jeudi 22 septembre 2011

[Série] Glee, créée par Ryan Murphy, Brad Falchuk et Ian Brennan


glee.jpgGlee, série créée par Ryan Murphy, Brad Falchuk et Ian Brennan (Etats-Unis, 2009-****)



Note :
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Sans s’en vanter ouvertement, « Glee » est probablement la série la plus « gay » du moment à la télévision… Mais fini les séries explicitement estampillées « LGBT » que l’on pouvait voir fleurir
à l’orée miraculeuse des années 2000 (« Queer as folk », « L word », « Will & Grace », etc.), « Glee » nous fait entrer dans l’ère du « méta-gay » : plus codé que pleinement assumé, l’univers
hyper coloré de la série prêche une sensibilité homosexuelle qui devrait permettre aux spectateurs hétéro-centrés de ne pas se sentir heurtés, quand ce n’est pas de tout simplement passer à côté
de thématiques pourtant audacieusement tendancieuses… Mais la subtile allusion ne permet-elle pas de tout faire passer auprès des âmes les plus rustres ? M’enfin encore faudrait-il que ces « âmes
les plus rustres » se mettent devant leur écran pour regarder « Glee », ce qui n’a rien de vraiment évident en soi…

Alors bien sûr, il y a un personnage ouvertement homo dans « Glee » : il s’agit du jeune Kurt, qui se situerait quelque part entre la « Drama Queen » total lookée (toujours selon les dernières
tendances de la mode, cela va de soi !) et le garçon sensible que l’on pourrait prendre dans ses bras lorsqu’on le sent défaillir devant la cruauté infatigable du monde, malgré sa capacité à
assumer pleinement qui il est ! Mais la « gaytitude » d’une série ne peut pas venir que d’un seul et unique personnage : elle demeure ici plus diffuse, presque sournoise et arcanique, à travers
des personnages qui se « révèlent » en cours de route (deux pom-pom girls qui jouent à broute-minou entre deux tours de chant, une brute épaisse de l’équipe de foot, excessivement homophobe
justement parce qu’homosexuel frustré), d’autres personnages plus subtilement « sensibles » (des « hétéros métro » qui prêtent une attention toute particulière à leur apparence, la coach des
pom-pom girls à la cruauté mythique et aux allures de pur mec hétéro, avec son éternel survêt’ sur le dos) ou même des décors et des ambiances typiquement « arc en ciel » ! Sans compter bien sûr
que l’on est dans une « série musicale », avec des personnages qui chantent et qui dansent, chorégraphies légères ou survoltées garanties à chaque épisode… On ne schématisera pas la teneur d’un
public passionné par les comédies musicales, mais un feuilleton où l’on consacre des shows tout entiers à Madonna, à Lady Gaga ou au « Rocky horror picture show » reste tout de même sacrément connoté !

Côté intrigue, « Glee » ne fait pourtant pas de miracles : elle s’apparente à la série pour ados assez traditionnelle et banale, avec ses petits chassés-croisés amoureux entre les personnages
principaux et son traitement de diverses préoccupations propres à la jeunesse (amour, drogue, alcool, préservatif et rock’n’roll… entre autre !) Là où elle innove peut-être, c’est dans sa mise en
avant de purs marginaux en lieu et place de « héros » : on suit en effet le quotidien des membres du « Glee club », la chorale has-been et ringarde du lycée, véritable repère des loosers et des
bras cassés de l’école, parmi lesquels une black obèse, une blonde idiote, un handicapé en fauteuil roulant… etc. Mais le décalage qu’il existe entre les sujets que la série exploite et la façon
dont elle les traite marque bien plus encore toute son originalité et son intérêt… Chaque personnage ou chaque situation de la série paraît tellement outrageusement stéréotypé que ça en devient
extraordinairement drôle ! La caricature et l’excès permanent de la mise en scène propre à la série en font un divertissement ludique et parodique, dont les tendances loufoques et hystériques
rendent le tout joyeusement convivial… On est hilare devant l’absurde de certains rebondissements, où l’on voit le beau gosse tomber fou amoureux de la grosse moche qui du coup abuse de ses
ardeurs ou lorsque la conseillère d’orientation, chargée d’être un modèle pour les jeunes, se retrouvent surpassée par ses innombrables TOCs… Pourtant, les personnages de la série se révèlent
paradoxalement bien plus profonds que les archétypes qu’ils incarnent : leur simplicité, leur fraîcheur, probablement liée aux acteurs qui les jouent, les rend alors bien souvent savoureux et
attachants…

