vendredi 29 avril 2011

[Critique DVD] Opening night, de John Cassavetes



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Opening night, de John Cassavetes (Etats-Unis, 1978)



Sortie DVD le 6 avril 2011 chez Ocean Films



Note :
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Célèbre comédienne, Myrtle Gordon répète une nouvelle pièce avec toute son équipe habituelle, dont la Première doit avoir lieu quelques jours plus tard. Un soir en sortant du théâtre, elle est
cependant abordée par Nancy, une jeune fan hystérique : après lui avoir signé un autographe, elle la voit mourir, renversée par une voiture, depuis le siège arrière de l’automobile qui la conduit
au restaurant, elle et une partie de sa troupe… Cet évènement déstabilisant va bouleverser sa façon d’envisager son travail, mais aussi sa vie toute entière, au point de basculer dans une forme
de folie presque autistique…

Avec « Opening Night », John Cassavetes signe un film emblématique du « style » qui a forgé sa réputation de cinéaste indépendant, travaillant à mille lieues des studios et des compromissions
artistiques qu’ils exigent. On peut d’ailleurs considérer ce long métrage comme l’aboutissement de sa manière de travailler, venant après « Faces » ou « Une femme sous influence », et juste avant
« Gloria », son unique concession au système hollywoodien… Il faut dire qu’«
Opening Night », comme tous ses films expérimentaux précédents, ne lui rapportent pas le moindre centime et ont même plutôt tendance à l’endetter un peu plus encore à chaque fois : « Gloria » deviendra par la suite son seul succès public, mais aussi son film le plus «
conventionnel » et « narratif »… La mise en scène d’« Opening Night » se révèle ainsi l’étape ultime d’un procédé de tournage unique et révolutionnaire : avec une caméra flottante, laissant durer
les plans et se permettant de filmer les acteurs au plus près, notamment à travers des gros plans des visages qui sont un peu comme la « marque » du cinéaste, le film donne souvent l’impression
d’une improvisation constante (alors que le script était parait-il au contraire très écrit), d’un cinéma sur le fil, comme en déséquilibre, qui lui procure finalement une sensation de réel et de
vérité troublante et absolument admirable !

Mais ce cinéma de « procédé », dont « Opening night », avec « Une femme sous influence », sont probablement les chefs-d’œuvre, donne aussi l’occasion à Cassavetes d’offrir à sa femme et à sa
muse, la sublime Gena Rowlands, des rôles à sa démesure ! Placée ici au cœur d’une magistrale mise en abyme (une scène de théâtre au sein même d’un dispositif cinématographique), l’actrice
mythique donne tout ce qu’elle a pour incarner à l’écran un personnage de femme sur le déclin absolument magnifique et bouleversant… Tout au long des 2h20 que dure le film, elle « est »
littéralement Myrtle, cette comédienne troublante et touchante, portée sur la bouteille et perturbée à l’idée de voir s’éteindre doucement le feu des projecteurs, elle qui a tout donné pour son
métier, au détriment d’un mari et d’enfants… La mort brutale de sa jeune admiratrice, et les hallucinations qu’elle a d’elle par la suite, la pousse à se battre pour remettre en question les
thèmes trop sombres et pessimistes de « Second woman », la pièce de théâtre qu’elle s’apprête à jouer : elle ne veut pas être cette « deuxième femme », cette femme de l’ombre que l’on va finir
par oublier… Par son inconstance et sa fantaisie, au risque de transformer la représentation en four, elle parviendra alors de justesse à réenchanter la pièce, à la rendre un peu plus drôle et
surtout porteuse de l’espoir qui lui manque cruellement. C’est paradoxalement en arrivant complètement ivre le soir de la Première (moment clé du film, contenu dans son titre même, « Opening
night » désignant la première représentation d’un spectacle), en utilisant la substance qui la détruit (l’alcool) que le personnage parvient à se sauver aux yeux du public et à obtenir un énorme
succès : le film s’impose alors comme une réflexion subtile et complexe sur l’art et la solitude de l’artiste… Jusqu’au-boutiste, Gena Rowlands fusionne encore une fois avec Myrtle, en se rendant
véritablement ivre pour interpréter la scène : l’art et le réel se mélange dans une confondante représentation… Remarquable, inimitable et inoubliable !



 



Bonus DVD : Présentation du film par Patrick "Cinéma de minuit" Brion - Le film vu par Xavier Durringer - Bande-annonce originale (pas moins de 5 minutes !) - Biofilmographies
très complètes



 



Mise en perspective :



- Gloria, de John Cassavetes (Etats-Unis, 1980)



 



Opening Night



Un DVD distribué par Ocean Films



Date de sortie : 6/04/2011



 



Autour du théâtre...



