radiocassette » miniature, là avec des flash-back et autres rêveries des personnages en-dehors du bus, ou plus loin encore avec l’utilisation d’images issues des
téléphones portables ou des réseaux sociaux, phénomènes nécessaires à prendre en compte dès lors qu’on parle des jeunes d’aujourd’hui…



Autres films de Michel Gondry :



L’épine dans le cœur (2010)



The Green Hornet (Le Frelon vert)
3D (2011)



"The We and the I" au Festival Paris
cinéma 2012
































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vendredi 27 juillet 2012

[Critique] Kyss Mig : une histoire suédoise, d’Alexandra Therese Keining


kyss_mig.jpg(Suède, 2011)



Sortie le 29 août 2012




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Avec son joli titre suédois qui veut dire exactement ce qu’il semble vouloir dire (« Kyss Mig » pour « Kiss me »), ce film d’Alexandra-Therese Keining est peut-être avant tout une histoire de
filles… au sens propre du terme ! On y suit en effet les hésitations amoureuses de Mia, sur le point de se marier à son fiancé de longue date, mais soudainement troublée par une autre femme,
Frida, qui est la fille de sa nouvelle belle mère, qu’elle rencontre justement le jour où son père se remarie… Une situation sacrément délicate, surtout après un premier baiser !

Si l’histoire est touchante, et respire la sincérité, on reste cependant plus sceptique devant sa construction plutôt conventionnelle et systématique, qui laisse finalement peu de place à
l’inattendu… On a déjà souvent vu cette histoire de coming-out soudain pour s’en tenir encore à des scénarios aussi sages et convenus… C’est dommage, d’autant que le thème du trouble sexuel
débouche sur un trouble identitaire subtil qui oblige Mia à remettre toute sa vie en question : elle passe ainsi par les étapes obligées du déni, de l’attraction-répulsion pour l’autre femme, du
désir d’être normale et surtout de ne pas tout gâcher avec son futur époux, d’autant plus que leur relation fonctionnait à merveille…

Côté interprétation, on ne peut pas dire que tout soit toujours très juste non plus, mais si certains seconds rôles laissent un peu à désirer (autant du point de vue de l’interprétation que de
leur utilité dans la fiction d’ailleurs…), les deux actrices principales (Ruth Vega Fernandez et Liv Mjönes) parviennent à une forme d’alchimie assez réussie : on croirait presque voir deux
jeunes filles en pleine crise d’adolescence… Elles aident grandement à croire à cette histoire un brin téléphonée tout de même, que l’on suit certes sans réel déplaisir, mais qui ne bouleverse
toutefois pas autant qu’elle aurait pu et surtout qui ne laissera certainement pas beaucoup de traces dans les mémoires…































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mercredi 25 juillet 2012

[Jeu] Who's this shark ? Part V


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"Who's this Shark ?", c'est le jeu de l'été sur le blog de Phil Siné, dans le cadre de "The
Shark Attacks Summer
" ! Environ une fois par semaine jusqu'à la fin du mois d'août, il vous faudra reconnaître trois requins en photo et surtout dire en commentaires dans quels films vous les
avez déjà vu... Le premier requin, trop facile à reconnaître, vous rapportera 1 point ; le second, un peu moins facile à trouver, vous créditera de 2 points ; et le troisième, encore moins facile
à deviner, vous fera remporter carrément 3 points ! Vous êtes prêts ? Alors feu, c'est parti... et bonne chasse aux requins à tous !



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13 - Pour 1 point



Réponse :  Mega Shark vs. Giant Octopus (trouvé par π) 



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14 - Pour 2 points



Réponse : Les dents de la plage / Sand Sharks (trouvé par π) 



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15 - Pour 3 points



Réponse : Aatank (superbe film de requindien, trouvé par Titoune) 



A la fin de l'été, les joueurs se voyant crédités du plus grand nombre de points, gagneront bien évidemment de super cadeaux, dont la liste ci-dessous est encore susceptible d'évoluer...



