dimanche 10 juin 2012

[Critique] Postal, d’Uwe Boll


postal.jpg(Etats-Unis, 2007)




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Si Uwe Boll n’est pas un réalisateur subtil, « Postal » prouve néanmoins une bonne fois qu’il peut se montrer un réalisateur efficace ! Cette adaptation (pas du tout fidèle ?) d’un jeu vidéo,
dans lequel le but est visiblement de tuer le plus de personnes possible en se mettant dans la peau d’un facteur, se révèle très vite un vrai film de fou furieux, entre comédie parodique
politiquement incorrect et série B carrément déviante… Certains l’ont d’ailleurs même déjà depuis longtemps fait accéder au statut éminemment controversé de « film culte », ce qu’il mérite
d’ailleurs en partie, tant il sait se faire audacieux, enthousiaste et surprenant à de jour du saigneurnombreuses reprises !

Si le scénario du film n’est pas franchement ce qui fait sa force, c’est plus l’enchaînement des situations qu’il génère qui fascine et qui permet surtout de maintenir un rythme soutenu et
grandement rocambolesque à toute cette histoire ! On assiste aux mésaventures d’un pauvre petit livreur inexpressif, vivant dans une caravane pourrie avec une femme obèse et nympho qui le trompe
à tout va, qui désespéré de ne pas trouver de nouveau job accepte la proposition de son oncle, sorte de gourou aux convictions purement mercantiles, de détourner un stock de peluches rares et
chères (les « coucougnettes », héros de dessins animés qui ont vraiment l’allure d’une énorme paire de couilles !) afin de les revendre au prix fort, histoire de se faire des couilles en or,
c’est le cas de le dire ! Sauf qu’un groupe de terroristes mené par Oussama Ben Laden « himself » a le même projet, avec des intentions bien plus meurtrières bien entendu…

Le récit de « Postal » dégénère ainsi durant tout le long métrage, multipliant les aléas inattendus et les rebondissements absurdes, rendant le tout parfaitement débile… On se retrouve alors dans
un univers assez proche des pastiches des années 80-90 à la « Hot Shots » ou à la « Y’a-t-il… », mais en bien plus trash et irrévérencieux : un chat va servir de « silencieux » introduit par
l’anus sur le canon d’un flingue (l’animal s’en sortira à merveille, n’ayez crainte !) ; un nain va se faire violer par des centaines de singes en rut ; des enfants se font fusiller face caméra
avec une folle jubilation ; le vol des peluches se déroule dans une sorte de parc d’attraction au concept de « mini-Allemagne » fleurant bon le IIIe Reich, avec croix gammées et camps de
concentration, ainsi qu’un caméo d’Uwe Boll se vantant d’utiliser l’or nazi pour financer ses films, parce qu’il faut bien utiliser cet argent à quelque chose… Waow !

Mais cette descente infernale dans le mauvais goût et le n’importe nawak n’a rien de gratuit ! (ou du moins, pas toujours…) Non seulement elle permet de se tordre de rire d’un bout à l’autre de
la bobine, mais elle confère au film un sous-texte souvent plus profond qu’il n’y paraît, notamment dans sa capacité à débiner à boulets rouges le rêve américain, et cela de multiples façons ! La
peur du terrorisme est par exemple endiguée dès les premières images, avec cette vision des kamikazes du 11 septembre 2001, qui attristés à l’idée de ne pas avoir toutes les vierges qu’on leur
avait promis en mourrant décident finalement de faire virer l’avion en direction des Bahamas pour prendre du bon temps, au moment même où les passagers envahissent le cockpit et font finalement
bien se crasher le Boeing sur l’une des tours du World Trade Center… L’attaque se fait encore plus directe contre l’administration américaine encore en place au moment du tournage du film à
travers des images de George Bush et d’Oussama Ben Laden courant main dans la main dans un champ !

Un peu plus loin, on peut même lire une critique des sectes qui fleurissent un peu partout aux Etats-Unis, derrière lesquelles se cachent le plus souvent de gros intérêts financiers, ou même une
caricature acide du monde du travail, à travers notamment un entretien de recrutement proprement ahurissant, avec questions absurdes et humiliations diverses du futur employé… Le point d’orgue du
film est peut-être atteint lors d’une scène clé remarquable, dans laquelle le « héros », cerné de toute part par des gens qui lui tirent dessus, essaie de calmer les esprits en proposant la paix
universelle : un bien beau discours, contredit aussitôt après par la nature autodestructrice de l’humanité… Il s’agit d’ailleurs peut-être ici de l’une des idées maîtresse du cinéma joyeusement
cynique d’Uwe Boll : l’homme serait fondamentalement mauvais et la seule façon de mettre un terme à toute sa noirceur ne peut être que sa propre destruction… La perspective de fin du monde à la
fin de « Postal » prend alors des allures de libération pour des personnages résignés et offre d’ultimes images bien dégueulasses aux spectateurs médusés ou exaltés (selon le caractère de chacun)
de ce film à la personnalité affirmée et fondamentalement « autre » ! Kiffant…



Perspective :



- Rampage : Sniper en liberté, d’Uwe Boll



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2 commentaires:

  1. Jubilatoire est le mot juste : et schkrouic le bébé, niark, mais ce film est trop bon du début à la fin!! Merci infiniment pour cette découverte/révélation, ce fut un grand moment... sans cesse
    renouvelé depuis sa sortie en DVD ;)

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  2. héhé, mais ce fût un plaisir... et à vrai dire, j'avais un peu peur du résultat avant de voir le film... mais comme avant rampage en fait, j'ai tellement lu d'horreurs sur ce cinéaste... et
    finalement les deux films que j'ai pu voir de lui, je les ai quasi adoré ! :)

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