 



Critique réalisée en partenariat avec
cinetrafic































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jeudi 28 avril 2011

[Critique] Tomboy, de Céline Sciamma



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Tomboy, de Céline Sciamma (France, 2011)



Sortie le 20 avril 2011



Note :
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Sans contrefaçon




Le nom « Tomboy » désigne en anglais un « garçon manqué ». C’est le cas de Laure, cheveux courts et vêtue comme un petit garçon, qui déclare se prénommer Michael aux autres enfants du quartier où
elle vient d’emménager avec sa famille… C’est l’été, le temps de l’insouciance, et Laure trouve ainsi l’opportunité rêvée de vivre son fantasme de transgression des genres. Heureux celui qui ira
voir le film de Céline Sciamma vierge de toute information sur l’intrigue, la révélation sur son sexe effectif tardant un peu au début, laissant supposer au spectateur qu’il se trouve bel et bien
devant l’histoire d’un « vrai petit garçon »… Cette surprise et ce trouble de la découverte demeure néanmoins en partie gâché par la façon dont « Tomboy » est « vendu » : son synopsis et la bande
annonce contiennent d’emblée le secret. Mais difficile de parler du film sans l’évoquer, en vérité, tant il est le cœur même de son sujet ! N’empêche que cet effet de style impose une vraie idée
de cinéma, cet art de manipuler son spectateur, et laisse très clairement apparaître la jeune cinéaste comme une figure à suivre dans le paysage filmique contemporain !

Passé les scènes de jeux et de vie entre les enfants, dont la capacité à faire sourire ou à émouvoir devrait attendrir la plupart des papas et des mamans présents dans la salle, il faut
reconnaître que ce que laisse Céline Sciamma apparaître à l’écran est tout simplement impressionnant. Elle filme les jeunes acteurs, dont on sait combien la direction est souvent rendue bien
difficile et casse-gueule, avec une justesse et une acuité proprement admirable ! Véritable cinéaste de l’observation, elle parvient à baigner l’écran d’une vérité confondante : non pas pour
livrer un cinéma proche du documentaire, mais bel et bien pour tendre vers un cinéma du réel, touchant avec une grâce sensible la notion de vrai et les profondeurs de l’âme… Tout en suivant
continuellement le fil de sa fiction, sans jamais laisser s’installer l’ennui, elle parvient à nous plonger littéralement dans le monde de l’enfance, à la fois à hauteur du regard d’un enfant,
mais aussi, et surtout, AVEC les yeux d’un enfant ! Ce qui en soi fait déjà de « Tomboy » un film remarquable et merveilleux…

Seulement le film ne s’arrête pas là et se permet d’explorer un grand et vaste sujet, qui plus est avec une finesse et une intelligence inespérée : celui de la question du genre et de
l’opposition masculin / féminin dans notre civilisation. Déjà dans son premier film (« Naissance des pieuvres » en 2007), la cinéaste interrogeait le désir sexuel marginal à travers les corps de
jeunes adolescentes attirées par les filles. Cette question semble ainsi s’imposer au cœur de son cinéma et l’ambiguïté du corps de Laure / Michael, mais aussi de ses désirs et de ses sentiments,
s’immisce en plein dans « Tomboy ». Exactement comme la cinéaste, l’enfant entre deux sexes observe attentivement et méticuleusement les autres, pour mieux les imiter ensuite… Puisque Laure veut
« être » Michael, alors il lui suffira peut-être de cracher ou de se battre comme un garçon pour que cela puisse être. Le film pose extrêmement bien la question à la face du spectateur (qu’est-ce
qu’être un garçon ou une fille ?), pour mieux lui prouver que tout ne passe finalement que dans les attitudes et les comportements… N’est-ce pas notre culture, et non nos attributs sexuels, qui
déterminent au fond notre rapport au monde en temps qu’homme ou en temps que femme ? C’est ce que tend à prouver brillamment la réalisatrice ! Elle démontre assez cruellement que tout nous
renvoie à un déterminisme du corps et que notre identité est alors condamnée par la société, la « civilité », à suivre cette directive physique et primitive : la séquence assez dure où le groupe
d’enfants exige de voir le véritable sexe de Laure après qu’ils aient appris qu’elle n’était pas ce Michael qu’elle prétendait être se révèle à cet égard exemplaire… L’évolution humaine n’est
ainsi toujours pas venue à bout de cette donnée éminemment bestiale : on naît nu et la seule chose que les autres voient en nous au moment de notre naissance est notre sexe… Le fameux « c’est une
fille » ou « c’est un garçon », qui semble la préoccupation majeure des jeunes parents. La première chose que les autres verront en nous par la suite et tout au long de notre vie sera encore
notre appartenance à un sexe défini, mâle ou femelle, nous renvoyant sans concession vers notre nature purement animale et reproductive. « Tomboy » nous prouve pourtant qu’il peut être si simple
de changer le regard des gens sur ce point : mais le trouble que l’on génère alors n’est par supportable par les autres, qui exigent inévitablement un retour de l’ordre et de la convention…
Heureusement pour Laure, l’enfance est pleine de ressources et permet de se réinventer malgré tout, loin des jugements bornés de leurs aînés : c’est le sens possible de l’ultime scène du film,
qui reprend l’une des toutes premières, celle de la rencontre entre Laure et son amie Lisa, comme si tout recommençait à zéro… La première fois en garçon, la seconde comme une fille, mais Lisa
semble toujours prête à l’aimer, quel que puisse être son sexe : voilà ce que devrait être très exactement la modernité des relations humaines !































