lundi 27 février 2012

[Sortie DVD] L’exercice de l’Etat, de Pierre Schoeller



exercice etat



(France, 2011)



Sortie en DVD et Blu-Ray le 1er mars 2012 chez Diaphana




star.gif

star.gif

star.gif




« L’exercice de l’Etat », Pierre Schoeller le décortique avec une acuité époustouflante à travers ce film qui suit au plus près le parcours fictif d’un ministre des transports dans la France
d’aujourd’hui. On est très vite impressionné par tous les enjeux dramatiques, politiques, idéologiques, qui se dégagent de cette description passionnante et terrifiante des arcanes du pouvoir… Et
même si les notions de gauche et de droite ne sont pas explicites dans les discours des différents membres du gouvernement évoqués, on se doute bien que les enjeux d’un Etat qui privatise à tout
va ne sont pas spécialement très sociaux… On assiste aux petits arrangements, aux multiples chamailleries et tirs dans les pattes que chacun provoque ou subit : c’est la querelle des egos des
gens de « pouvoir », pour qui garder sa place ou accéder à de plus hautes fonctions encore priment sur tout le reste, à commencer sur les intérêts de la nation et de ses citoyens…

Mais en plus de délivrer un message fort, Pierre Schoeller n’en réalise pas moins un grand film de cinéma ! La mise en scène y est exemplaire et d’une cohérence formelle inouïe d’un bout à
l’autre du long métrage… On est bluffé en particulier sur la question du rythme, qui reste constamment soutenu et palpitant ! Cela tient en partie par cette façon dont la caméra colle aux basques
de son personnage principal, le ministre Bertrand Saint-Jean, incarné par un Olivier Gourmet monumental et imposant, véritable animal politique à l’œuvre… Il est de tous les plans, que ce soit
filmé caméra à l’épaule, dans la frénésie de l’instant, quand il évolue à l’extérieur ou dans la foule de gens qui l’entourent, ou en gros plans, comme pour le cerner mieux, lorsqu’il se retrouve
si souvent enfermé dans l’habitacle de sa voiture avec chauffeur… Ses trajets en voiture, récurrents, sont d’ailleurs le gimmick du film tout entier : ils lui confèrent sa vitesse, mais
symbolisent aussi la rapidité de l’enchaînement des choses et des évènements dans la vie d’un ministre, où tout se passe dans l’urgence et le chaos le plus total… Le ministre et son équipe
foncent ainsi à toute berzingue sur les routes, métaphore du chemin qu’ils parcourent à grands coups d’accélérateur permanents, jusqu’à cette explosion en pleine course, si l’on peut dire,
lorsque le ministre est victime d’un terrible accident de la route ! La réalisation est ici jouissive et percutante : filmé en caméra subjective, le crash apparaît d’une violence inouïe et se
répercute même jusqu’au cabinet ministériel, où son assistant est emporté par un dernier mouvement circulaire de la caméra… Juste extraordinaire et renversant !

« L’exercice de l’Etat » multiplie en outre les trouvailles et les trucs de mise en scène pour garder sans arrêt le spectateur en haleine : les sms qui s’affichent en transparence sur l’écran,
des décalages opportuns entre les images et la bande son, des scènes oniriques d’une perversité savoureuse, à commencer par une femme nue s’engouffrant dans la gueule d’un crocodile dès
l’ouverture du film… Le pouvoir de sidération du film de Pierre Schoeller est tout bonnement puissant ! « L’exercice de l’Etat » fait ainsi preuve d’une infinie subtilité, tant par sa forme
intelligente et discrète (préférant une certaine finesse à l’esbroufe) que par son fond sur les travers et les problèmes que posent l’exercice du pouvoir dans la France d’aujourd’hui… A méditer à
chaud, une fois encore, à quelques mois des prochaines élections présidentielles…



 



Bonus DVD :



- L'accident (construction d'une scène)



- L'image sonore (entretien avec Philippe Schoeller, compositeur de la bande originale du film)



- Entretien avec Pierre Schoeller, par Michel Ciment (extrait de l'émission "Projection privée" sur France Culture)































  • Plus










2 commentaires:

  1. Peux-tu me dire pourquoi OLIVIER GOURMET n'a pas reçu le césar du MEILLEUR ACTEUR ?

    RépondreSupprimer
  2. parce que les cesar ont préféré la franchouillardise d'omar sy au talent d'un véritable acteur ? je crois qu'à ce compte là, j'aurais encore préféré doujardouin !

    RépondreSupprimer