1er prix : 1 DVD au choix (Shark Attack III ou Killing Sharks ou Peur bleue) + 1 requin "collector" en origami + 1 badge I ❤
Phil Siné



2e prix : 1 DVD au choix parmi les 2 qui n'auront pas été choisi par le 1er prix + 1 requin "collector" en origami +
1 badge I ❤ Phil Siné



3e prix : le DVD qui n'aura été choisi ni par le 1er prix ni par le 2e prix + 1 requin "collector" en origami +
1 badge I ❤ Phil Siné



4e et 5e prix : 1 requin "collector" en origami + 1 badge I ❤ Phil Siné



6e au 10e prix (et peut-être un peu plus...) : 1 requin "collector" en origami + rien d'autre



Le point sur les points :



π : 18 points



Titoune : 6 points 



MaxLaMenace_89 : 3 points































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mardi 24 juillet 2012

[Critique] Du vent dans mes mollets, de Carine Tardieu



du vent dans mes mollets
(France,
2012)



Sortie le 22 août 2012




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Avec son titre que l’on pourra juger un peu ridicule et son « packaging » apparent de comédie française assez commune, « Du vent dans mes mollets » se révèle pourtant une belle surprise à plus
d’un titre… A vrai dire, on ne s’attend pas à grand chose en y allant et l’on se retrouve bientôt porté par mille émotions en le découvrant ! Car cette adaptation d’un roman de Raphaële Moussafir
par Carine Tardieu, qui cosigne le scénario avec l’auteur, est un pur moment de bonheur inattendu, dont la finesse d’écriture et d’interprétation fait véritablement plaisir à voir…

« Du vent dans mes mollets », c’est l’histoire de Rachel, 9 ans, qui va voir sa vie s’animer un peu plus au contact de Valérie, une autre enfant de son âge : cette nouvelle relation lui permet un
peu plus de fantaisie et d’échapper un peu au train-train quotidien du foyer… Du côté de ses parents, justement, la relation du couple semble se remettre en question au contact de la mère
célibataire de Valérie, troublant visiblement le papa… Tout cela a l’air certes bien banal, et pourtant il y a un ton rafraîchissant et un style vraiment original qui souffle sur cette jolie
comédie douce amère ! Il faut dire que le charme des acteurs n’est largement pas étranger au plaisir que l’on prend devant le film : si les deux petites filles sont d’un naturel désarmant
(Juliette Gombert et Anna Lemarchand), le triangle amoureux formé par les adultes est absolument savoureux… Denis Podalydès est comme toujours formidable dans son rôle de papa un peu tête en
l’air et attachant, Agnès Jaoui renouvelle avec conviction son jeu qui était depuis trop longtemps resté sur le même registre, et Isabelle Carré est une fois encore radieuse et d’une belle
subtilité.

On s’amuse en outre de l’humour et de la fantaisie qui traversent de bout en bout ce film entraînant, ponctué en sus de belles trouvailles de mise en scène… Quand la cuisine miteuse du personnage
incarné par Podalydès lui tombe littéralement sur la tête, alors qu’il vient de refaire la cuisine de la mère de Valérie, le gag est tout simplement hilarant, mais la drôlerie passe généralement
par une plus grande finesse, à travers des situations coquasses, qui évoquent la vie quotidienne et qui savent toujours demeurer profondément humaines… Le côté « vintage » du film amène en outre
beaucoup de charme nostalgique à l’ensemble (cet esprit très années 80, déjà une autre époque, à la fois si lointaine et si proche pour tous ceux qui y ont grandi…), mais c’est à travers le
finale brutal et douloureux que « Du vent dans mes mollets » prend une hauteur insoupçonnée, en décrivant l’entrée injuste et réaliste de la jeune héroïne dans l’âge adulte, presque malgré elle…



Perspective :



- "Du vent dans mes mollets" au Festival Paris cinéma































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lundi 23 juillet 2012

[Critique Gonzo] Would you have sex with an Arab ? de Yolande Zauberman



would_you_have_sex_with_an_arab.jpg
(France, 2010)