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mercredi 27 avril 2011

[Critique] Source Code, de Duncan Jones



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Source Code, de Duncan Jones (Etats-Unis, 2011)



Sortie le 20 avril 2011



Note :
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On avait adoré voir Bill Murray se débattre avec la répétition incessante de la journée de la marmotte dans « Un jour sans fin », nous voici désormais avec le sublime Jake Gyllenhaal condamné à revivre le même attentat en tant que passager
d’un train au sein duquel une bombe est sur le point d’exploser… A chaque fois un même principe : le héros est prisonnier d’une boucle temporelle (une journée pour Murray, huit minutes pour
Jaaake !) de laquelle il ne pourra s’échapper qu’une fois « l’énigme » résolue. Dans le cas de « Source code » cependant, le scénario favorise une approche plus sérieuse : d’abord par son sujet,
ensuite par son traitement plus dramatique qu’humoristique, enfin par sa volonté d’expliquer scientifiquement le calvaire du personnage… Dans le film de Duncan Jones, Colter Stevens s’avère en
effet l’objet d’une expérience militaire qui lui permet de replonger dans la tête d’un passager du train huit minutes avant sa mort, afin de comprendre qui a posé la bombe et de permettre son
arrestation dans la « réalité ».

Tout le principe du film est d’ailleurs construit autour de cette notion de « réel », dans la mesure où Stevens peut agir et transformer la réalité passée dans laquelle on le contraint à évoluer.
En transformant à chaque fois cette temporalité sur laquelle on essaie de le convaincre qu’il ne peut pas agir, il permet en quelque sorte l’existence d’autant de scénarios possibles, d’autant
d’alternatives à la réalité, voire l’émergence en fin de compte d’une infinité d’univers parallèles qui se termineraient à chaque fois avec le même minutage… Portée par une mise en scène
classieuse et efficace, le film aux allures de blockbuster trace finalement les contours d’un thriller original et palpitant, que l’on suit avec plaisir, d’autant que sa construction avance à un
rythme réfléchi, émaillé comme il se doit de fausses pistes et de rebondissements bien placés…

Mais s’arrêter à son emballage de « thriller d’anticipation » serait ne pas reconnaître toute l’étendu de l’intérêt de « Source code » ! A l’instar d’un film récemment sorti comme « L’agence », le long métrage de Duncan Jones (qui s’était déjà fait remarquer avec « Moon » l’année
dernière) ne s’arrête pas strictement à son cahier des charges et à un fil narratif attendu. Il se permet au contraire de flirter sans complexe avec les frontières des genres, n’hésitant pas par
exemple à terminer une réflexion de science-fiction sur les réalités alternatives par une résolution de comédie romantique ou de mélodrame antimilitariste : la comédie romantique pour le
personnage que Colter Stevens « incarne » dans le train (en le faisant enfin conclure avec la fille dont il est amoureux) et le mélodrame pour sa propre condition de soldat (avec la relation
qu’il crée avec son interlocutrice de l’armée, qui nous emmène alors du côté d’un « Johnny s’en va-t-en guerre » tout aussi bouleversant). Sans véritablement renouveler en profondeur les schémas
propres aux différents genres qu’elle exploite, cette nouvelle mouvance du septième art semble pourtant étirer la matière même du cinéma au-delà des possibles en tentant justement divers alliages
de genres que l’on aurait pourtant jamais pu croire possible de faire se rencontrer… Un phénomène à suivre ?































