dimanche 27 mai 2012

[Critique] Poultrygeist : Night of the Chicken Dead, de Lloyd Kaufman



poultrygeist
(Etats-Unis, 2006)




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Quoi de plus romantique – et discret – pour Arbie et Wendy que d’aller jouer à frotti-frotta dans un ancien cimetière indien pour fêter la fin du lycée à Tromaville ? Si les dizaines de mains de
zombies sorties de terre pour les tripoter ne les gênent pas trop pendant qu’ils s’amusent (c’est même plutôt le contraire, Arbie conservera même religieusement le doigt qu’un zombie aura laissé
dans son anus en restant persuadé qu’il s’agit d’un plug d’amour utilisé par sa bien-aimée…), c’en est jour du saigneurautre chose de la présence d’un gros pervers voyeur qui se masturbe allégrement en les matant à proximité… Arbie et Wendy décidant du coup de
partir, ce dernier se verra traversé de part en part (comprendre du rectum à la bouche) par un bras de zombie bien décidé à récupérer le slip d’Arbie qu’il était en train de renifler «
érotiquement »… Ce petit prélude vous laissera aisément imaginer de quoi « Poultrygeist », réalisé par le grand patron des productions Troma en personne (le Dieu vivant du bis Lloyd Kaufman !),
est capable – c’est à dire du pire, et même au-delà !

Sans compter que vous ne serez alors qu’au début de vos surprises, tant ce film au rythme et à l’humour déjanté réserve d’énormités en tout genre… Jugez plutôt de la suite : de retour à
Tromaville quelques mois plus tard, Arbie retrouve Wendy en lesbienne activiste, bien décidée à en découdre avec le nouveau fast-food de la chaîne American Chicken Bunker construit sur le
cimetière, en compagnie de ses camarades du CLAM (College Lesbian Against Megaconglomerates). Attristé de la lesbo-conversion de sa dulcinée, Arbie décide alors de travailler pour le fast-food,
par pur esprit de contradiction. Sauf que tout est plutôt douteux à l’intérieur, et les âmes des indiens Tromahawks dont les sépultures ont été profanées vont s’emparer de l’esprit des poulets
morts pour semer la pagaille ! Le film enchaîne alors les situations et les rebondissements incroyables, laissant le spectateur dans un état d’hallucination et d’hilarité permanente : un énorme
monsieur se « vide » littéralement dans les toilettes du restaurant après avoir avalé un œuf de poulet zombifié, un jeune mexicain homosexuel nommé Paco Bell et « sauçant » les plats au gré de
ses masturbations se verra haché menu pour se transformer en burger parlant (d’excellents conseils par ailleurs), un grand échalas zoophile astique son manche dans une carcasse de poulet zombie
et se retrouve avec un manche à balai à la place de la bite, manche qui aura bien sûr préalablement traversé son rectum… et tout ceci n’est quasiment rien par rapport à tout ce que l’on peut voir
dans « Poultrygeist » !

Le film de Kaufman se révèle en effet une pure production « Troma », avec ce qu’il faut de gore et de trash, d’explosions intestinales et de perversions poussives ! Mais entre le sang, le caca,
le vomi et le sperme, c’est toujours l’humour qui triomphe, même s’il s’accompagne souvent de répugnance et de dégoût… et c’est justement ça qu’on aime et qui fait depuis longtemps la marque de
fabrique du cinéaste-producteur ! Si le film porte dans son titre même sa volonté parodique et décalée (« Poultrygeist : Night of the Chicken Dead » renvoyant aux classiques du cinéma de genre
que sont « Poltergeist » et « La nuit des morts vivants »), ce mélange improbable des genres révèlent alors des séquences magnifiques, quelque part entre le dérapage inimaginable et la pure
jouissance de cinéphages (pour peu qu’on soit amoureux du Z et du bis !) : les séquences chantées (car « Poultrygeist » sait aussi se transformer en comédie musicale à l’occasion !) en sont
d’ailleurs les fleurons, lorsque Arbie chante sur le parking devant les manifestants ou lorsqu’il entonne le déjà culte « Fast Food Love » entouré d’une bande de lesbiennes dénudées… et délurées
!

Il s’agit d’un cinéma 100 % indépendant (le film a été tourné avec trois fois rien et surtout avec l’aide de centaines de fans bénévoles !) et incroyablement culotté, qui cultive l’excès comme
personne, qui n’est certes pas à mettre devant tous les yeux mais dont la teneur parfaitement incorrecte sait aussi se transformer en pamphlet po(u)litique opportun ! Outre le fait d’aligner les
personnages emblématiques de ce qui emmerde profondément une Amérique puritaine et ultra-conservatrice (les homosexuels, les mexicains, l’islam et les femmes voilées…), Kaufman dénonce également
la malbouffe à l’œuvre dans son pays, où les entreprises de restauration rapide donne – parfois littéralement dans « Poultrygeist » – de la merde à bouffer à leurs clients ! Et le plus triste,
c’est bien sûr que ces derniers aiment ça, se transformant inexorablement en volaille mort-vivante…



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