mercredi 16 novembre 2011

[Critique] Contagion, de Steven Soderbergh



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Contagion, de Steven Soderbergh (Etats-Unis, 2011)



Sortie le 9 novembre 2011



Note :
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Dès la première image, on est happé par le nouveau film de Steven Soderbergh, qui nous hypnotisera presque deux heures durant dans un curieux état à mi-chemin entre le frisson et la fascination…
Avec un rythme implacable et une mise en scène virale, le prolifique cinéaste contamine son film d’une froideur purement et simplement jouissive ! Il décortique avec une acuité clinique toutes
les étapes d’une épidémie foudroyante qui se déclencherait à un niveau mondial : la caméra énumère méthodiquement tous les facteurs de contamination, avec une multitude de plans « vides » sur une
barre de métro qu’on touche, sur une poignée de mains, sur un homme qui éternue, sur un autre qui touche une autre personne en la frôlant… On apprend au passage que l’on met plus de 2000 fois la
main au visage au cours d’une journée : une main qui a touché une barre de métro ou la main d’une personne contagieuse, par exemple ! Effrayant…

« Contagion », c’est de la paranoïa à l’américaine à l’état pure, transformée en film catastrophe éminemment addictif ! On dirait du « X-files » post-11 septembre, et ça fait rudement plaisir de
retrouver ce genre de film « déplaisant » (mais dans le bon sens du terme !) dans la production cinématographique outre-Atlantique… Qui aime les spectacles apocalyptiques d’une fin du monde
annoncée ou encore voir l’humanité tout entière agoniser dans d’atroces souffrances devrait carrément prendre son pied devant ce long métrage, qui se distingue néanmoins du catastrophisme à grand
spectacle par une dimension réaliste tout bonnement brillamment exploitée !

On appréciera notamment les frappes parfaitement aveugles de la maladie, capable de tuer tout être vivant qui lui chante, incluant notamment de pauvres enfants prétendument « innocents » ! Très
fort également cette propension de Soderbergh à exterminer petit à petit plusieurs personnages (par ailleurs incarnés à l’écran par de grandes stars) que l’on aurait juré d’abord être les pivots
de l’histoire… Ca meurt à tout va, sans raison ni justification pseudo-morale, et ça a par là même une fonction étonnamment cathartique pour le spectateur. Puisqu’au bout du compte, ce que le
cinéaste nous présente avec « Contagion », c’est le scénario probablement très exact de ce qui se passera le jour où une pandémie de ce type arrivera pour de bon… ce qui finira fatalement par
arriver d’ailleurs, si l’on s’en tient au fait de nombreuses fois prouvé par l’Histoire que le pire finit toujours par advenir !

Et le « pire » justement, on se demande ce que c’est dans cet enchevêtrement d’intrigues et de comportements devant la menace virale : est-ce la façon dont le gouvernement dissimule la vérité ?
est-ce l’inconscience d’un petit blogueur célèbre qui veut se faire mousser ? est-ce que ce sont les pires instincts primaires qui reviennent en chaque humain lorsque le danger est imminent ? Ce
que montre assez férocement le film de Soderbergh, c’est finalement la fragilité extrême de nos civilisations, susceptibles de basculer dans l’horreur et l’animalité en un instant ! Ca
impressionne, ça terrifie, mais c’est pourtant la vérité toute nue… C’est avec une étrange ambiguïté aussi que « Contagion » nous délivre un drôle de message, à méditer pour notre devenir d’être
humain : quand la peur de la contamination nous empêche de serrer des mains, d’embrasser ou d’étreindre notre prochain, que nous reste-t-il pour ne pas sombrer ? Le virus s’avère en somme une
bien curieuse métaphore pour une société que l’on jurerait en cours de déshumanisation…































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9 commentaires:

  1. je ne suis pas encore contaminée par les critiques qui pèsent plus en une étoile ou pas de d'étoiles que les deux que tu as attribuées ...


    J'adorais Xfiles mais j'ai du mal à faire le lien ...


    Bonne soirée !

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  2. papa tango charlie17 novembre 2011 à 02:21

    J'ai bien aimé moi aussi, justement avec le fait que la mise en scène privilégie le processus de développement de l'épidémie et la façon d'y remédier. Pour une fois que tout ne repose pas sur un
    héros ou un anti-héros, le procédé permettait de privilégier d'autres aspects.

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  3. Soderbergh a assez de talent pour réaliser un film techniquement bon mais le fond reste trop démago : instituitons et gouvernements honnêtes pour le bien de tous, l'origine du mal est une femme
    adultère, grève des infirmières, et foutage de gueule en puissant croire aux laboratoires qui distribueraient gratuitement le vaccin ?!!! Déception au final... 1/4

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  4. Le film est intéressant et bien réalisé, comme tu le dis. J'ai tout de même plus de réserves, notamment sur ces gros plans sur des mains ou sur des objets, que je trouve un peu attendus. Mais
    dans l'ensemble c'est au-dessus du lot, sans non plus faire partie des meilleurs de l'année.

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  5. Efficace et bien mené. J'ai passé un bon moment.


    PS : je t'ai envoyé un mail, resté sans réponse :( tu dois être overbooké :( 

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  6. Très bien? Avec tout le respect que je te dois (c'est à dira aucun car au-dessus de 30 piges on emmerde les autres,
    vieux y compris!!) je ne suis pas d'accord avec toi!


    Personnages sans profondeur (quant ils ne crèvent pas!) et même parfois inexistants.


    Post 11 septembre? Et bien je ne sais pas pourquoi on ne trouve aucune frénésie dans les rues et quasiment aucun militaire protégeant les zones à risques!!


    Le film se veut réaliste pourtant tu trouve ça réaliste que (spoiler) Cotillard qui est kidnappée décide d'enseigner à des gosses en attendant tranquillement d'être libérée?


    Le film n'inquiète jamais, car on y croit jamais, et c'est pourquoi on l'aura oublié dans un mois...

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  7. Je suis peut-être quelqu'un de mauvaise foi mais tu ne m'as pas contredis!! et toc!! Mdr!!

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  8. L'efficacité clinique et distante dont fait preuve Soderbergh est tout à son honneur dans un cinéma hollywoodien qui surplombe en général ses sujet d'un excédent de délire parano. Ici aucune
    débauche hystérique, on la laisse à la horde des furieux qui saccagent les supermarchés. Quant aux persos, ils sont en effet inégalement intéressants (je suis d'accord l'enlèvement de Cotillard
    et sa reconversion en instit humanitaire est fort peu crédible) mais leur trajectoire l'est bien bien plus.

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  9. efficacité clinique, c'est en effet un belle formulation pour qualifier ce que fait soderbergh... utiliser un virus pour dire tout ce qui nous éloigne les uns des autres dans notre civilisation,
    la dissolution inéluctable des rapports humains... c'est tellement beau ! :)

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