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mardi 26 avril 2011

[Critique DVD] Another year, de Mike Leigh



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Another year, de Mike Leigh (Grande-Bretagne, 2010)



Sortie DVD et VOD le 4 mai 2011 chez Diaphana



Note :
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C’est avec une infinie subtilité, comme à son habitude, que Mike Leigh déroule les quatre saisons dans « Another year ». Il nous fait vivre toute une année, morcelée en quatre mouvements (et en
quatre temps : printemps, été, automne, hiver) dans la vie de Tom et Gerri. Non pas le chat et la souris des dessins animés, mais un couple de retraités qui s’aiment encore magnifiquement malgré
les années qui passent… Ils habitent une chouette maison et cultivent avec soin un abondant jardin, toujours au rythme des saisons. Mais ce qu’ils cultivent le mieux, sans doute, ce sont leurs
rapports aux autres : à leurs amis ou à leurs familles. Le cinéaste britannique multiplie les personnages qui valsent tout autour d’eux et montre une nouvelle fois, avec une acuité incroyable, la
danse des sentiments et des rapports humains…

Tout paraît banal et quotidien dans « Another year », mais c’est justement de cette simplicité que naît la force du film : Leigh filme la langueur de la vie et du temps qui passe, avec grâce et
élégance. La mise en scène est tout simplement remarquable : quelques moments de vie bien choisis (un après-midi entre amis, un repas…), et tout le reste n’est qu’ellipses et non-dits. C’est fin,
c’est beau et l’absence régulière d’une surenchère d’explications, à propos de ce qui se passe dans les vies respectives de chacun, confère au film son universalité ! Tous les acteurs sont
incroyables et communiquent à merveille avec leurs personnages : le couple formé par Jim Broadbent et Ruth Sheen est adorable et touchant, et la composition de Lesley Manville, en optimiste
acharnée et fantaisiste, déçue par la vie et le temps qui l’abîme inexorablement, restera inoubliable…

Le film file la métaphore des saisons, certes, mais avec une finesse absolue. Si le printemps est l’occasion de la naissance de l’enfant d’une collègue, l’hiver est celui de la mort d’un membre
de la famille. Mais bien plus beau encore est cette capacité du film à faire glisser doucement les sentiments de la joie printanière, avec ses rires et ses espoirs en l’avenir, vers la mélancolie
hivernale, avec ses larmes et ses échecs mal digérés… Comme toujours chez Mike Leigh, on oscille entre la comédie humaine et le tendre drame, mais pour la première fois peut-être on perçoit une
note plus sombre et cruelle. Son cinéma demeure toujours optimiste, certes, en s’abstenant comme à chaque fois de choisir une légèreté trop facile ou une niaiserie romantique, mais il abandonne
certains personnages d’« Another year » en plein cœur de l’hiver, avec un cœur congelé, sans que l’on soit très rassuré du traditionnel recommencement des saisons pour eux désormais…

Derrière une apparente simplicité, « Another year » semble au final contenir une richesse infinie, qui permettra à chaque spectateur de le ressentir à sa façon et en fonction de sa propre
expérience de la vie… Voire mieux : on a l’impression d’une œuvre somme magistrale, que l’on pourra voir et revoir tout au long de sa vie et que l’on comprendra et aimera différemment en fonction
de son âge ou de sa situation du moment… Un beau film qui console et qui panse, malgré la tristesse et le froid de l’hiver.



 



En DVD :
En bonus du film, vous pourrez retrouver sur le DVD le cinéaste Mike Leigh évoquer son long métrage et sa façon de travailler au cours d’une interview d’un petit quart d’heure. Il explique
surtout comment il « découvre » son film en cours de tournage, qui n’est ainsi jamais figé avant le dernier coup de caméra, notamment grâce à l’improvisation ou aux acteurs, qui participent
activement à l’élaboration de leurs personnages… On a souvent dit que le cinéaste anglais ressemblait étrangement à Droopy, et de voir ce petit bonhomme aux airs de chien de dessins animés nous
parler de Tom et Gerri (les personnages de « Another year ») reste un moment à la fois amusant, agréable et passionnant !
Dans un second entretien, Olivier Père livre une analyse pertinente et sensible du film, éclairant parfois d’un étonnant contrepoint certains éléments de l’histoire…































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lundi 25 avril 2011

[Jeu] La Star mystère # 6


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Réponse : Elizabeth Taylor et "Lassie" (dont le nom de l'interprète est désormais bien difficile à retrouver) dans "Le courage de Lassie" (Paix à leurs âmes
à tous les deux...)



Trouvé par FredMJG qui remporte 1 point !



Jouez et gagnez plein de cadeaux avec Phil Siné : guettez la publication des jeux sur le blog, soyez le premier à donner la bonne réponse en commentaire et accumulez un maximum
de points afin de choisir le lot que vous convoitez parmi la liste mentionnée un peu plus bas…

Règle de la « Star mystère » : Devinez quelle(s) personnalité(s) du cinéma se cache(nt) sur l’image ci-dessus et gagnez un point si vous parvenez à être le premier à donner la
bonne réponse en commentaire ! Attention, il y a peut-être un piège cette fois-ci : je veux une réponse COMPLETE !