Sortie le 12 septembre 2012




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C’était un jeudi. J’arrive en avance à la projection du nouveau film de Yolande Zauberman et je m’installe confortablement dans l’un des sièges gigantesques à accoudoir double du Club Marbeuf
(une salle secrète d’élus cinéphiles à Paris…) Quelques individus s’installent de part et d’autre de ma personne, mais je me dis qu’ils ont l’air gentils et que tout va bien se passer…
D’ailleurs, ceux-là se sont révélés parfaitement gentils. Pas autant cependant que la grosse conne qui s’est installée juste à côté de moi en entrant au dernier moment dans la salle et en
dérangeant tout le monde pour s’installer pile au milieu du rang, alors même que les lumières venaient de s’éteindre et que le film commençait… Mais à ce moment-là, je ne savais pas encore
vraiment à quelle point cette grosse était conne et surtout de quelle façon elle allait parvenir à me gâcher la projection du long métrage au titre pourtant aussi audacieux et excitant (?) que «
Would you have sex with an Arab ? »

A vrai dire, ça commence par un allumage intempestif de son portable… Je laisse faire, je me dis que c’est le début de la séance, qu’elle doit couper son réseau ou envoyer un dernier sexto à son
abruti de copain qui va venir l’attendre à la sortie du cinéma juste après pour aller niquer… sauf que non, ce n’est pas du tout ça, mais ça j’allais le découvrir un tout petit peu plus tard,
alors qu’elle aura déjà allumé et éteint son téléphone une bonne trentaine de fois peut-être, dérangeant à chaque fois mon regard, devenu incapable de se concentrer sur le seul écran auquel il
aurait pourtant fallu se consacrer : celui de la salle de projection !

En fait, j’ai essayé un temps de filouter afin de contourner à tout prix le moment de la confrontation où je finirai par lui dire qu’elle est trop conne cette grosse conne de chez conne, à
déranger comme ça les gens avec son smartphone de sale pétasse impolie et égotiste ! Comme il y avait un siège d’écart entre nous, j’ai commencé par disposer mon sac et ma veste de façon à ce que
ça cache l’écran de son téléphone à ma vue… Sauf qu’il restait toujours le rétro éclairage « bleu connasse » projeté sur son visage de pute ! Du coup je relevais mon coude droit en disposant ma
main derrière la tête afin de ne plus voir sa sale gueule de pouffiasse… un coup à choper une bonne crampe, bien évidemment ! Le pire dans tout ça, c’est que je suis presque sûr qu’elle me voyait
faire et qu’elle avait parfaitement conscience de la gêne qu’elle engendrait sur ma pauvre personne qui tentait désespérément de comprendre de quoi il retournait sur l’écran principal et non sur
le sien… Du coup, j’avais beau tergiverser en tout sens, la confrontation verbale avec cette pétasse à gifler devenait inévitable, d’autant que j’étais cerné de toute part et qu’il était
parfaitement impossible de changer de place !

Je me penche donc vers elle en pensant « Tu éteints ton portable grosse salope ! », mais en disant gentiment « S’il vous plaît vous pourriez arrêter d’allumer votre téléphone sans arrêt, la
lumière me gêne pour voir le film… » Et là, comme c’était une grosse pute, elle a quand même eu le toupet de répondre, persuadée d’avoir raison dans son choix de me pourrir la séance : « Oh, mais
j’ai besoin de me conduire comme une conne parce que je prends des notes en même temps… » Ah oui, voilà, du genre je suis une professionnelle en talons hauts et en jupe de pute ras-la-touffe qui
m’ont permis de coucher avec le directeur du journal ou du site web qui m’emploie pour écrire des piges de merde torchées en trois phrases simples sur les films que je vois sans les comprendre…
Mais QUELLE GROSSE CONNE ! Mais quelle pouffiasse ! Elle a quand même consenti à arrêter… du moins elle l’a dit ! Mais elle ne l’a pas fait, bien sûr, en grosse pétasse qu’elle était : du coup
elle cachait son téléphone sous une sorte de veste pour l’allumer, sauf que je captais forcément tout le temps la lumière sur son visage de truffe ! Que faire d’autre, sinon subire les
agissements de tous ces connards et de toutes ces connasses qui nous empoisonnent la vie au quotidien, juste parce qu’ils se croient être seul au monde et sans la moindre obligation de respect à
l’égard de ceux qui les entourent, dans la rue, dans le métro ou dans une salle de cinéma…

