mardi 17 avril 2012

[Critique] A moi seule, de Frédéric Videau



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(France, 2011)



Sortie le 4 avril 2012




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Pour se débarrasser une bonne fois du fait divers duquel il s’inspire (l'histoire de l’autrichienne Natascha Kampusch), Frédéric Videau commence son film par son dénouement : soit la libération
volontaire de la victime par son ravisseur, après huit ans de vie commune, Vincent ayant retenu enfermé chez lui Gaëlle depuis qu’elle était petite fille… Le film est alors le récit du retour de
la jeune fille à la vie, sa difficulté à revenir auprès des siens, de ses parents, qui sont désormais comme des inconnus pour elle…

Plusieurs flash-back reviennent sur les rapports qui liaient Gaëlle et Vincent, ce mélange étrange et perturbant d’amour-haine qu’un otage peut éprouver pour son bourreau… Un bourreau qui
pourvoyait à tous ses besoins, l’éduquait, faisait toujours preuve d’attention à son égard, malgré quelques moments d’une violence inouïe lorsqu’elle n’obéissait pas ! Ce contraste, cette
ambiguïté, sont parfaitement montrés par le film… On s’interroge sur les intentions exactes de Vincent, pauvre type très seul interprété par l’excellent et brut Reda Kateb. Mais c’est le
personnage de Gaëlle qui impressionne, notamment grâce au jeu froid et distancié d’Agathe Bonitzer, que l’on a vu récemment dans « Une bouteille à la mer »… Sa diction, sa façon de répondre « oui » à des questions
qui n’attendent pas une telle réponse… Son désespoir, sa « petite mort » imposée par son éloignement du monde des hommes pendant toutes ces années, sont palpables à l’écran avec une force assez
bouleversante…

Le reste du casting reste de grande qualité, entre Hélène Fillières en psychologue, Jacques Bonnaffé dans le rôle du père dévasté et une Noémie Lvovsky méconnaissable en mère déchue dans l’une
des premières séquences du film… « A moi seule », dont le titre rappelle la solitude de Gaëlle face à une aventure qu’elle seule a vécu intimement et est capable de comprendre, insiste sur
l’indicible et sur les gouffres infranchissables qui s’ouvrent devant la jeune fille dans sa nouvelle vie… C’est en finissant par s’échapper d’une vie qui n’est plus la sienne et en devenant une
autre elle-même (elle use d’un autre prénom lors d’une rencontre inespérée dans un train), qu’elle comprendra qu’elle peut finalement tout recommencer et s’inventer une nouvelle vie, seule devant
une page encore blanche : « Je suis tout neuve » murmure-t-elle en ouvrant les bras à l’inconnu et à son destin à venir…































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