A partir de 3 points cumulés, vous pourrez choisir un cadeau parmi les suivants :
- 1 badge collector « I [love] Phil Siné » (3 points)
- 1 badge collector « I [star] Phil Siné » (3 points)
- 1 lot des 2 badges collector (4 points)
- DVD « The calling » de Richard Caesar (5 points)
- DVD « L’étrange créature du lac noir » de Jack Arnold
(accompagné du documentaire "Retour sur le lac noir") (5 points)
- DVD « Flandres » de Bruno Dumont (dans une superbe édition collector digipack
double-DVD, débordante de bonus passionnants !) (5 points)
- DVD  "Karaté Dog", de Bob Clark (5 points)
- DVD "Ally McBeal" (les 4 premiers épisodes de la saison 1) (5 points)
- DVD « Tropical Malady », d’Apichatpong Weerasethakul (5
points)
- 1 TV écran plasma 100 cm (1000 points)
- 1 voyage pour 2 personnes à Hollywood (1300 points)



 



Scores actuels :
Romainst : 5 points
Docratix : 2 points
Violaine : 2 points
Foxart : 2 points
Cachou : 2 points
Bruce Kraft : 1 point
Titoune : 1 point
Niko (de CinéManga) : 1 point
Squizzz : 1 point  
 



Bonne chance à toutes et à tous !































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dimanche 24 avril 2011

[Critique] Slice, de Kongkiat Khomsiri


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Slice, de Kongkiat Khomsiri (Thaïlande, 2010)



Note :
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« Slice » tape encore un grand coup dans le cinéma de genre asiatique… Après les exploits coréens (on pense forcément aux films de Park Chan-wook ou au plus récent « Blood island »), voici l’œuvre hallucinante d’un cinéaste thaïlandais
complètement déjanté : mise en scène nerveuse et rythmée pour un scénario extrême et glauque à souhait ! Jugez plutôt l’histoire : d’horribles meurtres sont commis, toujours selon le même mode
opératoire, soit mutilations sauvages au couteau et émasculations complètes, avant que les restes des corps ne soient placés dans des valises rouge sang… Le tueur opère d’ailleurs vêtu d’une
grande cape rouge vif, un peu comme un petit chaperon rouge revenu pour se venger des grands méchants loups. C’est d’ailleurs bien le propos du film : la vengeance, encore et toujours ! Piétinant
pour relier les meurtres les uns aux autres, la police va se tourner vers un ancien flic en prison pour résoudre l’enquête, à laquelle il semble mystérieusement relié…

Quand Tai commence ses investigations, on comprend très vite que ces massacres ont un rapport avec son passé, qui va alors resurgir à travers de fulgurants flash-back de son enfance. Il y était
déjà déchiré entre sa volonté d’appartenir à une bande de jeunes délinquants et celle de protéger Nut, un enfant maltraité par la même bande mais aussi par tout son entourage… Sans atteindre
l’horreur des déchaînements de violence à l’époque présente, ces retours sur le passé décrivent cependant avec une terrible crudité les humiliations subies par Nut, violé et humilié à de
nombreuses reprises. La docilité confondante de l’enfant contraste avec la laideur et la cruauté du monde qui l’entoure : pour lui, seul Tai semble vouloir être gentil avec lui et il s’en
remettra alors entièrement à lui… De son côté, Tai est déchiré entre cet amitié naissante et son intégration à la bande d’enfants, qui l’obligent à participer aux humiliations envers Nut. Tout en
contrastes, « Slice » dresse ainsi un portrait dur et puissant de l’humanité et de ses pulsions les plus obscures !

Aidé par un montage vif et travaillé, Kongkiat Khomsiri livre un film plein d’excès et de fureur, dans lequel il distille des scènes de violence exacerbée, souvent très esthétisées. On reste
admiratif devant un tel talent de mise en scène pour ce thriller très rythmé où jamais la tension ne retombe et où se mêle habilement l’horreur et la jouissance, pour ne pas dire la jouissance de
l’horreur… Hautement cinématographique, « Slice » tient autant de la série B que du film d’auteur, ce qui le rend bien plus fascinant encore ! C’est paradoxalement en allant de plus en plus loin
dans l’exagération et les débordements que le film parvient à atteindre une forme de vérité sur la nature humaine : cynisme, trahison, humiliation de l’autre semblent être ce qui constitue en
profondeur la plupart des hommes… Laissant les quelques âmes sensibles se laisser recouvrir par l’ombre des autres et sombrer elles aussi dans la noirceur indéfectible du monde !