Les lumières se sont rallumées, la pouffe est partie et je me suis alors demandé ce que j’allais bien pouvoir écrire sur ce film auquel on m’avait pourtant si gentiment convié… Un titre
intrigant, se terminant d’ailleurs par un point d’interrogation (le milieu du cinéma pense d’habitude que ça porte malheur…) et des images de la jeunesse de Tel-Aviv, de nos jours, en particulier
perdue dans le monde de la nuit… Par provocation, on demande aux juifs s’ils pourraient coucher avec des arabes, et inversement pour les arabes… L’occasion de rappeler d’ailleurs que 20 % de la
population d’Israël est étonnamment arabe ! Interrogation sur le désir et la tolérance, « Would you have sex with an Arab ? » a l’air d’être un documentaire intéressant, mais quelque peu figé
cependant, comme s’il avait visiblement du mal à développer et transformer son concept de départ, certes très astucieux, en quelque chose d’autres…































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dimanche 22 juillet 2012

[Critique] Sharkman, de Michael Oblowitz


sharkman.jpg(Etats-Unis, 2005)



The Shark Attacks Summer, c'est tout l'été sur le blog de Phil Siné !




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Un savant fou invite une bande de scientifiques sur son île pour soi-disant leur faire part de ses dernières découvertes dans ses recherches sur les requins… Mais l’effroi saisira les visiteurs
lorsqu’ils comprendront que leur hôte a réussi à mêler l’ADN d’un requin marteau à celui d’un homme pour lui permettre de vivre malgré son cancer généralisé (oui, il paraît que les requins ne
sont jamais malades…) et qu’il se livre à des expériences effroyables sur des êtres humains… L’effroi se transformera même en horreur quand ils se rendront jour du saigneurcompte qu’ils ne sont là que pour servir de repas au « Sharkman » ou dans le meilleur des cas d’utérus pour sa reproduction… et je ne suis pas sûr
qu’il s’agisse d’un meilleur sort, à dire vrai, vu l’atmosphère bien gore qui se dégage des accouchements !

Avec un scénario pareil, les éditions vidéos « Nu Image » à l’origine de ce DTV mémorable nous plonge bien entendu en pleine série B (voire triple Z), ne déviant pas d’un iota de leur ligne
éditoriale habituelle… La qualité du film est sans surprise, à l’image de son budget visiblement complètement fauché : décors minimalistes, effets spéciaux foireux, stock-shots issus d’autres
films (notamment pour les scènes avec hélicoptères), interprétation piteuse et shark attacks summeroutrée des acteurs tous plus mauvais les
uns que les autres… et pourtant, « Sharkman » impose un rythme soutenu, multipliant les scènes d’action ridicules et les attaques de l’homme requin aussi bien en mer que sur la terre ferme ! Bien
sûr, tout cela est complètement inepte, faisant parfois advenir un pseudo suspense à partir d’une simple flaque d’eau de laquelle tout le monde doit s’éloigner dans la panique générale… La mise
en scène est la plupart du temps parfaitement inexistante, le rythme étant imposé par un montage devenant carrément épileptique dans les scènes de terreur qui se révèlent pour le coup
parfaitement illisibles : vu la qualité des effets spéciaux et le risible costume de Sharkman, on se dit que ce n’est peut-être pas plus mal… L’ensemble est globalement plutôt répétitif et
ennuyeux, mais certains moments peuvent provoquer de sacrés fous rires, et rien que pour ça, « Sharkman » diffuse un certain charme parodique, un peu dans la veine d’un Bruno Mattei sur « Robowar »



Index du Jour du Saigneur































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vendredi 20 juillet 2012

[Jeu] Who's this shark ? Part IV


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"Who's this Shark ?", c'est le jeu de l'été sur le blog de Phil Siné, dans le cadre de "The
Shark Attacks Summer
" ! Environ une fois par semaine jusqu'à la fin du mois d'août, il vous faudra reconnaître trois requins en photo et surtout dire en commentaires dans quels films vous les
avez déjà vu... Le premier requin, trop facile à reconnaître, vous rapportera 1 point ; le second, un peu moins facile à trouver, vous créditera de 2 points ; et le troisième, encore moins facile
à deviner, vous fera remporter carrément 3 points ! Vous êtes prêts ? Alors feu, c'est parti... et bonne chasse aux requins à tous !



