mercredi 2 novembre 2011

[Critique] Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne, de Steven Spielberg



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Les aventures de Tintin : le secret de la Licorne (3D), de Steven Spielberg (Etats-Unis, 2011)



Sorie le 26 octobre 2011



Note :
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Si l’on pouvait deviner une discrète influence du personnage de bandes dessinées Tintin derrière les aventures du héros cinématographique Indiana Jones, l’inverse aurait paru difficilement
imaginable, si ce n’est parfaitement saugrenu, tant l’existence du petit reporter précède chronologiquement celle de l’archéologue baroudeur… La comparaison même pouvait sembler étonnante dans la
mesure où les tempéraments de ces personnages divergent complètement : peu de rapports a priori en effet entre le héros discret, sobre et prude de Hergé et l’obsédé taquin et risque tout imaginé
par Spielberg ! Pourtant, avec cette adaptation des « Aventures de Tintin », à laquelle le cinéaste songe depuis quasiment trois décennies (il en avait racheté les droits en 1984), on assiste à
une fusion assez incroyable et miraculeuse des univers de ces deux aventuriers de fiction : Tintin a alors soudainement l’air d’être habité par l’audace et l’intrépidité d’Indiana… (à ceci près
qu’il ne boit et ne baise toujours pas, hélas !) Sans compter que Spielberg pousse le rapport de force encore bien plus loin en sa faveur, notamment dans une scène d’introduction où il nous
présente le père de Tintin en chair et en os en train de lui tirer le portrait à l’aide de sa fameuse « ligne claire » sur une place touristique : Hergé expédié comme un pauvre caricaturiste
alors même que Spielberg donne littéralement vie sous nos yeux à son personnage, lui conférant mouvement et expression hyper-réaliste en « performance capture »… plus besoin de se demander qui a
remporté le duel haut la main ! Il s’agit bel et bien d’Indiana Jones, même s’il a les traits pour cette aventure de Tintin…

N’étant pas tintinophile pour un sous, je ne m’embarquerai pas plus avant dans un comparatif entre les trois albums utilisés pour venir à bout de l’intrigue du film et la version finale du
scénario, les divers parjures et autres trahisons qu’elle suppose à l’égard de l’œuvre originelle du dessinateur… Au fond, tout cela m’indiffère même carrément, ce qui me permet plus que jamais
de voir ce « Secret de la Licorne » comme une œuvre propre et autonome ! Une œuvre que je découvre d’ailleurs comme « cent pour cent Steven Spielberg », mais un Spielberg qui reviendrait au temps
béni des années 80 et de ses premières amours : le film respire et transpire en effet en tout point les sagas pleines de folles aventures que l’on trouvait dans le cinéma d’entertainement de
cette époque-là, dont l’emblème demeure bien entendu le cinéma de maître S.S. (rire) en personne ! Comme lorsqu’il réalise « Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal », le réalisateur
retrouve en effet la patte ludique et fougueuse de ses obsessions enfantines d’antan, prouvant que cet esprit d’innocence et d’insouciance du cinéma peut finalement encore parfaitement
s’appliquer aujourd’hui… Il y a d’ailleurs comme un pied de nez ironique de sa part à utiliser les techniques éminemment modernes du film entièrement tourné en « motion capture » pour réaliser
une œuvre que l’on jurerait tout droit sorti de sa jeunesse de cinéaste : on pourra penser qu’il assène tout simplement l’universalité et l’atemporalité des procédés qu’il avait à l’époque déjà
si bien tracés, explorés et développés…

Au fond, on retrouve dans cette version moderne des « Aventures de Tintin » la patte talentueuse de l’artisan du septième art qu’incarne encore aujourd’hui Spielberg pour toute une génération de
cinéphiles : des personnages bien campés, un scénario rocambolesque et sans temps mort, des cascades époustouflantes, des effets spéciaux magiques, des mouvements de grue impressionnants… et pour
sa première mise en scène en 3D relief une parfaite maîtrise de la grammaire cinématographique que cette technique suppose pour le moment ! On pourra regretter ici et là un trop plein d’action
excessive et m’as-tu-vu, dont les perspectives parfaitement gratuites rappellent essentiellement un désir d’en mettre plein la vue au spectateur, mais ce film événement demeure sans aucun doute
ce que l’on trouve actuellement de meilleur sur le marché en matière de cinéma de divertissement qui ravira toute la famille ! Le film parfait pour les vacances…



 



Mise en perspective :



- Super 8, de J.J. Abrams































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9 commentaires:

  1. En effet ça saute, ça trépide, ça vibrionne dans un feu d'artifices numérique à la précision et à la fluidité encore jamais égalée. On en prend plein les mirettes au point de cligner des
    yeux en sortant de la salle mais dommage que cette façade soitaussi lisse que la ligne de George Remi était claire. Je suis d'accord pour dire que ce Tintin n'est pas celui d'Hergé qui disait
    lui-même de Spielberg : "je suis sûr qu'il va me trahir mais il va le faire avec talent."

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  2. Mais Spielberg à toujours voulu en mettre plein la vue : la scène du camping car au bord de la falaise dans Le Monde Perdu, la scène du carrefour dans La Guerre Des Mondes, celle de poursuite en
    pleine jungle dans le dernier Indy, toutes celles dans Minority Report.


    Moi j'ai adoré ce torrent d'action et d'humour et je suis heureux que Spielberg n'ai pas perdu la main après une période de vide (en temps que réalisateur bien entendu).

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  3. C'est vrai, du pur Spielberg, fort réjouissant ma foi :-)

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  4. Réjouissant et familial mais vite oublié quand même.

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  5. papa tango charlie4 novembre 2011 à 01:53

    Bof, j'ai été fan de Tintin de 7 à 10 ans: tous les dimanche matin je choisissais un album que je dévorais (avec pleins de biscuits ou de viennoiseries) en attendant que les parents se
    réveillent. J'étais transporté dans ses aventures et surtout son univers. là c'est techniquement réussi mais c'est laid et lhumour des BD n'a pas été transposé.

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  6. Tintin au cinéma ! Ca faisait longtemps et il est vrai que Steven Spielberg semblait un des seuls à pouvoir s'en sortir... Quelques soucis chronologiques mais ça reste une très vbelle adaptatiion
    même si je ne suis pas spéciaement fan de la BD... 3/4

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  7. Je veux dire par là qu'il y a eu 3 ans sans films réalisé par lui alors qu'il nous en livrait au moins un par an au début des années 2000.

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  8. Beaucoup aimé aussi !


    (n'est-ce pas plutôt de la "performance capture" ? Je n'y connais pas grand chose mais on m'a précisément corrigée là-dessus l'autre jour...)


    J'appréciais beaucoup Tintin (sans l'idéaliser non plus) et le film parvient à adapter sans copier ou trahir, franchement, j'ai été ravie par l'adaptation. Comme Flow cependant, le film n'aura
    pas été marquant (ce n'est pas forcément un mal tant j'ai tout de même apprécié ma séance).

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  9. Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne est un très beau film d’animation. Le graphisme est parfait et je pense que de nombreux cinéphiles seront d’accord avec
    moi.

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