Même si l’on se doute très vite de l’identité du meurtrier, cet agneau transformé en loup par la cruauté des hommes, on se gardera toutefois de révéler l’ultime retournement de « Slice », qui le
fait basculer dans un étonnant romantisme noir, dans une forme de poésie du désespoir absolument admirable… Ce qui allie Tai au meurtrier est peut-être finalement plus fort que la mort. Ou mieux
: la mort ne pourrait être que la seule échappatoire à leurs vies atroces et à l’impossibilité de leur bonheur, qui pourtant aurait pu être si simple, si seulement la vie leur avait permis d’être
ensemble… « Slice » se révèle ainsi de justesse comme une tragique histoire d’amour : celle d’un amour homosexuel frustré et interdit dans une société brutale et intolérante. Le film de Khomsiri
pourrait alors être envisagé comme le pendant « gay » du lesbien et féministe « Blood Island » ! (en extrapolant juste un tout petit peu…)



 



Mise en perspective :



- Blood island (Bedevilled), de Jang Cheol-soo



- 13 jeux de mort, de Chukiat Sakveerakul (Thaïlande, 2006)



- Le jour du Saigneur































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vendredi 22 avril 2011

[Critique] L’étrangère, de Feo Aladag



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L’étrangère, de Feo Aladag (Allemagne, 2010)



Sortie le 20 avril 2011



Note :
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« Ce film évoque le désir universel d’être aimé par ses proches pour ce que l’on est, et non pour le style de vie qu’on a choisi. Il y a, au cœur de cette histoire terrible, l’occasion manquée
d’une réconciliation – comme une lueur d’espoir. C’est une histoire dans laquelle aucun personnage n’est condamné, mais je tenais à ce que les pulsions et les conflits, tout comme la tragédie
qu’ils vivent, soient perceptibles sur le plan émotionnel. Je voulais qu’on éprouve de l’empathie pour tous les protagonistes pris au piège de ce conflit, et je souhaitais les humaniser, par-delà
les préjugés des médias, et le poids de la culpabilité liée aux traditions communautaires ». C’est par cette note d’intention que la réalisatrice Feo Aladag offre son film au public… S’appuyant
sur une réalité brutale, notamment celle des « crimes d’honneur », « L’étrangère » raconte le calvaire d’Umay, qui fuit la Turquie avec son petit garçon, où son mari la maltraite. De retour dans
sa famille à Berlin, elle comprend très vite qu’elle n’est pas la bienvenue, du fait qu’elle déshonore sa famille et sa communauté en s’émancipant de la sorte… Bientôt rejetée par les siens, elle
va tenter de survivre tant bien que mal, sans jamais renoncer à reconstruire des liens avec ses parents et ses frères et sœurs… visiblement en vain ! Pire que tout, elle devra aussi se méfier des
pièges qu’on lui tend, pour lui reprendre son enfant, ou bien plus atroce encore…

« L’étrangère » est très clairement construit comme une tragédie, dans laquelle tous les personnages sont dépassés par leurs émotions ou leurs pulsions. Et si la cinéaste y condamne avec fracas
une religion dont le fondement même est de soumettre la femme à la domination du mâle, elle prend garde en effet à ne jamais condamner l’homme en lui-même, souvent soumis malgré lui à des lois
pseudo divines absurdes… On accorde forcément raison à cette femme qui sert de médiateur pour réconcilier Umay avec sa famille, lorsqu’elle lance au père : « Laissez Dieu où il est, il n’a rien à
voir avec ça ! » Car ce n’est pas Dieu qui l’éloigne de sa fille, mais bel et bien des rituels idiots qui empêchent son cœur de s’exprimer…

Si le scénario du film peut parfois sembler poussif ou trop systématique, accumulant de nombreux rebondissements ou certains clichés, il faut garder à l’esprit que c’est pour les besoins de la
démonstration. Sans compter qu’il ne s’appuie pas sur du vide, mais sur de nombreux faits divers qui ont inspiré l’histoire à la réalisatrice… On peut noter en outre une légère touche d’ironie,
tenant discrètement cet amoncellement de drames à distance, lorsque le père, après avoir renié Umay, apprend qu’une autre de ses filles non mariée est tombée enceinte : il demeure alors un moment
immobile sur le bord de son lit avant de soupirer de lassitude. On sourit alors un peu, dans ce déluge de larmes où le pathos est érigé en maître !