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10 - Pour 1 point



Réponse : Les dents de la mer (trouvé par MaxLaMenace_89)



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11 - Pour 2 points



Réponse : Shark 3D (trouvé par MaxLaMenace_89)



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12 - Pour 3 points



Réponse : Les dents de la mer 2 (trouvé par π)



A la fin de l'été, les joueurs se voyant crédités du plus grand nombre de points, gagneront bien évidemment de super cadeaux, dont la liste ci-dessous est encore susceptible d'évoluer...



1er prix : 1 DVD au choix (Shark Attack III ou Killing Sharks ou Peur bleue) + 1 requin "collector" en origami + 1 badge I ❤
Phil Siné



2e prix : 1 DVD au choix parmi les 2 qui n'auront pas été choisi par le 1er prix + 1 requin "collector" en origami +
1 badge I ❤ Phil Siné



3e prix : le DVD qui n'aura été choisi ni par le 1er prix ni par le 2e prix + 1 requin "collector" en origami +
1 badge I ❤ Phil Siné



4e et 5e prix : 1 requin "collector" en origami + 1 badge I ❤ Phil Siné



6e au 10e prix (et peut-être un peu plus...) : 1 requin "collector" en origami + rien d'autre



Le point sur les points :



π : 15 points



Titoune : 6 points































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jeudi 19 juillet 2012

[Critique] Les dents de la mer 2, de Jeannot Szwarc


dents_de_la_mer_2.jpg(Etats-Unis,
1978)



The Shark Attacks Summer, c'est tout l'été sur le blog de Phil Siné !




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Malgré son titre français pas très flatteur (prononcé un peu vite, on peut entendre « Les dents de la merde », ce qui valu d’ailleurs au film de sortir en salles sous le titre tout de suite plus
subtil de « Les dents de la mer : 2ème partie »), cette suite du chef-d’œuvre
de Spielberg
, même s’il souffre évidemment énormément de la comparaison avec son prédécesseur, n’est pourtant pas si mauvaise que ça… Certes, le scénario semble un peu un calque légèrement
modifié du premier, mais l’ensemble se laisse regarder comme un film de terreur familial plutôt sympa et efficace.

Steven Spielberg étant trop occupé à chasser les extraterrestres sur le tournage de « Rencontres du troisième type », c’est le tâcheron Jeannot Szwarc (l’un des premiers réalisateurs français
exilé aux Etats-Unis) qui se colle à l’ouvrage de ce deuxième volet des aventures de la petite station balnéaire d’Amity, de nouveau en proie à un énorme requin mangeur d’hommes ! Et c’est sans
doute là que le bât blesse le plus : car si le cinéaste sait grosso modo filmer ce qu’il faut, il le fait sans grande originalité ni la moindre audace… Sa mise en scène est finalement un peu
l’antithèse de celle de Spielberg : là où ce dernier savait donner du relief à son film avec une réalisation et un montage précis qui savait faire monter la tension et la terreur chez le
spectateur, on ne retrouve ici qu’une illustration un peu plate d’un scénario bien construit, certes, mais sans véritables effets de surprises… On est par exemple un peu navré devant les divers
plans présentant la station d’Amity, propices à nous montrer quelques scènes de plages inutiles et bassement voyeuristes sur des jeunes femmes en maillots de bain, notamment… Mais le manque de
panache de la mise en scène se voit bien plus encore à chaque attaque du requin : quand celui de Spielberg savait se faire désirer, avec une attente angoissante créée par quelques plans
sous-marins bien sentis ou une musique annonciatrice, celui de Szwarc apparaît probablement trop vite à l’écran, rendant ses attaques plus directes et moins terrifiantes…

