mardi 3 janvier 2012

[Critique] Frances, de Graeme Clifford



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(Etats-Unis, 1982)



Mylène Farmer fait son cinéma chez Phil Siné !




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Le film s’ouvre sur le plan d’une boîte aux lettres au nom de « Farmer ». Dans cette maison vit la jeune Frances, qui vient déjà de se faire remarquer à l’âge de 16 ans pour avoir écrit une
rédaction niant l’existence de Dieu. Un voyage en URSS et des soupçons de communisme finissent de jeter d’infâmes soupçons sur cette famille, dont Frances incarne un élément en rupture effrontée
avec une société américaine plus que jamais conservatrice ! La suite de sa vie sera celle d’un combat permanent avec des institutions auxquelles elle refusera toujours de se conformer et qui
finiront fatalement par la briser… Graeme Clifford décrit ainsi le destin tragique de cette jeune actrice passionnée des années 30, qui passe des planches de théâtre et des plateaux de tournage
hollywoodiens aux séjours en asiles psychiatriques au seul motif d’avoir voulu s’opposer au système en n’incarnant pas le modèle de l’actrice docile et passive, qui se contente de suivre le
chemin que l’on trace à sa place…

Si « Frances » a été décrié comme un « biopic » étant fortement sujet à caution (s’inspirant notamment de détails sordides et exagérés issus de biographies contestées de l’actrice ou inventant
carrément l’existence de certains personnages !), il n’en demeure pas moins un film de fiction magistral sur le sort d’un individu broyé par les institutions qu’il rejette… Et ces institutions
puritaines et conservatrices, qui étaient la fierté de l’Amérique en ce temps-là, en prennent sérieusement pour leur grade : qu’il s’agisse des manipulations des requins de Hollywood, de la
suffisance des médecins et du système médical de l’époque (notamment psychiatrique, via les internements douteux, les électrochocs et pour finir les lobotomies !), ou encore de l’autorité
exagérée de la famille (la mère de Frances faisant interner sa fille pourtant majeure au seul motif qu’elle refuse de poursuivre sa carrière dans le cinéma !)

« Frances » possède en outre le souffle des grandes fresques romanesques, ce qui n’a rien pour déplaire, d’autant que l’émotion surgit régulièrement devant la représentation souvent pathétique de
la vie de l’actrice, soulignée par le talent intense et sublime de Jessica Lange ! « Ils ont volé mon journal ! C’est ma vie… Ils ont volé ma vie ! » : des répliques joliment mélodramatiques
émaillent ainsi le film aux moments clés d’un scénario habilement construit… On comprend d’ailleurs la fascination de la chanteuse Mylène Farmer pour ce personnage marginal et rebelle, s’opposant
avec conviction à toute « normalisation » de son individualité si singulière… Celle-ci a d’ailleurs choisi son nom d’artiste en hommage à Frances Farmer, ce qui n’est en rien étonnant lorsque
l’on observe l’iconoclasme du personnage, l’extrême solitude de sa vie (thème cher au répertoire de la chanteuse), mais surtout l’étonnant paradoxe de sa personnalité, partagée entre une douceur
et une fragilité apparente et une ironie audacieuse dans son répondant ou encore des accès assez exubérants dans un comportement toujours bien tranché ! Certaines ambiances du film, notamment les
visions cauchemardesques de l’asile psychiatrique (humiliations et viols de gens nus entassés dans une même chambre, traitements atroces des patients par les électrochocs ou les bains glacés…),
rappellent par ailleurs des séquences du film « Giorgino », dont « Frances » fut
très certainement une influence majeure !































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5 commentaires:

  1. Papa tango Charlie3 décembre 2012 à 02:43

    Je me demande comment tu as reussi à te procurer ce film: ça me parait bien difficile, j'ai envoyé une bouteille à la mer ;) Sinon en attendant de voir ce film, on attend toujours
    Myyyyyyylèeeeeeeeeeene! C'est la vrai MMMMMYYYYYLLLLEEEEENNNNNNE qu'on veut que tu nous parles ;)

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  2. J'adore ce film ! J'étais ammoureux de JEssica LAnge à l'époque !

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  3. Non mais plus de la même façon ! :)

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  4. Bon, je rattrape un peu ma lecture en retard! ;)
    Chouette critique de ce film qui m'a toujours intrigué sans que je puisse jamais le voir! Je l'ai en VF, mais bof bof, non, pas possible pour moi! (Dans le genre, je viens justement de revoir
    "Vol au-dessus d'un nid de coucou", en VO of course, aussi chouette que dans mon souvenir!)
    Je savais que Mylène tenait son nom de scène de cette actrice (alors que mon pseudo est sans rapport volontaire avec elle!), mais j'ignorais que Boutonnat avait pu aller pêcher des références
    dans ce film. Intéressant!

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  5. comme le film précède juste le début de sa carrière, je me dis que c'est un élément un peu fondateur... j'ai en effet vraiment pensé à giorgino dans la description de l'univers psychiatrique dans
    le film... c'est assez fascinant à voir ! :)

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