lundi 26 septembre 2011

[Critique] Michael, de Markus Schleinzer


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Michael, de Markus Schleinzer (Autriche, 2011)



Sortie nationale le 9 novembre 2011



Note :
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Michael, 35 ans, célibataire, pourrait presque passer pour un citoyen autrichien parfaitement normal : il prend son petit déjeuner et sa voiture le matin, travaille dans des bureaux, s’évertue à
entretenir des rapports polis avec ses collègues et son voisinage, part en vacances au ski, habite un petit pavillon de banlieue, regarde tranquilement la télévision le soir… Une vie tout ce
qu’il y a de plus banale et traditionnelle, à laquelle chacun pourrait s’identifier, si ce n’était un détail « de taille » : Michael garde enfermé chez lui Wolfgang, un petit garçon de 10 ans,
avec qui il entretient parfois des rapports sexuels non consentis…

Michael est pédophile, mais Markus Schleinzer le filme avec une troublante normalité. En découpant plan après plan le rythme presque maniaque de son quotidien, le cinéaste met sur le même plan le
déjeuner de Michael avec ses collègues et la relation de l’adulte avec l’enfant. A travers cette mise en scène sèche et glaçante, tout en plans fixes, qui rappelle celle d’un Michael Haneke (avec
lequel Schleinzer a justement longtemps travaillé), le film laisse s’insinuer une troublante et menaçante ambiguité : le spectateur devient malgré lui le voyeur d’une horrible relation, tant
perverse que criminelle… Effet de malaise garanti !

On reste d’autant plus gêné que Michael demeure doux et attentionné à l’égard de l’enfant, avec qui il prend ses repas, joue et même fête Noël… C’est comme si l’on cherchait à nous faire douter
de l’ignominie de cette relation. Doute parfaitement illustré par une séquence centrale, qui demeurera peut-être comme le « climax » du long métrage : imitant la scène d’un film de série B qu’il
a vu à la télé, Michael sort son sexe devant Wolfgang, prend un couteau dans la main et lui demande lequel du couteau ou du sexe il préfère qu’il lui enfonce… Quand l’enfant répond sans la
moindre hésitation « le couteau », on ne sait plus si l’on doit se tordre de rire ou être horrifié de la situation, d’autant qu’elle est filmé frontalement en un seul plan large et plan séquence
!

Même si le style se révèle bien moins puissant que celui d’Haneke, dont on a souvent l’impression ici d’assister à une imitation sans relief, ce « Michael » demeure quand même une œuvre
intéressante, dont le pouvoir de fascination dérange et questionne. Qui sont les gens qui nous entourent ? Et si le pire des monstres n’était autre que mon voisin de palier si sympathique ? Sans
compter toutes ces zones d’ombre que l’on retrouve en chacun de nous : comment se préserver de ne jamais répondre à nos plus vils instincts ou de verser dans l’horreur du fait divers ?



 



Mise en perspective :



- Présumé coupable, de Vincent Garenq































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