Du côté de l’histoire, si l’on n’est pas mécontent de retrouver quelques personnages déjà présents dans le premier film (à commencer par le chef Brody, incarné par Roy Scheider), on reste
cependant sur sa faim, tant l’enchaînement des évènements ressemble à s’y méprendre à celui qu’on avait déjà connu : premières disparitions mystérieuses, toujours le même entêtement de la
municipalité à faire la sourde oreille… et Brody qui se retrouve vite très seul à rester convaincu de l’existence du requin, jusqu’à ce finale en mer, où il se retrouve à porter secours à une
bande d’adolescents (dont ses enfants) dérivant sur des voiliers attaqués par le monstre marin… Bien sûr, Brody réussira à vaincre le terrible squale, mais dans un moins grand fracas pourtant
qu’à la fin du film original. Nouvelle déception de spectateur…

Bien sûr, il suffit de ne pas voir « Les dents de la mer 2 » en pensant à son modèle pour savoir en profiter et ne voir en cette suite qu’un gentil film de terreur plutôt plaisant, avec ses
victimes qu’on prend plaisir à voir se faire dévorer et un requin qui reste plutôt crédible malgré ses nombreuses apparitions à l’écran.



Perspective :



- Les dents de la mer, de Steven Spielberg































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mercredi 18 juillet 2012

[Sortie] Laurence Anyways, de Xavier Dolan



laurence anyways
(Canada, France, 2012)



Sortie le 18 juillet 2012




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C’est l’histoire d’un couple qui va se déchirer pendant plus d’une décennie, depuis la fin des années 80 jusqu’à l’aube du nouveau millénaire… Un couple qui va en quelque sorte réinventer et
moderniser l’amour, dans ce qu’il a de conformiste et réducteur. Car au sein de ce couple, il y a Laurence, et Laurence est un homme qui voudrait être une femme, sans pourtant renoncer à Fred,
l’amour de sa vie, qui est elle aussi une femme… Curieux et culotté mélange des « genres », qui marque la belle complexité du propos que le film tend à nous insuffler ! [...] Dolan se permet
d’interroger en profondeur et avec une intelligence folle la question du genre dans un couple et dans la civilisation. En cela, « Laurence Anyways » est un film hautement progressiste et
sociétal, qui fait exploser les conventions et montre l’extrême difficulté de s’en extirper…



Retrouvez ici la critique complète de "Laurence Anyways" par Phil
Siné































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mardi 17 juillet 2012

[Critique] Kill List, de Ben Wheatley



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(Grande-Bretagne, 2011)



Sortie le 11 juillet 2012




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« Kill List » commence pourtant de façon tellement innocente : le couple avec enfant que forment Jay et Shen semble battre de l’aile… Jay subit les reproches de sa femme Shen parce que cela fait
huit mois qu’il ne travaille plus et que l’argent commence à manquer, notamment pour réparer le jacuzzi… de quoi faire des scènes de ménage impressionnantes, en somme, même devant leurs amis Gal
et Fiona, venus dîner un soir à la maison… Et puis la situation se trouble peu à peu, quand on voit Fiona dessiner un drôle de signe cabalistique derrière le miroir de la salle de bain ou quand
Gal propose un nouveau travail à Jay, que l’on comprend alors être son partenaire comme tueur à gage ! Mais l’étrangeté de ce long métrage et surtout la longue descente aux enfers qu’il décrit ne
font alors que commencer… et l’on n’est pas au bout de nos surprises !

Ben Wheatley signe avec « Kill List » un film impressionnant, tant dans sa forme que dans la puissance de sa construction scénaristique, découpée par l’annonce via des cartons des diverses
victimes des tueurs à gage, comme autant de personnages symboliques : « the priest », « the librarian », etc. Si la mise en scène est constamment maîtrisée, on reste surtout impressionné par la
brutalité et la sauvagerie qui émaillent à diverses reprises le film ! S’apparentant à une forme de thriller horrifique, « Kill List » se permet des dérives et des fulgurances sacrément
impressionnantes… On reste notamment abasourdi par le zèle et la conviction que Jay met dans son « travail », au fur et à mesure que les deux partenaires exécutent le contrat qu’on leur a proposé
: alors que la « kill list » ne comporte que trois noms, Jay se transforme à plusieurs reprises en véritable psychopathe lors de folies meurtrières acharnées et difficilement contrôlées… Ses
façons de procéder restent également pas très catholiques (même lorsqu’il s’agit de tuer un prêtre !), en particulier lorsqu’il se met à fracasser le crâne d’une de ses victimes avec un marteau…
On pense alors à l’ultraviolence insoutenable d’un certain cinéma coréen (au hasard Park Chan-wook et son autre tueur au marteau dans « Old Boy ») et on comprend mieux les réticences de Jay à
reprendre le travail, tant la violence de ses pulsions semble incontrôlable !