Mais ce qui transcende proprement ce superbe film, à la force et à la détermination sincère, à la mise en scène tout en finesse, c’est surtout sa profonde humanité. Il faut dire que l’ensemble de
la distribution excelle à faire passer toute une palette d’émotions avec une vérité souvent confondante, à commencer bien sûr par l’actrice qui domine admirablement le long métrage : Sibel
Kekilli, que l’on avait découvert il y a quelques années dans « Head-on » de Fatih Akin. Elle incarne une mère courage que l’on n’oubliera pas de sitôt !































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jeudi 21 avril 2011

[Critique] La nuit du chasseur, de Charles Laughton



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La nuit du chasseur, de Charles Laughton (Etats-Unis, 1955)



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Véritable monument du septième art, « La nuit du chasseur » s’est pourtant avéré un terrible échec commercial lors de sa sortie, dissuadant par là même l’acteur Charles Laughton de poursuivre une
carrière derrière la caméra. Il demeure ainsi la première et unique réalisation de sa part malheureusement, bien que le film a pourtant l’éclat d’un pur joyau ! Mais celui d’un diamant noir, en
vérité, dont la splendeur n’émane que de sa profonde noirceur…

Adapté d’un roman de Davis Grubb, « La nuit du chasseur » raconte d’une certaine façon le plus terrible héritage qu’un petit garçon peut recevoir de son père. Avant de se faire arrêter et
condamner à mort par la police, le père de John dissimule l’argent du hold-up qu’il vient de commettre dans la poupée de sa fille Pearl, avant de demander à ses enfants de ne jamais dire à
personne où était l’argent, pas même à leur mère, afin qu’ils le conservent lorsqu’ils seront plus grands… En voulant bien faire, pour sortir sa famille de la misère, ce père ne sait pourtant pas
ce qui attend alors ses enfants qu’il va laisser orphelins. Car un ignoble pasteur, qui épouse et tue des veuves à cause de leurs pulsions sexuelles qu’il exècre, va faire la connaissance du père
en prison, avant de partir épouser sa veuve et essayer de retrouver l’argent… Comprenant que le secret est gardé par les enfants, il tue leur mère et les menace pour récupérer le magot. Les
enfants parviennent à s’enfuir et une abominable traque s’engage alors…

Ce qui frappe en premier lieu dans le film de Laughton, c’est son esthétique, entre film noir et fantastique. Le noir et blanc du film, d’abord, est une pure merveille : les contrastes sont
saisissants, et les jeux d’ombre et de lumière nous emportent très vite dans le pure cinéma expressionniste… La mise en scène est riche et maîtrisée. Elle offre des séquences hallucinantes et
certains plans somptueux, comme des images fantasmagoriques, presque irréelles… On pense au pasteur devant la barrière de la maison au clair de lune, puis à son ombre portée dans la chambre des
enfants, comme un fantôme venu les hanter ! On est partagé entre l’effroi et l’admiration devant cette vision presque onirique de la mère morte dans son chariot au fond de la rivière, les cheveux
flottants au gré du courant…

Ces images d’un monde flottant entre le rêve et le réel nous font peu à peu glisser du côté du conte de fées… Mais plutôt d’un conte noir et cruel ! Si Robert Mitchum, tout en excès
machiavéliques, incarne à merveille le rôle du méchant ogre (ou de Barbe Bleue, à qui le public le comparera lors de son procès, avant de vouloir le lyncher), John et Pearl sont les deux enfants
en charge de supporter les restes d’innocence du monde… La portée symbolique du conte nous emmène doucement vers le merveilleux : la descente de la rivière en barque par les enfants est d’une
beauté insurpassable, avec des références à la nature absolument divines ! Et quand ils arrivent chez la vieille dame qui recueille les enfants dans son rassurant foyer, ne nage-t-on pas là aussi
en plein conte ?

Mais le merveilleux passe aussi par la musique et les chansons, présentes au sein même de la diégèse, conférant au film des airs discrets de comédie musicale. On pense forcément à la chanson «
Leaning on the Everlasting Arm », que chante à plusieurs reprises le pasteur, comme un gimmick le représentant ou l’annonçant, et qui revêt chez lui une dimension anxiogène et inquiétante… Mais
lorsque, vers la fin du film, la vieille dame la chante pour couvrir la voix du pasteur, elle se fait plus rassurante et surtout plus pieuse, le personnage de Mitchum ne la chantant qu’expurgée
de son vocabulaire divin et salutaire… Il y a également « Once upon a time there was a pretty fly », que chante Pearl, petite fille mélancolique au fond de sa barque : une chanson qui commence
comme tous les contes, par « Il était une fois »…