Dans une série musicale, les séquences de numéros chantés s’avèrent bien entendu l’un des éléments les plus déterminants du show… Dans « Glee », la façon dont ces scènes sont interprétées ou
mises en scènes se révèle assez aléatoire et inégale. Si le choix des chansons, bien souvent issu de la variété mainstream sirupeuse, peut parfois décevoir, leur insertion dans la narration se
révèle malheureusement assez artificielle ou ennuyeuse à de nombreuses reprises… Mais lorsque c’est réussi, on peut jubiler encore longtemps après que l’épisode se soit terminé ! Les numéros les
plus réussis sont d’ailleurs la plupart du temps ceux qui sont improvisés dans la « vraie vie », c'est-à-dire en-dehors des planches et des devoirs propres aux cours qu’ils ont au « Glee club ».
Si ces numéros sont plus rares que les autres, ils font néanmoins tout le sel et le bonheur de cette plaisante comédie musicale télévisée, que l’on regarde à chaque fois avec beaucoup de plaisir,
malgré son manque de rigueur qui lui donne finalement un air charmant de joyeux bordel improvisé !































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4 commentaires:

  1. Alors là tu es vraiment trop gentil... D'ailleurs c'est le genre de teenshow qui caricature le genre, quand on en a qui atteignent un bon niveau, croisant autant les vieux lieux communs et
    fantasmes teen qu'un portrait sombre et sensible (je pense à Vampire Diaries en l'occurrence).


    L'originalité, moui. Que de caricatures (dont on prétend se moquer, mais j'attends toujours), à un tel point que ça en devient indécent (et pas drôle du tout, ou jamais sur la longueur) : au
    départ, on a le bon vieux message du "accepte-toi tel que tu es" (avec un manque de subtilité invraisemblable) et finalement, on tombe dans l'effet inverse, la caricature est tellement irritiante
    qu'on déteste ces personnages, et donc, personnellement du moins, je trouve que la série manque de respect envers son propos de base. J'attends toujours de voir la profondeur de nos personnages,
    peut-être pour Quinn et Santana que j'ai, un jour, supportées.


    Les numéros musicaux sont l'occasion de regarder ses mails ou de surveiller les casseroles, c'est déjà ça. La saison 2 est une véritable mascarade d'ailleurs, plus de scénar, juste des numéros
    pour vendre, et voilà. Le néant total. Bref, tu es trop gentil ^^ (et du coup, je suis curieuse : où en es-tu dan sle visionnage ? Tu n'as peut-être pas encore eu d'indigestion).

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  2. Je viens de commencer la saison 3 et malgré les promesses de Murphy rien ne va en s'améliorant. Pour ce qui est de Kurt, je le trouvais très attachant au début. Fragile  et fort à la fois
    d'une fort belle manière. Mais à de rares exceptions près, il est devenu le stéréotype de la "drama queen" pour reprendre ton expression. Cette image d'épinal que la série est censée malmener.
    Paradoxal non?

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  3. D'accord il y a un côté gay avéré dans Glee, mais je pense que des fois tu vas le chercher un peu loin (mais au passage si tu veux une série avec une totale gay touch, regarde
    du côté de Beautiful people de Doonan). Si j'aime bien Glee, ça fait un bon moment détente dans la semaine, même si c'est vrai que la recette commence un peu à s'épuiser. Pour
    la saison 3, ce n'est pas le seul premier épisode qui permet de juger de l'évolution donc j'attends de voir.

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  4. Moui, moui... Evident, je ne dis pas le contraire, c'est aussi là le problème pour moi, un peu de subtilité ne me gênerait pas (et je persiste à croire que c'est se foutre autant du jeune
    téléspectateur que de certains personnages, ne serait-ce qu'en se contentant d'un message positif pour tenir tout le truc, un peu d'intelligence, ou de sincérité, ou de vraie insolence ne font
    pas de mal et Glee n'a rien de tout ça, et surtout, elle n'a pas de scénario. Je vois mal comment on peut faire pire en matière de teenshow, même s'il y a bien de la concurrence de ce côté).

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