Heureusement, toute cette noirceur et l’abomination des images est parfois tempérée par une note d’humour, notamment à travers la relation entre les deux tueurs à gage. Quand Jay revient vers Gal
maculé de sang, ce dernier lui rappelle par exemple que l’on reconnaît un bon peintre artisan au fait que sa blouse reste encore propre une fois le travail accompli… Humour noir et
pince-sans-rire, mais humour tout de même !

Mais la force de « Kill List » demeure dans son atmosphère unique et puissamment cinématographique ! Si l’idée de départ du film provient des cauchemars que faisait enfant le cinéaste, on admire
cette façon dont le long métrage dérive justement discrètement dans l’onirisme et le fantastique, jusqu’à un finale complètement outré et jouissif pour tous les amateurs de cinéma de genre, qui
rappellera d’ailleurs peut-être à certains le complètement allumé « A Serbian
film
» ! La subtilité du film de Ben Wheatley demeure sans doute dans cette zone d’ombre et d’incertitude, qui repose sur le personnage de Jay et qui nous empêche à chaque fois de trancher
afin de savoir si ce que nous voyons porté à l’écran est la réalité ou la représentation de sa propre paranoïa… Tout en ellipses et en mystères, l’habileté de « Kill List » est finalement de
toujours laisser croire son spectateur, le faire frémir ou fantasmer, sans jamais ô grand jamais lui révéler clairement ce à quoi il assiste véritablement… On demeure fasciné et impressionné par
une réussite aussi percutante et inattendue !































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lundi 16 juillet 2012

[Critique] Mobile Home, de François Pirot



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(France, Belgique, 2011)



Sortie le 29 août 2012




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Pour son premier film, François Pirot a réussi à trouver un très joli titre à la fois drôle et polysémique… mais ce n’est pas tout ! Il réussit également un très joli film, chronique douce amère
de deux trentenaires qui n’ont pas encore réussi à trouver leur voie… et leur vie ! Le ton y est à la fois réaliste et très tendre, rendant le tout plutôt convaincant et émouvant, avec un soupçon
d’humour ou d’ironie plutôt bienvenu…

L’histoire est celle de Simon, qui a tout plaqué à la ville pour venir se ressourcer chez ses parents à la campagne, et de Julien, qui est revenu chez son père depuis plusieurs années maintenant,
afin de l’aider à se remettre d’une grave maladie… Ce sont deux copains d’enfance qui se retrouvent sur les lieux de leurs meilleurs souvenirs et qui ont tout à coup l’idée saugrenue de réaliser
un de leur rêve d’antan : partir à l’aventure « on the road » et vivre ainsi au jour le jour… Sauf qu’un contretemps avec le camping car qu’ils se sont décidés à acheter les empêche de partir
tout de suite : ils décident toutefois de commencer leur grand voyage malgré tout, en habitant déjà leur camping car à deux pas de chez leurs parents.

François Pirot filme ses personnages avec une belle affection : s’il se moque parfois un peu d’eux et de leurs airs d’« adulescents » incapables de s’inscrire dans l’âge adulte, il les accompagne
avec beaucoup de respect et surtout une grande humanité… Guillaume Gouix et Arthur Dupont forme un duo d’acteurs très réussi et très attachant dans ces rôles de paumés qui ne savent pas vraiment
ce qu’ils veulent, souvent hésitants ou ridicules dans leurs choix, toujours furieusement proches de nous… Comment s’inscrire dans le monde ? Faut-il renoncer à ses rêves ? Au gré de diverses
rencontres et de situations insolites, les projets de Simon et Julien ne vont finalement jamais aller dans la direction qu’ils pensaient… Si Simon reste persuadé que sa liberté passera par la
fuite de ce qui l’entoure (et l’enchaîne ?) ici, Julien finira au contraire par se rendre compte que son désir de partir l’amène à redécouvrir un bonheur qui se trouvait peut-être sur place… Les
deux amis seraient-ils finalement en train de grandir pour se rendre compte qu’ils ne sont peut-être plus tout à fait les mêmes et qu’ils doivent du coup faire des choix différents en se séparant
?































