dimanche 29 janvier 2012

[Critique] Top Gun, de Tony Scott


top_gun.jpg(Etats-Unis, 1986)




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Si Tony Scott a réalisé un certain nombre de films intéressants (« True Romance », « Les prédateurs »…), il est surtout connu pourtant pour avoir signé des « action movies » efficaces mais
dispensables, tel que « Le flic de Beverly Hills 2 », « Le dernier samaritain », ou encore « Top Gun », probablement son plus gros succès et l’un des rares films de sa carrière qui marqua
vraiment les esprits… Ce second film fut même en son temps un vrai phénomène (responsable notamment d’un nombre d’inscriptions record dans l’aéronavale américaine) et atteint même le statut de «
film culte » !

On est d’ailleurs en droit de se demander pourquoi, tant le film semble aujourd’hui un peu daté et tant il flirte avec un vide à peu près aussi vaste que l’air que brassent les avions au cours de
leurs missions… La résolution de ce mystère ne se situe certainement pas dans le scénario, enchaînant les éléments d’une intrigue banale et cousue de fil blanc, dont le développement tout entier
pourrait amplement tenir sur un timbre poste ! On pourrait croire que l’enthousiasme est né grâce aux nombreuses prouesses aériennes mises en scène entre deux dialogues fadasses, mais là encore,
en dépit d’une réalisation tout à fait maîtrisée, on a souvent bien du mal à s’y intéresser et surtout à comprendre les enjeux précis de ces pilotes prenant en chasse des cibles diffuses et bien
peu redoutables…

Certes, « Top Gun » possède une bande son explosive (mythique « Take my breath away », tout de même servi un peu trop souvent au gré des séquences, au risque de devenir lassant…), ainsi qu’une
ribambelle de jeunes acteurs débutants qui feront tous plus ou moins parler d’eux dans les années qui suivront : Tom Cruise et Val Kilmer bien sûr, mais aussi Kelly McGillis, Anthony Edwards (le
Docteur Green d’« Urgences » !), Meg Ryan, Tim Robbins ou encore Michael Ironside… Mais avouons que tout cela ne fait pas un film culte pour autant ! Et c’est bien plutôt dans son sous-texte
(peut-être involontaire ?) que le long métrage se révèle bien plus intéressant et surtout extrêmement savoureux : car en lisant bien entre les lignes (oui, oui, les deux ou trois lignes de
dialogues que l’on rencontre parfois entre douze scènes musicales clipées !), on finit par découvrir un langage et des codes tout bonnement crypto-gay, transformant le héros en jeune homme
luttant désespérément entre les deux faces de sa bisexualité…

Commençons par l’atmosphère masculine et hyper-testostéronée de la Navy américaine : les personnages évoluent dans un monde d’hommes viriles, qui se comparent ou se touchent les muscles à
longueurs de journées, spécialement sous la douche ou dans la moiteur des vestiaires… Certaines positions suggestives des garçons (notamment un pilote allongé sur un banc, les deux jambes
écartées et le fessier généreusement offert face à ses camarades) ou les regards intenses que s’échangent Tom Cruise et Val Kilmer lors de leur première rencontre ne trompent personne ! Mais
certaines répliques demeurent elles aussi éloquentes : « Reste dans mon aile, je te ramène comme une mariée ! » dit un personnage à son collègue alors qu’ils s’envoient en l’air tous les deux,
certes chacun dans son F-14… « Je bande déjà », avouera un autre lorsque son instructeur lui parle de « combat rapproché » ! Quant au pompon, il est sans doute atteint à travers la relation du
héros avec son instructeur féminin : même pas capable de profiter de l’occasion alors qu’elle l’invite chez elle pour une excuse fallacieuse, il ne l’embrasse même pas dans l’ascenseur malgré le
regard brûlant qu’elle lui jette… Elle devra même lui courir après et lui avouer clairement son amour pour qu’il daigne enfin la toucher ! (et encore, juste du bout des doigts…) Le film se
termine en outre sans elle, puisque Tom Cruise choisit définitivement les mecs, d’autant plus que Val Kilmer l’accepte comme nouveau coéquipier : il faut voir alors son visage sourire à nouveau,
lui faisant enfin oublier la mort de son précédent partenaire, ce que la fille n’avait pas réussi à faire… sans compter que leur dernier dialogue est éminemment culte pour le coup, chacun
promettant d’être celui qui « prend » l’autre ! On croit rêver, bien que cette analyse ne fait finalement que confirmer ce que Quentin Tarantino avait lui-même très justement avancé dans son
délirant monologue de « Sleep with me », que je m’autorise à vous retranscrire ci-dessous…

« Dans un bon scénar’, tout repose sur la subversion. Tu sais quel est le meilleur script jamais écrit à Hollywood ? C’est « Top Gun ». Non sérieusement… Tu sais pourquoi ? Tu crois peut-être que
c’est un film sur des pilotes de chasse. Eh ben non, mec, en fait c’est l’histoire d’un type qui se débat contre sa propre homosexualité. Regarde : d’un côté tu as Maverick, un type qui est
toujours sur le fil du rasoir, toujours au bord du précipice. De l’autre, tu as Iceman et ses potes : beaux, musclés, bronzés… Ils représentent l’esprit gay. Et ils sont là, à tenter Maverick, à
lui dire de façon insidieuse : “Viens, viens, rejoins-nous dans la voie gay.” Et puis il y a Kelly McGillis. Elle, elle symbolise l’hétérosexualité. Et elle lui dit: “Non, non, prend la voix
normale, obéis aux règles.” Et eux ils disent “Viens, viens, rejoins-nous dans la voie gay…” C’est ça qui se passe pendant tout le film… Bon, après il y a la scène où il va chez elle. On croit
qu’ils vont baiser, elle croit qu’ils vont baiser, et puis en fait, que dalle, il se casse en moto. Elle comprend pas, elle se dit “Mais bon sang, c’est quoi ce bordel ?!” Scène suivante, ils se
croisent dans un ascenseur et… elle est habillée en mec ! Elle a une casquette, des lunettes de soleil et elle a même poussé le vice à mettre un blouson comme celui d’Iceman. Elle s’est dit
“D’accord, ce mec est en train de virer gay, c’est comme ça que je vais l’avoir.” Et elle a raison : ils finissent par baiser. Bon, je pourrais continuer comme ça longtemps, mais je zappe à la
fin. Finalement, Iceman et les autres gays ont réussi à l’embarquer dans leur bande et, chevauchant leur pénis volant, ils vont se taper toute une escadrille de Russes. Epilogue : tout le monde
se retrouve sur le pont du porte-avions. Maverick et Iceman se jettent dans les bras l’un de l’autre. Et là tu te souviens de ce qu’il dit Iceman ? Il dit : “Tu peux farter ma queue quand tu veux
!” Et l’autre, il répond : “Non, tu peux farter la mienne !” Tu vois ce que je veux dire ?! »































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