vendredi 23 septembre 2011

[Critique] The Artist, de Michel Hazavanicius



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The Artist, de Michel Hazavanicius (France, 2011)



Sortie nationale le 12 octobre 2011



Note :
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Il convient de saluer d’abord le geste parfaitement à contre-courant de toutes les modes qui se trouve joliment incarné dans « The Artist ». A l’heure du tout numérique, de la 3D et du son 5.1,
il y a une audace touchante et une généreuse inconscience (probablement un brin calculée tout de même) dans le film de Michel Hazavanicius, dont le concept même pourrait être résumé en peu de
mots : un film muet et en noir et blanc, pour parler d’un temps suranné, où le cinéma était alors révolutionné par l’arrivée du parlant…

Certes, le film n’est pas complètement maîtrisé et pèche un peu en terme de rythme et de scénario : l’histoire patine sérieusement à certains moments, où l’on a parfois plus l’impression
d’assister à une succession de sketchs et de saynètes, certes plutôt sympathiques, mais qui lassent et demeurent loin de former un grand tout cohérent… Mais force est de reconnaître que le film
possède un charme certain, véhiculé notamment par divers hommages (à la comédie musicale américaine, par exemple, à travers une scène de claquettes endiablée), mais surtout sans doute par ses
acteurs, à commencer par un Jean Dujardin que l’on se surprend toujours à aimer de plus en plus et qui a d’ailleurs obtenu rien de moins que le Prix d’interprétation masculine au dernier Festival
de Cannes pour sa prestation.

Ainsi, même si on est loin de la maestria virtuose et de la frénésie constante de « Chantons sous la pluie » (dont il reprend en partie les enjeux narratifs), « The Artist » parvient néanmoins à
un beau résultat, sait divertir son spectateur par le biais de multiples petites idées réjouissantes et arrive même à s’imposer comme un grand film lors de séquences admirables… On pense bien
évidemment à l’unique scène non pas « parlante » mais « sonorisée » du film, où tous les sons sont exagérés et deviennent d’insupportables bruits, symbolisant purement et simplement le cauchemar
qu’est en train de vivre le personnage principal, incapable de s’adapter à l’évolution inévitable du cinématographe… Une belle réflexion se dégage d’ailleurs à partir du mutisme constant des
personnages, qui ne redeviennent capables de parler qu’une fois qu’un réalisateur a pu dire « coupé », c’est à dire qu’une fois que le film s’achève : on y voit alors une étonnante métaphore du
cinéma français, incapable de s’expatrier dans le monde anglo-saxon à cause de son verbe même. Si la barrière de la langue a jusque-là rebuté les Américains dans la découverte des films français,
l’universalité de la bande sonore de « The Artist » lui conférera peut-être une chance inespérée de conquérir le nouveau monde ?



 



Quand les grands esprits de la ciné-blogosphère se rencontrent :



- Le film vu par Neil



- Le film revu et corrigé par Dom































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7 commentaires:

  1. Thank you my dear.
    Voilà un billet assez juste, bien que peu flatteur.
    Mais là est ta force : ce n'est pas avec une paire de macarons qu'on t'achète : c'est bien.

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  2. Le meileur film français depuis "Un prophète"... Magnifique hommage au cinéma originel même si Orson Welles est pompé dans un hommage splendide mais anachronique (Welles n'a pas connu le muet !).
    4/4

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  3. Tout à fait d'accord avec toi, notamment sur la comparaison avec "Chantons sous la pluie"! 

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  4. La référence à "chatons sous la pluie" est en effet patente, mais moins me semble-t-il que celle de "une étoile est née" dont il reprend intégralement l'argument mélodramatique. Il faut
    reconnaître tout de même une joyeuse inventivité dans ces (Mack) saynètes plus amusantes qu'hilarantes. Sans aller jusqu'à danser sur les murs et sauter au plafond, cette french touch au
    pays de l'ancien Hollywood (Hollywoodland comme il est écrit sur la colline) n'est pas pour me déplaire.

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  5. Un peu longuet ok mais quel charme, surtout au début ! Effectivement comment ne pas penser à Gene Kelly et Debbie Reynolds ?

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  6. Un beau film, un acteur fantastique ( qui a tout de même obtenu un Golden globes !), et pourtant ... Je me suis enuyée.


    Le ciné muet n'est pas pr moi !

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  7. ne tourne pas le dos si vite au cinéma muet ! je pense moi aussi que the artist est en partie ennuyeux, dans la mesure où il y a un gros passage à vide à un moment... le film a l'air d'être étiré
    au maximum pour parvenir à la durée d'un long métrage...

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