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dimanche 15 juillet 2012

[Critique] The reef, d’Andrew Traucki



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(Australie, 2009)



The Shark Attacks Summer, c'est tout l'été sur le blog de Phil Siné !




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Clamant dès son introduction que son histoire se base sur des faits réels, le film d’Andrew Traucki revendique ainsi une certaine caution réaliste à cette énième mise en scène cinématographique
d’attaques de requin… Et c’est bien là justement que « The Reef » trouve sa force et un intérêt tout à fait notable et novateur. Le comportement du requin se révèle en effet ici nettement plus
crédible et naturaliste que dans tout autre film sur le sujet, bien éloigné des excès des « Dents de la mer » et de ses émules… On voit notamment l’animal tourner autour de ses proies humaines sans leur fondre
directement dessus, prendre son temps avant de se rapprocher et n’attaquer que lorsque jour du saigneurl’occasion s’avère le plus propice : agitations
plus soutenues des victimes, éloignement du groupe d’un des personnages…

Mais le réalisme apparaît également dans la situation de base de l’intrigue et surtout dans les comportements des personnages… Cinq amis s’en vont tranquillement sur un bateau quand paf ! un
récif retourne le tout et les laisse dériver au large sur la coque, sans beaucoup d’espoir d’être secourus… Il leur reste une chance : regagner l’île qu’ils viennent de quitter à la nage, en
espérant que les courants ne soient pas trop forts et que les requins habitants ces eaux ne soient pas trop affamés ce jour-là… Avant même l’apparition d’un véritable requin, la peur du petit
groupe se fait déjà shark attacks summersentir : la mer recèle une vie profuse et
l’eau s’agite quasiment en permanence… Le doute est continu sur ce qui les entoure et ce n’est pas le champ de vision que l’un des personnage possède avec des lunettes sous-marines qui peut
véritablement rassurer tout le monde : on scrute avec lui l’infinie profondeur de l’océan, ses mouvements, ses ombres incertaines et son inquiétante pesanteur… La panique commence à naître et
l’agitation gagne tout le monde lorsque le requin fait son apparition pour de bon ! Quand il fait une première victime, la douleur psychologique des vivants se fait prégnante et seul compte alors
l’instinct de survie… Va-t-on mourir noyé ou dévoré par un requin avant de regagner la terre que l’on n’aperçoit nulle part autour de soi, telle est la question !

En dépit de moyens minimaux, le film de Traucki possède un vrai pouvoir anxiogène, en grande partie grâce à une interprétation crédible des acteurs et d’une mise en scène remarquable
d’efficacité… Evitant soigneusement toute surenchère gore (par volonté ou par manque de crédit ?) et ne montrant jamais les acteurs et le requin dans le même plan (seul de vraies images de requin
apparaissent à l’écran), le cinéaste joue avec habileté d’une réalisation presque entièrement basée sur l’attente et l’inconnu, parvenant ainsi à maintenir une tension constante durant toute
l’heure où l’on reste seul en pleine mer avec les personnages… Le défi était de taille et l’on est agréablement surpris de le voir aussi bien relevé ! Il faut dire qu’une des leçons les plus
efficaces de la mise en scène cinématographique du « film de monstre » est ici respectée à la lettre : moins l’on montre le monstre et plus l’angoisse augmente dans l’esprit du spectateur…
Parvenir à un tel degré d’efficacité plus de 35 ans après le film précurseur et
exemplaire de Spielberg
, il fallait de l’audace et beaucoup de talent !



Index du Jour du Saigneur































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