Difficile de bien parler de « La nuit du chasseur », tant ce film est multiple et profus ! Car le long métrage de Charles Laughton est bien plus que tout ce que je viens de dire : c’est aussi une
interprétation sans faille d’acteurs impeccables (à commencer par Mitchum, bien sûr, énorme et mythique !), c’est une réflexion sur l’enfance, sur la vie, sur la perte de l’innocence et sur le
passage dans le monde des adultes, mais aussi sur la parenté… On se retrouve même parfois en pleine psychanalyse quand John revit deux fois la même scène, l’arrestation de son père puis celle du
pasteur, et finit par confondre le second avec le premier ! C’est un film sur le secret, qui peut parfois être trop lourd à porter. C’est encore un film sur la nature, la loi du plus fort
symbolisée par l’attaque d’un petit lapin par une chouette, mais aussi sur la nature humaine… C’est aussi peut-être un film chrétien, mais un christianisme loin de tout crétinisme et surtout sans
la bêtise de la religiosité : si la petite histoire du bien et du mal, de « main droite main gauche » racontée par le pasteur (ayant les mots « love » et « hate » inscrits sur chacune de ses
mains), s’avère un peu ridicule, la morale évoquée par la vieille dame, grande lectrice de la Bible, est sans doute une piste plus fiable… Elle déclare en effet dès le commencement du film dans
un étonnant flashforward : « Et maintenant les enfants n'oubliez pas ce que je vous ai dit l'autre dimanche. Que le seigneur est monté sur la montagne et qu'il a dit aux gens : "heureux les cœurs
purs, car ils verront Dieu". Et il a dit aussi que le roi Salomon au sommet de sa gloire n'était pas aussi beau que le lys des vallées. Et je sais que vous vous souviendrez de ne pas jugez afin
de n'être pas jugés. Et cela je vous en ai donné la raison. Et le seigneur a dit aussi : "gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous vêtus en brebis mais qui au-dedans sont des loups.
Vous les reconnaîtrez à leurs fruits… Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits ni un mauvais arbre porter de bons fruits. C'est donc à leurs fruits que vous reconnaîtrez les arbres" »…































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mercredi 20 avril 2011

[Fil ciné] Les films de mars 2011


Index des sorties ciné



Semaine après semaine, suivez le fil des sorties ciné du point de vue de Phil Siné. Les liens renvoient aux critiques des films présentes sur le blog...



 



Semaine du 2 mars 2011



- Sans identité, de Jaume Collet-Serra (France, GB, Canada, Japon, Allemagne, Etats-Unis, 2011)
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- La permission de minuit, de Delphine Gleize (France, 2010)
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- Avant l’aube, de Raphaël Jacoulot (France, 2010) 
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- Never let me go, de Mark Romanek (Grande-Bretagne, Etats-Unis,
2010) 

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- Winter's bone, de Debra Granik (Etats-Unis, 2010)
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- Le voleur de lumière, de Aktan Arym Kubat (Kirghizistan,
2010) 

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- Le bal des menteurs : le procès Clearstream, de Daniel Leconte (France, 2010)
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Semaine du 9 mars 2011



- Le rite, de Mikaël Hafstrom (Etats-Unis, 2011)
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- Fighter, de David O. Russell (Etats-Unis, 2010)
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- We want sex equality, de Nigel Cole (Grande-Bretagne, 2010)
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- La ligne droite, de Régis Wargnier (France, 2010) 
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- Dharma Guns, de François-Jacques Ossang (France, Portugal,
2010) 

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Semaine du 16 mars 2011



- Ma part du gâteau, de Cédric Klapisch (France, 2011) 
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- Route Irish, de Ken Loach (Grande-Bretagne, 2009)
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- The silent house, de Gustavo Hernandez (Uruguay, 2010) 
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- L'étrange affaire Angelica (France, Espagne, Portugal, Brésil, 2010)
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- Ha ha ha, de Hong Sangsoo (Corée du Sud, 2010) 
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Semaine du 23 mars 2011



- Les yeux de sa mère, de Thierry Klifa (France, 2010) 
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- L’agence, de George Nolfi (Etats-Unis, 2011) 
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- Les sentiers de la gloire, de Stanley Kubrick (Etats-Unis, 1957)

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Semaine du 30 mars 2011



- Sucker Punch, de Zack Snyder (Etats-Unis, 2011)
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- Chez Gino, de Samuel Benchetrit (France, 2008)
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- The company men, de John Wells (Grande-Bretagne, Etats-Unis, 2010)
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- Easy Money, de Daniel Espinosa (Suède, 2009)
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- Le vagabond, d’Avishai Sivan (Israël, 2010)
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- Médée Miracle, de Tonino De Bernardi (France, Italie, 2007)
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- Nous, princesses de Clèves, de Régis Sauder (France, 2009)
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- Bienvenue Mister Chance, de Hal Ashby (Etats-Unis, 1979)
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