lundi 25 juin 2012

[Critique] The Dictator, de Larry Charles (vu par Kim Kardashian-il)



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(Etats-Unis, 2012)



Sortie le 20 juin 2012




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La pulpeuse dictatrice zwaltek Kim Kardashian-il nous oblige à publier propose de diffuser ce communiqué à propos du biopic officiel de
Monsieur le Président Aladeen, de la nouvelle République démocratique de Wadiya...


Les films de Sacha Baron Cohen (même s'ils sont réalisés par un autre : Larry Charles – rendons à César ce qui appartient à César, quoiqu'il n'y ait pas vraiment de laurier à attendre de cette
mise en scène) les films de Sacha Baron Cohen, donc, sont à double tranchant : d'un côté, il y a ce qui est drôle, et sur ce plan, on n'a jamais eu à se plaindre ; de l'autre, il y a la réalité
de notre société, dont on a d'autant plus honte qu'elle nous fait rire. Ses faux documentaires, « Borat » et « Brüno », jouaient sur les deux côtés de la lame, d'une part en s'amusant d'un
personnage dégueulasse mais touchant, de l'autre en ridiculisant la réaction des « vrais gens » face à ce personnage, lesquels en sortaient rarement grandis. C'était drôle, et malin, parce que le
personnage était trop gros pour être vrai, mais qu'il s'incluait pourtant très bien dans notre réalité.

L'utilisation de la fiction pure et simple change beaucoup de choses mais pas l'essentiel : Sacha Baron Cohen est drôle. Et à plus d'un titre. Il y a bien sûr des gags scatos qui pourraient être
dignes d'un « Scary movie », mais qui sont heureusement beaucoup plus variés et inventifs. Il y a un comique de répétition qui peut être mal dosé mais qui fonctionne quand même parce que rare (le
nom inventé en lisant des écriteaux, la tête décapitée « surprise », le mot « aladeen » et ses significations contradictoires). Il y a même un peu d'humour subtil, si, si. Justement, ce dialogue
surréaliste avec un médecin : « J'ai une aladeen nouvelle et une aladeen nouvelle. Je commence par laquelle ? » « La aladeen. » « Vous êtes séro-aladeen. » Woody Allen aurait pu écrire ça en
début de carrière.

Bon, la comparaison avec Allen s'arrête là. Globalement, on est dans le sexe (le plus déviant possible), les poils, l'injure raciale et un amour immodéré pour les bienfaits d'une bonne dictature
sur le karma. Quelques références à de véritables dictateurs parsèment le film. Le : « T'as gagné un herpes. » après un coït rapidement mené peut faire penser à Mao, qui ne se gênait pas pour
refiler ses maladies. Le discours hilare sur l'utilisation pacifique de l'uranium enrichi renvoie bien sûr à Ahmadinejad, le modèle le plus proche sans doute avec Kadhafi, même si cette fois on
ne se mouille pas et on invente tout pour ne pas froisser une nation entière comme à l'époque de Borat avec le Kazakhstan.

De toute manière, la nation qu'a toujours voulu froissée Baron Cohen, ce sont les U.S.A. Dans cette optique, la fiction est beaucoup moins efficace. On utilise ici les codes de la « success story
fiction » à l'américaine mais en les pervertissant : la conversion à l'American way of life du dictateur a lieu lorsqu'il découvre les bonheurs de l'onanisme ; la première rencontre fortuite de
sa main avec la main de sa bien-aimée a lieu... dans un vagin. Ça pourrait être très subversif mais certains poncifs du genre sont présents malgré eux. Peut-être par flagellation
judéo-chrétienne, ce genre de films voit toujours quelqu'un qui a mal agi se retrouver puni et contraint d'apprendre à aimer les autres, et les écouter, et leur donner tout ce qu'il a pour
remonter la pente. On est en plein dedans sans qu'il y ait, je crois, le moindre second degré. Méchant dehors, tendre à l'intérieur, il s'avère en cours de film que le dictateur en question n'a
jamais tué personne (!!!) Et puis comment choisir entre la tyrannie de certains États et un modèle démocratique corrompu qu'il faut évidemment condamner ? La course poursuite finale du « héros »
pour sauver son pays de la démocratie est savoureuse. Son discours à la « Monsieur Smith au Sénat » renvoyant dos à dos ces deux modèles relève de cette catégorie subtile d'humour dont j'ai
parlé, associée à un engagement qui ne manque pas d'éclat. Reste qu'après avoir essayé d'importer son modèle tyrannique dans l'entreprise de sa chérie écolo, le dictateur consent à importer la
démocratie dans son pays, mais sous une forme plus juste. Les valeurs sont sauves. Certes, l'épilogue démontre que rien ne change vraiment et que certains clivages demeurent malheureusement
indépassables pour les esprits étroits. Il n'empêche qu'on ne sait pas toujours sur quel pied danser, et comme on commence à être habitué aux provocations de l'acteur, son côté bien-pensant
transparaît sans doute de manière plus flagrante de film en film.

Alors oui, tout n'est pas réussi. Comme dans « Borat » ou « Brüno », certaines scènes sont bâclées, d'autres ne sont là que pour la blague, et (nouveauté de la fiction) ça peut paraître parfois
consensuel ou hypocrite. Peut-être. Mais au final, on se dit que l'acteur fait de son mieux pour être cohérent et se sortir des difficultés de son message politique, et on l'excuse bien
volontiers. On admire sa capacité à incarner jusqu'au bout les personnages les plus odieux, y compris en dehors des tournages (en témoigne ce mini-bêtisier où il garde son accent pour signaler à
un figurant qu'il n'est pas obligé de lui toucher réellement les fesses). Mais l'essentiel, encore et toujours, est que Sacha Baron Cohen reste l'un des comiques les plus drôles de la planète
depuis la séparation du duo Bush-Ben Laden.































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6 commentaires:

  1. J'ai bien ri aussi (même si moins que pendant Postal). J'aime beaucoup notamment le ton décallé du personnage annonçant des horreurs le plus naturellement du monde, genre tout à la fin pendant le
    générique (et que les gens sortaient de la salle en rigolant malgré les scènes supplémentaires qui défilaient... ??!), genre "je suis enceinte" - "oh, magnifique ! C'est un garçon ou un
    avortement?"


    Très bonne BO en outre, entraînante et parodique à souhaits (Dr Dre version "Aladeen, motherfucker!")

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  2. J'ai beaucoup aimé. Le fait qu'il est l'un des 3 filsm qui m'a fait le plus rire en 2012 n'y est pas pour rien. 3/4

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  3. Il y a "Le prénom" et il y avait "Two days in New-York" depuis battu par "La clinique de l'amour" !

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  4. Voilà un bien beau film dans lequel j'aurais aimé trouver un rôle... et jouer pour El Grande Aladeen, un pur bonheur d'actrice !

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  5. comme je vous comprends ma chère diane...

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