lundi 16 avril 2012

[Critique] Trabalhar Cansa, de Juliana Rojas et Marco Dutra



trabalhar_cansa.jpg
(Brésil, 2011)



Sortie le 11 avril 2012




star.gif


« Travailler fatigue », clame le titre du premier long métrage de Juliana Rojas et Marco Dutra. C’est en effet à une description assez poussée du monde du travail dans une société guidée par le
profit que le couple de réalisateurs brésiliens nous permet d’assister… Alors que son mari vient de perdre son travail (au nom d’une pseudo crise dans un pays ayant pourtant le plus fort taux de
croissance au monde !), Héléna réalise un projet de longue date : ouvrir sa propre supérette de quartier… De l’exploitation de l’homme par le monde du travail, la petite famille va ainsi passer
de l’autre côté de la barrière : Héléna va devenir intraitable avec ses employés, qu’elle soupçonne notamment de lui voler des marchandises… A côté de ça, elle engage également une jeune fille
comme bonne à tout faire, sans la déclarer ni très bien la rémunérer… Divers aspects et problèmes de société sont ainsi évoqués dans le film par le prisme du monde du travail, devenu tristement
le vecteur principal d’épanouissement de l’homme dans une société gouvernée par l’économisme pur… Le fait que la femme prenne finalement le dessus sur l’homme, justement parce que la première
trouve un travail quand le second perd le sien, est un symptôme supplémentaire d’un discours de critique sociétale assez riche et intéressant !

Mais l’intérêt majeur de « Trabalhar Cansa » réside dans sa façon de traiter son sujet de façon parfaitement inattendue, en y injectant l’esthétique et les codes du cinéma fantastique et
semi-horrifique… En effet, d’étranges évènements surviennent dans la supérette et dans la vie du couple… Ca commence par des cafards, ça se poursuit par un chien qui aboie agressivement (et la
caravane passe ?) ou par un collier et une chaîne en métal trouvé derrière un étalage, ça se termine avec cette mystérieuse tache sur le mur, qui grossit, grossit… Les cinéastes parviennent à
créer une vraie atmosphère, pesante et anxiogène, en partant d’une situation parfaitement réaliste et quotidienne… C’est l’horreur qui s’immisce peu à peu dans une vie que l’on pensait
parfaitement tranquille et normale, un peu comme si l’avenir d’une société vouée à l’horreur et à la bestialité se révélait progressivement sous les yeux de ce couple apparemment banal… Si le
tout manque légèrement de punch, on ne peut pas dire que ça manque ni de finesse, ni de surprises !































  • Plus










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire