jeudi 15 septembre 2011

[Critique] Présumé coupable, de Vincent Garenq



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Présumé coupable, de Vincent Garenq (France, 2011)



Sortie le 7 septembre 2011



Note :
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L’affaire d’Outreau, l’un des plus sombres et sinistres dérapages de la justice française, on en avait déjà entendu parlé en long, en large et en travers dans une surcharge médiatique, autant
lorsque l’on considérait les faits comme atrocement vraisemblables (parce que la vérité sort toujours de la bouche des enfants ?) que lorsque la vérité sur le mensonge qui a fait vivre un
horrible calvaire aux accusés pendant des années a enfin éclatée… Les faits sont finalement exemplaires et permettent de composer l’une des erreurs judiciaires les plus impressionnantes que le
cinéma même n’aurait jamais été capable d’inventer : comme quoi, la vérité a du bon, parfois !

C’est ce qui impressionne d’ailleurs le plus à la vue de « Présumé coupable » : ce pouvoir de sidération qu’exerce cette mise en accusation non pas d’une personne mais de treize, toutes accusés
d’actes pédophiles sur les mêmes mineurs ! L’emballement de la justice, reflet d’une opinion publique au jugement trop hâtif, est judicieusement incarné par ce jeune juge, encore inexpérimenté,
qui se laisse aveugler par l’horreur des faits et ne voit même pas qu’aucune preuve n’existe et que les témoignages ne concordent pas… Incapable de reconnaître son erreur à la fin, il se cache
derrière l’administration et la « mécanique » de la justice : honteux, lâche et pathétique… Reconnaître n’être qu’un exécutant, c’est nier son statut d’être humain et se laisser aller aux heures
les plus sombres de l’Histoire, comme au temps du nazisme pour ne citer que le plus universellement signifiant…

Porté par une mise en scène pudique mais intensément mélodramatique, le film de Vincent Garenq se révèle finalement par bien des aspects une belle démonstration sur la fragilité de la vie. En
suivant cet huissier accusé à tort et en nous faisant vivre au plus près sa déchéance au fil des années, « Présumé coupable » nous montre combien un homme peut facilement passer de tout à rien…
Philippe Torreton est un monstre d’humanité pour incarner cet homme détruit par un système fou et malade : on le voit tout perdre – son emploi, sa femme, ses enfants – et se laisser dépérir,
amaigri et suicidaire, croupissant au fond de sa prison… Ce film fort et percutant s’attaque finalement à un tabou majeur de notre civilisation – la pédophilie – dont la portée émotionnelle
parvient même à corrompre la bonne marche de la justice !



 



Mise en perspective :



- Omar m’a tuer, de Roschdy Zem































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8 commentaires:

  1. On connait tous l'histoire et on peut saluer le travail sur le film et notamment sur la psychologie des personnages. Cependant je ne serais pas aussi dithyrambique que la majorité. Ca reste un
    film de facture très classique dans son genre. Le film reste trop unilatéral en occultant par exemple trop facilement d'autres personnages comme le juge Burgaud. Mais ça reste un film à voir et à
    conseiller... 2/4

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  2. un film fort, poignant et percutant: le meilleur film françajs de l'année, tout simplement.

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  3. Une grosse claque pour moi ! Torreton est tout simplement criant de vérité (un nouveau César ?)

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  4. Je ne suis pas aussi enthousiaste que toi. Oui, l'histoire et forte, mais on la connaissais déjà. Oui, Torreton est excellent. Reste que la mise en scène est pour moi très faible et que
    la qualité cinématographique du film ne m'apparait pas vraiment.

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  5. Ah ha ! Je te chope le lien et la note pour ce que tu sais. Et tâcherai de le voir si je peux.

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  6. Tu as encore 5 jours. Je te fais confiance.


    Pour l'interaction, chez moi, c'est un peu pareil : je vais voir les 50 blogs affiliés au Palmarès, mais je ne lis pas tous les articles (souvent je ne regarde que la note et le résumé).

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  7. J'ai été complètement sous le choc à la sortie de ce film. Je connaissais cette affaire mais pas dans les détails et cela donne froid dans le dos. Un très bon film abordé avec justesse et
    émotions.

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