dimanche 8 janvier 2012

[Live] Avant que l’ombre à Bercy, de Mylène Farmer


avant_que_l_ombre_bercy.jpgSérie
de 13 concerts donnés au Palais Omnisport de Paris Bercy entre le 13 et 29 janvier 2006

Disponible en DVD : film réalisé par François Hanss



Mylène Farmer fait son cinéma chez Phil Siné !

Commencer un concert par un immense « Shut up » est probablement typique de l’ironie farmerienne, à la fois discrète, surprenante et à double tranchant… Nous demande-t-elle de nous taire pour la
laisser chanter ou se parle-t-elle à elle même pour se dire qu’elle ne devrait peut-être plus rien dire ? Peu importe, puisque le spectacle peut enfin commencer ! Les lumières s’éteignent, une
atmosphère cotonneuse nous plonge en émoi et Mylène Farmer peut alors descendre du ciel de Bercy comme une extraterrestre dans sa capsule spatiale… capsule ou tombeau funèbre, là aussi le doute
est permis ! Mais son apparition relève bel et bien de celle d’un être d’un autre monde, tant tout a l’air ici fantastique et irréel… Le plaisir de l’illusion, tel est la nature même de ses
spectacles, les rapprochant ainsi du pouvoir d’évocation d’un art du mouvement comme le cinéma !

Au cours des près de deux heures et demi que dure son « Avant que l’ombre à Bercy », la chanteuse semble nous raconter une histoire, comme au fil d’un scénario écrit à l’avance. Toute la
scénographie organisée autour de deux scènes paraît suivre une évolution logique, ou relevant tout du moins d’une logique farmerienne, forcément pétrie de paradoxes… L’introduction évoque ainsi
tout autant la naissance (par des projections vidéos rappelant le magma sanguin originel de l’embryon) que la mort (avec l’artiste figurée comme une douce endormie dans son cercueil, transportée
au temple par les croque-morts…) : il n’y a pas de doutes, l’univers ambigu de Mylène s’ouvre bel et bien sous nos yeux ébahis !

Tout au long du concert, le gigantisme et la démesure qui nous explose à la face évoque des moyens et des infrastructures que l’on peut retrouver dans les plus grandes productions
cinématographiques. On nage en plein cœur de décors immenses et d’effets spéciaux bluffant : la présence de deux espaces scéniques (dont l’un au beau milieu de la fosse) reliés par une passerelle
amovible, l’imposante porte circulaire qui ferme entièrement la scène principale avant et après le concert, l’utilisation de tout l’espace de la salle de Bercy (de long en large et du sol au
plafond, Mylène chantant notamment toute une chanson juchée sur un lustre parcourant presque tout la longueur du plafond), le rideau d’eau sur toute l’ouverture scénique (s’ouvrant ou se
refermant sur la chanteuse, écrivant un mot ou dessinant sa silhouette) pour un finale à couper le souffle… Le show nous en met décidément plein la vue !

La plasticité du spectacle est évidente : le soin apporté aux ambiances, à la circulation du son, aux projections diverses de vidéos (sur écrans, sur le sol, sur le fameux rideaux d’eau… bref,
sur à peu près tout !), offrent aux spectateurs une dimension audiovisuelle forte et souvent inédite ! Encore mieux que la 3D dans les salles de cinéma, l’expérience d’un live de Mylène Farmer en
salles possède un caractère immersif bien plus magique et plus puissant encore que le septième art ! Sans compter la profusion d’émotions, tristes ou gaies, ou même les deux à la fois, qui se
diffusent sans cesse en nous durant deux heures qui semblent passer en un instant ! Tout s’achève dans un paroxysme de passions et de religiosité à pleurer : la star s’élève telle une déesse au
sommet d’un immense escalier (orné de chandeliers dignes du château de « La Belle et la bête » de Jean Cocteau), un contre-jour magnifique dessine sa silhouette figée en statue nous disant adieu
(pour toujours peut-être…) et les portes du temple se refermant sur elle dans un fracas jupitérien ! On sort de là à bout de souffle, ébouriffé et traversé de mille sentiments, exactement comme
après la plus belle projection cinématographique qui nous ait été donnée de voir…



mylene_farmer_avant_que_l_ombre_bercy.jpg































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3 commentaires:

  1. Une ouverture "shut up" et une première sortie de scène en plein "fuck them all", c'est totalement rock'n'roll, j'ai adoré ! Et j'ai adoré tout le spectacle, à couper le souffle en effet, purée
    !! Je partage ton émerveillement alors que je ne l'ai vu qu'en vidéo, qu'est-ce que ça doit être dans la salle...


    Oh mais bien sûr que c'est plus fort que le cinéma puisque c'est un concert ! Provoc' gratuite : tu sais déjà que c'est la musique qui me fait vibrer, moi, et que perso, un live n'en est pas un
    bon s'il ne change pas ma vie... J'ai dans l'idée que ça serait carrément le cas avec Mylène qui est fa-bu-leuse en live et si certains critiquent sa musique (d'ailleurs, moi-même, il n'y a pas
    si longtemps... arf!), j'espère qu'on est tous d'accord sur la qualité prodigieuse de la scénographie de ses concerts. Non parce que je ne connais pas beaucoup d'artistes capables de monter de
    pareils shows et... en fait si on regarde bien, ce sont tous, comme elle, d'authentiques cinéphiles :)

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  2. Johnny... Enfin j'en sais rien, à vrai dire, tu étais sérieux ? ;) Je pensais plutôt à des artistes pas français en l'occurrence et chez qui on reconnaît l'influence du cinéma dans leurs clips
    (souvent des mini-films) et la scénographie de leurs concerts (après pour "cinéphiles", ça dépend, certes...) : Gackt pour le Japon (pour commencer par quelqu'un que personne ne connaît sûrement
    ici), Madonna peut-être, Michael Jackson bien sûr ou encore Marilyn Manson dans son genre (c'est par lui que j'ai connu David Lynch par exemple). 

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  3. oh, le grand gackt en effet, tu as parfaitement raison ! les autres je les connais moins... ;)

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