lundi 12 septembre 2011

[Critique] Habemus Papam, de Nanni Moretti



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Habemus Papam, de Nanni Moretti (Italie, 2011)



Sortie le 7 septembre 2011



Note :
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Dans « Habemus Papam », Nanni Moretti commence par nous emmener dans les arcanes et les mystères de l’Eglise Catholique en nous montrant l’un de ses rituels les plus fameux : la désignation d’un
nouveau Pape au Vatican… Il en profite pour égratigner un peu la surmédiatisation de l’événement à travers un journaliste particulièrement vain dans ses commentaires, tout ça pour tenir son
antenne le plus longtemps possible…

On sent bien que l’humour sera l’un des fondement du film, notamment lorsque l’on entend murmurer tous les papes en puissance, qui sont en fait tous en train de prier Dieu pour ne pas être le
prochain Pape… Et visiblement cette fonction, personne ne la veut ! Même (et peut-être surtout) le « malheureux élu » justement, qui doute plus que jamais et ne se sent pas capable de revêtir les
habits si prestigieux du nouveau représentant de Dieu sur Terre… On le verra alors fuir le Conclave (dans une disparition éclaire digne de Houdini !) et errer en liberté dans les rues de Rome,
tentant ici d’entamer une psychanalyse, cherchant là à comprendre ce qui lui arrive…

Alors oui, « Habemus Papam » est parfois assez drôle, surtout quand il nous montre tous les membres du Conclave, véritables « prisonniers » des lieux, en train de participer à un tournoi de
volley pour tuer le temps… Oui, évidemment, Michel Piccoli est tout simplement immense ! Et oui, encore, l’apparition de Moretti en psychanalyste tentant désespérément d’entamer une séance «
publique » avec le nouveau Pape (devant prendre en compte tous les tabous religieux desquels sa discipline fait habituellement abstraction), est des plus irrésistible… Pourtant, le film accuse
certaines longueurs et là où il tente visiblement de faire naître l’émotion, constamment partagée entre drôlerie absurde et mélancolie, on a l’impression qu’il se perd surtout dans son discours,
multipliant les thèmes et les perspectives sur son sujet… Le tout semble alors noyé dans un gloubiboulga un peu grandiloquent et ampoulé. Nanni Moretti serait-il ici dépassé par son sujet,
hésitant entre de trop nombreux films possibles ?

Si « Habemus Papam » déçoit, force est cependant de constater que ce qu’il réussit le mieux est cette subtile et insidieuse critique du grand Barnum Catholique… Sans attaquer frontalement la
religion, refusant la charge pamphlétaire trop facile, le cinéaste se fait plus subtil en nous présentant finalement le Pape et son entourage comme de simples êtres humains, avec leurs failles,
leurs doutes et leurs états d’âme. La fonction suprême de l’Eglise devient alors étonnamment un poste comme un autre, que l’on est d’ailleurs libre d’accepter… ou de refuser !































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7 commentaires:

  1. Si comme toi j'ai été sensible à l'humour du film, j'ai trouvé également que la seconde partie amenait finement des réflexions sur le pouvoir, la vie, qui ne m'ont pas du tout ennuyés.

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  2. D'abord félicitation à Michel Piccoli encore magnifique de A à Z dans lapeau de ce nouveau pape qui se remet en question devant l'ampleur de sa tâche. Parsemé de scènes aussi truculentes que
    savoureuses le film pêche sur tout par un manque de poil à gratter. En effet Nanni Moretti réalise là un film anti-clérical mais trop gentil pour atteindre son but, bref pas assez polémique. La
    fin déçoit dans la forme mais pas dans le fond ; en effet l'annonce est froide et sans concession mais n'est pas cohérente avec la légèreté du reste du film. On reste donc mitigé, charmé par les
    quelques scènes succulentes et le jeu de Piccoli mais on reste sur notre faim pour le côté pamphlet trop timide. 2/4

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  3. "un journaliste particulièrement vain dans ses commentaires, tout ça pour tenir son antenne le plus longtemps possible". Ca pourrait aussi convenir à Moretti avec ce film... (je sais, je suis
    méchant)

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  4. Phil, tu es sévère !! Ce n'est certes pas le meilleur moretti, et oui, il y a des longueurs, et oui, il y a beaucoup de choses abordées, ce qui en fait parfois un film qui peut apparaitre
    confus... Mais il y a tout de même une intelligence et un regard très beau sur l'humain, qui fait de ce Papam un film bien plus passionnant que nombre de trucs indigestes qui défilent sur les
    écrans....


    R.

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  5. Je l'ai découvert lundi, je n'aurais pas le temps de le chroniquer mais il pourrait rester dans mon top 10 de fin d'année. J'ai trouvé le ton idéal, comme tu dis, le film refuse la charge
    pamphlétaire facile (et aussi la véritable satire), mais il mène une touchante étude de caractère sur cette homme qui, on peut l'imaginer, cette tournée dans la religion suite au plus grand échec
    de sa vie : devenir acteur.
    Et le plus beau, ou enfin, le plus triste, c'est qu'alors qu'il réalise qu'être le Pape est simplement un rôle, un costume, il préfère quitter "la scène", définitivement.

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  6. Le conclave se réunit pour élire un nouveau pape...et tous les participants ou presque prient pour ne pas être désigné! La fuite en avant de Piccoli (magistral) est truculente à souhait et la
    séance publique de psychanalyse très drôle. Mais la deuxième partie du film se perd dans trop de considérations et la dynamique du film s'amenuise, dommage.

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  7. un peu de déception donc, comme pour moi...

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